Choisir d’aimer
L’alliance célébrée entre Jessica et Jean-Rhéal cet après-midi met un terme à la saison des mariages pour moi. Une saison belle et fructueuse: j’ai présidé à plus de vingt mariages dans les communautés dont j’ai la charge. Si on ajoute à ces mariages chré
En cette fin de semaine de l’Action de grâce, je veux dire «Merci» pour ces couples qui font le choix de s’aimer et de se promettre fidélité. Dire «Merci» à ces couples qui laissent polir leur amour par le temps qui, telle une vague, ramène au rivage de nos vies autant de joies que de défis.
Dire «Merci» avec ces couples qui puisent profondément en eux pour que le mariage demeure un lieu d’épanouissement malgré les différences inévitables entre les conjoints.
Il y a dans notre société la conviction qu’un couple gagne à rester uni, malgré les difficultés et les insatisfactions passagères que l’on peut rencontrer dans la vie à deux. En Église, cette conviction repose aussi sur une dimension de foi: l’amour des conjoints n’est pas seulement leur affaire à eux deux, mais il est un témoignage de l’amour de Dieu.
C’est le sens du mariage catholique. Par le sacrement nuptial, les époux deviennent l’un pour l’autre, mais aussi pour le monde, un signe de l’amour que Dieu porte à chacun. Qui dira au monde que Dieu l’aime jusqu’à donner ce qu’il de plus précieux? Par leur témoignage de vie, chaque couple marié vient dire au monde: «Il vous arrive de douter de l’amour de Dieu… alors, regardez-nous. D’où pensez-vous que nous tenons cette tendresse qui nous habite, sinon de Celui qui a mis dans les coeurs cette force d’aimer?»
De nos jours, on attend tellement du mariage qu’on risque d’être déçu. On demande souvent au mariage ou à notre partenaire ce qu’il ne peut pas nous donner: le bonheur. Dans le mariage, on ne peut pas être heureux uniquement de ce que l’on reçoit, mais surtout de ce que l’on donne. Le mariage, c’est un lieu pour donner avant de recevoir. Il y a autant de joie dans le don que dans l’accueil.
C’est pourquoi, lorsque j’intuitionne que des partenaires se disent au moment de se marier «J’ai trouvé quelqu’un qui va m’aimer pour toute la vie», je les invite plutôt à se dire «J’ai trouvé quelqu’un à aimer pour toute la vie». C’est un changement de perspective libérateur: ne pas voir l’autre comme quelqu’un qui a beaucoup à m’apporter, mais plutôt quelqu’un à qui j’ai moi-même beaucoup à donner.
Il nous arrive de croire que le mariage dure tant que dure le désir amoureux. Or, l’amour ne repose pas uniquement sur le sentiment. Mais aussi sur la volonté. Inévitablement, le désir n’a pas toujours la même intensité pendant une relation amoureuse. Lorsque le sentiment n’est plus au rendez-vous, on peut choisir d’ouvrir son coeur à l’autre et de lui rester uni. Un autre amour commence à naître, un attachement plus profond encore qui donne la vie.
À ces couples qui se sont mariés cet été et tous les autres: Merci de nous rappeler que l’amour vaut plus que tout. Merci d’être signe de l’amour de Dieu pour nous. Merci pour votre témoignage dont notre monde a tant besoin.