Des clients peu étonnés... et à la recherche d’aubaines
L’ambiance était morose au Sears du centre commercial Place Champlain de Moncton, mercredi après-midi. Les clients parcouraient les allées à la recherche d’aubaines, certains le coeur gros, d’autres, indifférents.
Diane Léger a encore de la difficulté à réaliser que son magasin préféré va bientôt fermer ses portes.
Elle l’a fréquenté toute sa vie, de deux à trois fois par mois. Enfant, elle se souvient de ces soirées à tourner les pages du mythique catalogue Sears, pour l’aider à garnir sa lettre adressée au père Noël.
«Mes enfants aussi. C’était le seul temps qu’ils arrêtaient de se chamailler, quand on leur donnait le catalogue pour leur demander ce qu’ils voulaient pour Noël.»
Elle est venue à la recherche d’aubaines, mais en vain. Elle croyait que la grande liquidation était déjà en cours. «Il va falloir revenir le mois prochain.» Un peu plus loin, Christina LeBlanc observe la sélection de literie. La jeune femme n’est pas une fidèle cliente, dit-elle, parce que c’est tout ce qu’elle achète habituellement chez le grand détaillant.
La fermeture de Sears ne la surprend pas.
«Ça semble arriver souvent récemment avec les grandes entreprises du genre, comme The Bay, Target et maintenant Sears.»
À l’entrée du magasin, Serge Martin regarde d’un oeil furtif les vêtements sur les présentoirs. Il n’est pas ici pour magasiner, il attend un ami. Sears ne l’a jamais intéressé. Il sympathise avec les employés qui perdent leurs emplois, mais la fermeture de cette entreprise était inscrite dans les étoiles, selon lui.
«Ils n’ont pas été capables de s’adapter avec le commerce en ligne. Regarde la clientèle ici aujourd’hui. Toutes des têtes grises, d’autres pas de cheveux comme moi. Les jeunes, il sont sur internet. La clientèle de Sears, elle se meurt.»
Le département d’outils est presque désert. Larry Mills regarde la marchandise offerte, puis lâche un soupir.
«Je peux me trouver la même chose au Canadian Tire pour la moitié du prix. C’est du vol. On aurait cru que, parce qu’ils vont fermer, on aurait eu droit à des rabais, mais ils ne sont même pas encore là», déplore-t-il.
Sears ne l’a jamais intéressé; il n’est allé y faire un tour que pour trouver des aubaines.
L’homme est reparti bredouille.