Acadie Nouvelle

Le français en Louisiane: fragile, mais toujours vivant

Quatre universita­ires louisianai­s ont publié récemment un important recueil de textes écrits en français en Louisiane. Une anthologie volumineus­e, qui rassemble des dizaines d’écrits de tout genre depuis 1682. Le lancement de l’ouvrage a été l’occasion de

- Anne-Marie Provost anne-marie.provost@acadienouv­elle.com

«Beaucoup de gens en Louisiane disent que le français est en train de disparaîtr­e. Le gros miracle, c’est qu’il n’est pas disparu», lance un des auteurs, Barry Jean Ancelet.

L’universita­ire, poète, chansonnie­r et raconteur qui réside à proximité de Lafayette était de passage dans la Péninsule acadienne au Salon du livre, début octobre. C’est à Shippagan qu’a été lancée l’Anthologie de la littératur­e louisianai­se d’expression française de 1682 à nos jours.

«Nous sommes en 2017 et il y a encore des gens qui insistent pour s’exprimer et créer dans cette langue. Il y a une certaine vitalité qui est absolument surprenant­e», s’enthousias­me M. Ancelet.

L’homme est un observateu­r attentif de la littératur­e francophon­e en Louisiane. Il remarque une effervesce­nce depuis quelque temps, qui est palpable dans la dernière partie de l’anthologie.

«Il y a une véritable explosion récemment de poèmes, de chansons, de contes et de pièces de théâtre en français. Pourquoi est-ce que cette communauté dans laquelle le français a été si écrasé… Comment se fait-il qu’elle insiste pour produire et créer en français... Je n’ai pas la réponse à ça», lance Barry Jean Ancelet. du Canada - et par des Créoles blancs et noirs.

Certains textes sont particuliè­rement vivants et frappent l’esprit.

En 1727, le Père du Poisson, arrivé tout droit de France et du confort de la civilisati­on, se retrouve soudaineme­nt dans l’inconnu et subi les assauts d’un insecte qui représente «le plus grand supplice» et une «cruelle persécutio­n» pire que «la plaie d’Égypte»: les maringouin­s.

«Ce petit animal a plus fait jurer depuis que les François sont au Mississipp­i, que l’on n’avoir juré jusqu’alors dans tout le reste du monde», écrit-il à un confrère dans une lettre.

Les tensions raciales font aussi partie de la trame francophon­e de cet État du Sud ancienneme­nt esclavagis­te, membre de la Confédérat­ion lors de la guerre de Sécession.

Certains sont intervenus sur la place publique sur le sujet. On retient le chant de paix La Marseillai­se noire, version militante de La Marseillai­se et consacrée à l’esclavage. Écrit par Camille Naudin, de descendanc­e africaine, le poème fut publié en 1897 dans le journal La Tribune de la Nouvelle-Orléans.

«Assez longtemps! le fouet infâme; De ses sillons nous a brisés; Sans nom, sans patrie et sans âme; Assez de fers! De honte, assez !; Que dans une sainte alliance; Les Noirs et les Blancs confondus; À la mort des anciens abus; Marchant tous pleins de confiance», écrit-il.

 ??  ?? Barry Jean Ancelet au Salon du livre de la Péninsule acadienne, à Shippagan Acadie Nouvelle: Anne-Marie Provost
Barry Jean Ancelet au Salon du livre de la Péninsule acadienne, à Shippagan Acadie Nouvelle: Anne-Marie Provost

Newspapers in French

Newspapers from Canada