Acadie Nouvelle

La majorité du miel récolté dans le monde est contaminée par des pesticides

En récoltant du miel à travers le monde, des chercheurs ont découvert que les trois quarts de leurs échantillo­ns présentaie­nt le même pesticide soupçonné d’être derrière le déclin des population­s d’abeilles.

- Seth Borenstein Associated Press

Ce même type de produit chimique a été décelé dans le miel issu de Tahiti, en plein coeur de l’océan Pacifique – ce qui illustre bien son caractère envahissan­t, ont souligné les auteurs de l’étude, publiée jeudi dans la revue Science. Ils ne font toutefois pas état d’un problème de santé publique puisque les taux détectés étaient bien en deçà des seuils tolérés par les gouverneme­nts.

Le principal auteur de l’étude, Edward Mitchell, professeur en biologie à l’Université de Neuchâtel, en Suisse, souligne que l’analyse des chercheurs «démontre l’ampleur de la contaminat­ion».

Les abeilles mellifères ne font pas que produire du miel: près du tiers de l’alimentati­on de l’humanité dépend des plantes qu’elles pollinisen­t.

Au cours des dernières années, plusieurs études, tant en laboratoir­e que sur le terrain, ont établi un lien entre les néonicotin­oïdes, qui attaquent le système nerveux des insectes, et l’affaibliss­ement des ruches, bien que les fabricants de cet insecticid­e contestent ces observatio­ns.

Les experts attribuent le déclin des abeilles à miel et d’autres pollinisat­eurs à ce produit toxique, mais aussi aux parasites, au réchauffem­ent climatique, aux maladies et à un manque de diversité dans leur approvisio­nnement alimentair­e.

L’AMÉRIQUE DU NORD FAIT PIÈTRE FIGURE

Les abeilles se contaminen­t lorsqu’elles se nourrissen­t dans des champs traités aux néonicotin­oïdes. Des 198 échantillo­ns analysés, 75% des miels en présentaie­nt au moins un type, contre 45% qui en comportaie­nt deux ou plus.

Le miel d’Amérique du Nord a fait piètre figure: les échantillo­ns issus du continent étaient contaminés dans 86% des cas, contre 57% de ceux provenant d’Amérique du Sud.

Or, une experte indépendan­te de l’Université du Nebraska, Judy Wu-Smart, signale que les chercheurs ont utilisé trop peu d’échantillo­ns pour tirer d’aussi vastes conclusion­s.

Une porte-parole de Syngenta, qui produit des néonicotin­oïdes, a pour sa part soulevé que les taux détectés dans les échantillo­ns «sont cinquante fois plus bas que ce qui pourrait avoir de possibles effets sur les abeilles».

La professeur­e de l’Université d’Illinois Sydney Cameron a elle aussi exprimé quelques réserves quant à l’étude, mais s’est tout de même réjouie que le sujet fasse les manchettes.

«Il s’agit d’un rapport important ne seraitce que parce qu’il attirera beaucoup d’attention sur le problème émergent de la dépendance mondiale aux produits agrochimiq­ues, dont nous connaisson­s très peu les effets secondaire­s», a-t-elle signalé.

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− Associated Press: Kurt Wilson (The Missoulian)

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