ALÉNA: les demandes américaines pour l’automobile sont irréalistes
Les États-Unis déposeront trois demandes concernant le secteur de l'automobile dans le cadre des négociations portant sur la refonte de l'Accord de libre-échange nordaméricain (ALÉNA), dont une règle stricte relative au contenu nord-américain qui ne comprendrait virtuellement aucune période d'ajustement pour les constructeurs. La proposition est jugée inacceptable par la quasi-totalité des intervenants: le Canada, le Mexique, l'industrie américaine et même des groupes syndicaux la qualifient de «totalement irréaliste».
Le secteur de l'automobile est l'un des grands enjeux des négociations. Cette proposition provoque certainement des réactions vives. Diverses sources ont indiqué vendredi que les négociateurs américains l'avaient présentée aux représentants de l'industrie en même temps qu'au Canada et au Mexique. Elle contient trois demandes qui, de l'aveu même des constructeurs automobiles, pourraient nuire à la production. Les États-Unis réclament que toutes les voitures vendues sans droits de douane comptent 85% de contenu nord-américain – actuellement, la limite est de 62,5% –, 50% de contenu américain et une liste détaillée de pièces qui n'existaient pas en 1994 quand l'ALÉNA a été ratifié.
La période d'ajustement est réduite à sa plus simple expression. Les fabricants n'auraient qu'une année pour se conformer à la règle relative au contenu américain, et deux ans pour celle relative au contenu nord-américain. Cette demande s'éloigne radicalement des règles régissant habituellement le commerce international.
Dans les coulisses, plusieurs intervenants estiment que les demandes sont si irréalistes qu'elles ne peuvent que viser deux objectifs: saboter les négociations ou étourdir les autres parties pour obtenir des concessions.
Flavio Volpe, président de l'Association des fabricants de pièces automobiles, croit que le deuxième thème de l'alternative est le bon. «Mon instinct me dit qu'il s'agit d'un chapitre dans l'art de négocier, mais il y a en a qui pensent que ces demandes sont des capsules de poison destinées à convaincre les partenaires de quitter la table des négociations.» – La Presse canadienne