L’opposition craint un système de santé plus opaque
La privatisation de la gestion du Programme extra-mural et de Télé-Soins pourrait nuire à la transparence dans les soins de santé, affirme l’opposition officielle, citant de récentes difficultés à obtenir certaines informations de la part d’Ambulance NB.
Le Programme extra-mural et la ligne téléphonique 811 s’apprêtent à rejoindre Ambulance NB dans le giron du groupe Medavie. Lorsque l’entente aura été finalisée, les trois services publics seront regroupés au sein d’une nouvelle agence gérée par le fournisseur de soins de santé privé sans but lucratif basé à Moncton.
Le projet du gouvernement de Brian Gallant suscite beaucoup d’opposition de la part de nombreux groupe de la société civile.
Vendredi, le porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé, le député Brian Macdonald, a profité du passage des hauts fonctionnaires du ministère de la Santé devant un comité de l’Assemblée législative pour critiquer une fois de plus le regroupement.
L’élu progressiste-conservateur craint notamment que le système de santé devienne plus opaque si la gestion de ces services est confiée au privé.
Il cite en exemple le récent refus de la part d’Ambulance NB de répondre à une demande d’accès à l’information concernant le déploiement de ses effectifs dans le nordouest de la province pour des raisons de propriété intellectuelle.
«On nous a déjà dit que nous ne pouvons pas voir ce qui se passe chez Ambulance NB et c’est inquiétant», a déclaré M. Macdonald aux hauts fonctionnaires.
«Quand on ajoute à ça que l’extra-mural et Télé-Soins vont faire partie d’une organisation semblable à Ambulance NB, ça me préoccupe de voir encore plus de services gouvernementaux sous le voile impénétrable du secret.»
Le sous-ministre de la Santé, Tom Maston, a répondu au député que la décision d’Ambulance NB de ne pas révéler certaines informations pour protéger sa propriété intellectuelle avait été prise en accord avec la Loi sur le droit à l’information et la protection de la vie privée.
La Loi, qui s’applique déjà à l’extra-mural et à Télé-Soins, continuera de s’appliquer à la nouvelle agence après le regroupement, a indiqué M. Maston.
Brian Macdonald s’en est aussi pris, vendredi, à la décision du gouvernement d’utiliser une exception dans la Loi sur la passation des marchés publics afin de confier la gestion des trois services regroupés à Medavie sans aller d’abord en appel d’offres pour voir si d’autres entreprises auraient pu faire le même travail à un meilleur prix.
«La façon d’assurer que les contribuables en obtiennent pour leur argent, c’est en faisant une mise en compétition», a-t-il rappelé.
Selon le sous-ministre de la Santé, le projet de regroupement est «une première au Canada». Au moment d’accorder le contrat à Medavie, «nous ne connaissions aucune autre entreprise intéressée à faire ça», a indiqué M. Maston.
«Le gouvernement a saisi l’occasion de travailler avec une entreprise du NouveauBrunswick. L’expertise que Medavie va acquérir pourrait lui permettre de brasser des affaires dans d’autres marchés et de ramener des emplois à leur quartier général de Moncton», a ajouté le haut fonctionnaire.
Brian Macdonald estime cependant que le projet de regroupement dans son stade avancé pourrait susciter l’intérêt d’autres entreprises qui ne s’étaient pas manifestées jusqu’ici.
«S’il est encore temps, je vous demande de reconsidérer votre décision et de faire une mise en compétition pour ce contrat. J’aimerais voir Medavie l’emporter et s’ils sont vraiment bons, c’est ce qui va se passer, a proposé le député. La seule chose qui va rendre Medavie concurrentielle dans d’autres marchés tout en assurant le plus faible coût pour les contribuables, c’est si elle remporte cette mise en compétition.»
Tom Maston a indiqué au comité qu’il devrait «avoir cette discussion avec le gouvernement» avant de pouvoir dire s’il était encore temps d’aller en appel d’offres avec le regroupement.
Medavie n’a pas souhaité commenter les propos de Brian Macdonald. - MRC