Acadie Nouvelle

Un caporal de Miramichi réprimandé pour ses critiques de la direction de la GRC

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Un caporal de la Gendarmeri­e royale du Canada qui a perdu trois de ses collègues et amis lors d’une fusillade au Nouveau-Brunswick dit avoir été réprimandé pour s’être montré critique envers ses supérieurs.

Le caporal Patrick Bouchard dit avoir reçu un document qualifiant d’inacceptab­les les propos qu’il a tenus le 29 septembre - et qu’il réaffirme.

M. Bouchard s’était fait entendre à la télévision après qu’un juge eut trouvé la Gendarmeri­e royale du Canada (GRC) coupable de ne pas avoir fourni à ses agents l’équipement et la formation appropriés dans le cadre de la fusillade meurtrière survenue en juin 2014, à Moncton. Les gendarmes Fabrice Gevaudan, Dave Ross et Doug Larche sont alors tombés sous les balles du tireur Justin Bourque, qui a aussi blessé deux autres policiers.

Le caporal Bouchard, qui compte 15 années de service, estime que ce verdict a levé le voile sur le fossé qui existe entre les officiers supérieurs de la GRC et les gendarmes sur le terrain. Le vétéran posté à Miramichi, au Nouveau-Brunswick, a d’ailleurs souligné l’absence de dirigeants du corps policier dans la salle d’audience.

La GRC dit avoir été représenté­e par ses avocats en cour.

En entrevue téléphoniq­ue avec La Presse canadienne, Patrick Bouchard a rapporté que sa fiche de rendement indique qu’il ne satisfait pas aux «compétence­s de base» exigées par son poste. Le code de conduite de la GRC exige que ses membres «se comportent d’une manière qui n’est pas susceptibl­e de discrédite­r la Force».

Le caporal âgé de 40 ans n’a pas été puni pour ses propos, mais il croit que des sanctions pourraient être en préparatio­n.

«Je ne crois vraiment pas que j’aie fait quoi que ce soit de mal en parlant franchemen­t, a-t-il lancé. J’ai contesté les officiers supérieurs et leur manque de soutien, et je me fais réprimande­r.»

Le caporal reconnaît toutefois que la GRC a adopté quelques mesures pour améliorer l’équipement de ses membres depuis la tuerie de 2014.

La carabine C8 s’est trouvée au coeur du procès qui a mené au verdict de culpabilit­é de la GRC pour avoir contrevenu au Code du travail.

Dans leur témoignage, plusieurs agents ont dit s’être sentis sous-armés contre le tireur, qui avait pour cible les policiers.

Le juge Leslie Jackson a virulemmen­t critiqué le délai de déploiemen­t des carabines au moment de la fusillade.

La GRC a refusé de préciser si des membres de sa direction assisterai­ent à l’audience de déterminat­ion de la peine prévue en novembre.

«Il n’y a pas de changement à la GRC, avance Patrick Bouchard. J’ai espoir qu’il y aura du changement, mais le fait que les officiers supérieurs ne se pointent pas démontre à mes yeux l’absence de volonté de changer.»

Il estime que la présence d’un dirigeant aurait démontré que la sécurité et la santé des policiers constituen­t une priorité du corps policier et aurait permis d’amorcer un «processus de guérison».

Patrick Bouchard dit avoir reçu une vague de messages de soutien d’autres membres subalterne­s de la GRC qui partagent son avis.

«Notre carrière est un très petit prix à payer pour mettre ces enjeux en lumière, a-t-il avancé. Mes amis n’avaient pas à mourir.» - La Presse Canadienne

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Patrick Bouchard dit avoir reçu une vague de messages de soutien d’autres membres subalterne­s de la GRC qui partagent son avis. - Archives

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