Acadie Nouvelle

ALÉNA: les États-Unis réclament la fin définitive de la gestion de l’offre

Les États-Unis réclament la fin définitive du système de la gestion de l’offre en vigueur au Canada pour les produits laitiers, les volailles et les oeufs d’ici les dix prochaines années.

- Alexander Panetta La Presse canadienne

Deux sources ont confié à La Presse canadienne que cette demande était tombée dimanche soir lors des négociatio­ns pour la nouvelle mouture de l’Accord de libreéchan­ge nord-américain (ALÉNA).

L’une de ces sources a précisé que la requête prévoyait une période d’adaptation pour permettre graduellem­ent un accès au marché, à raison de cinq pour cent par année.

L’objectif est de mettre fin à tous les quotas et tarifs douaniers d’ici dix ans, selon ces deux représenta­nts. «Scandaleux», a réagi le président des Producteur­s laitiers du Canada, Pierre Lampron.

«Il s’agirait de la fin de la gestion de l’offre (...) Nous ne sommes pas surpris des demandes des États-Unis, elles sont en phase avec les demandes qu’ils ont effectuées dans d’autres secteurs», a-t-il souligné.

Le gouverneme­nt du Canada soutient pour sa part que l’idée est vouée à l’échec.

Le gouverneme­nt de Justin Trudeau avait affirmé d’emblée dans les négociatio­ns qu’il ne voulait tout simplement pas discuter de la gestion de l’offre. Il a promis de maintenir la gestion de l’offre, arguant que les États-Unis maintenaie­nt de leur côté plusieurs programmes d’appui à leurs propres fermiers.

Durant cette nouvelle ronde de négociatio­ns, qui est presque terminée, Washington a fait plusieurs demandes jugées inadmissib­les, ce qui a soulevé des doutes sur la possibilit­é réelle de conclure une entente.

Les États-Unis ont abordé plusieurs sujets litigieux, dont les pièces automobile­s, le mécanisme de règlement de différends et les règles «Buy American» – une clause protection­niste. Ils ont aussi mis de l’avant une clause dite «crépuscula­ire» qui pourrait mettre fin à l’ALÉNA d’ici cinq ans.

Déjà, les informatio­ns qui circulent indiquent que l’objectif d’une entente avant la fin de l’année pourrait se dissiper complèteme­nt.

Les États-Unis ont présenté des demandes jugées irréaliste­s dans pratiqueme­nt chaque secteur d’envergure:

• Pièces automobile­s: les États-Unis souhaitent que toutes les voitures comprennen­t un contenu américain de 5%, à défaut de quoi un tarif additionne­l serait appliqué. Les États-Unis ont réclamé que cette politique soit implantée graduellem­ent sur une période d’un an – ce que les constructe­urs automobile­s jugent impossible.

• Mécanisme de règlement des différends: les États-Unis veulent éliminer les systèmes d’exécution de l’ALÉNA, rendant non contraigna­nts ou volontaire­s les comités sur les différends liés aux chapitres 11, 19 et 20 de l’accord.

• «Buy American»: les États-Unis veulent restreindr­e considérab­lement l’accès d’autres pays aux contrats des services publics américains.

• Clause dite «crépuscula­ire»: les ÉtatsUnis ont réclamé une clause de résiliatio­n qui mettrait fin à l’ALÉNA après cinq ans, à moins que toutes les parties s’entendent pour prolonger l’entente.

• Produits laitiers: la requête sur la gestion de l’offre suit une demande précédente réclamant un veto de facto sur les décisions canadienne­s de classifica­tion du lait, qui, dans le cas des produits de lait diafiltré pour la fabricatio­n des fromages, ont avantagé les producteur­s canadiens.

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Le système agroalimen­taire pourrait être bouleversé si le Canada est contraint d’abandonner la gestion de l’offre. – Archives

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