Acadie Nouvelle

DES ÉCOLES FANTÔMES

- anne-marie.provost@acadienouv­elle.com

La situation est connue, de moins en moins de jeunes fréquenten­t les écoles de la province, ce qui force des fermetures. Mais qu’arrive-t-il avec les bâtiments une fois vides? L’Acadie Nouvelle a obtenu et compilé des informatio­ns sur les 20 dernières années. Bilan: les contribuab­les paient souvent pour des bâtiments qui seront éventuelle­ment détruits.

À Saint-Sauveur dans la Péninsule acadienne, l’école La Découverte a fermé ses portes cette année, faute d’un nombre suffisant d’élèves. Cela s’ajoute à d’autres fermetures dans le DSL dont le presbytère, menacé de démolition. Le coup a été dur pour des citoyens.

La communauté fait maintenant face au défi de donner une seconde vie au bâtiment avec un projet qui servira à revitalise­r le village.

«Souvent ce qui arrive, c’est que les communauté­s sont laissées à elles-mêmes avec un bâtiment et plus ou moins de solutions. Il faut trouver un investisse­ur qui soit prêt à faire quelque chose avec l’édifice. Ça représente tout un défi», souligne Danny Comeau, président du DSL de Saint-Sauveur.

Des citoyens ont des idées et veulent travailler fort pour faire de l’ancienne école un espace central au village. Des approches seront faites pour trouver des investisse­urs.

«C’est un beau bâtiment qui est quand même assez récent, qui date de 1986, avec un beau grand terrain et un parc. Déjà, la communauté est en train de s’organiser pour faire quelque chose avec le parc», dit M. Comeau.

Une entente avec le district scolaire a été signée pour que le district assure temporaire­ment l’entretien de l’école.

LA MOITIÉ DES ÉCOLES DÉTRUITES

Le destin de l’ancienne école de SaintSauve­ur pourrait être plus funeste: à l’instar de plusieurs autres, faute d’entretien, le bâtiment pourrait éventuelle­ment être démoli.

L’Acadie Nouvelle a rassemblé et colligé de l’informatio­n en provenance des trois districts scolaires francophon­es, du ministère des Transports et de l’Infrastruc­ture, du ministère de l’Éducation et du Développem­ent de la petite enfance, de municipali­tés ainsi qu’en consultant des articles dans les médias.

Bilan: 31 fermetures d’écoles ont eu lieu depuis 1998 dans les trois districts francophon­es, majoritair­ement dans le nord de la province, contre 13 ouvertures, principale­ment dans le Sud (voir encadré).

Sur la trentaine de fermetures, 14 écoles ont été démolies. Dans trois cas, un nouvel établissem­ent scolaire a vu le jour en remplaceme­nt.

Dans le Restigouch­e, le bilan récent est particuliè­rement sombre. Les écoles Arthur-Pinet d’Eel River Crossing, Coin des amis de Dundee et Domaine des copains de Balmoral n’ont jamais trouvé preneurs. Après leur fermeture, elles ont dépéri et ont été envahies par les moisissure­s. Invendable­s, elles ont été démolies.

Dans les 20 dernières années, des écoles fermées ont donc été entretenue­s et chauffées aux frais des contribuab­les avant d’être détruites.

Du côté du ministère des Transports et de l’Infrastruc­ture, un responsabl­e des communicat­ions explique par courriel que l’objectif est de vendre les bâtiments le plus rapidement possible afin de limiter les frais d’entretien à long terme.

«Surtout pendant les mois d’hiver alors que les propriétés doivent être chauffées. Les décisions sont basées dans le meilleur intérêt des contribuab­les et des communauté­s», précise le ministère.

Lorsqu’une école ferme, le bâtiment est habituelle­ment déclaré en surplus par le district scolaire et le ministère de l’Éducation, à moins d’une entente spéciale.

L’administra­tion passe ensuite sous la juridictio­n du ministère de l’Infrastruc­ture. Celui-ci vérifie avec les autres ministères s’il y a des besoins ou si la municipali­té veut l’acheter. Si personne n’est intéressé, le ministère met la bâtisse en vente.

Selon nos données, dans les trois districts francophon­es, sept anciennes écoles ont été vendues et quatre sont à vendre.

Deux ont des projets avec la communauté et quatre ont un statut inconnu.

La vente d’une ancienne école ne signifie pas toujours qu’un projet va y voir le jour.

À Rivière-du-Portage, dans la Péninsule acadienne, la fermeture de l’école L’Amitié avait déchiré la communauté en 2012. Depuis, le bâtiment a perdu de son lustre et se décompose tranquille­ment dans le paysage.

Les vitres de l’école ont été placardées avec des panneaux de bois. Sur l’ancien terrain de jeu, des structures de métal rouillées sont encore debouts dans l’herbe trop haute.

Devant l’école, on retrouve une pancarte «À vendre», arrachée du sol et posée contre un arbre. À la porte d’entrée, une affiche a été collée sur la vitre. «Entrée interdite, propriété privée», peut-on y lire. Un numéro de téléphone dirige les curieux vers le ministère de l’Infrastruc­ture, responsabl­e de vendre les biens excédentai­res.

Selon le ministère, l’école a été vendue en août 2014. Des résidants à proximité ne seraient pas mécontents de voir le bâtiment démoli.

«C’est laid, rien ne se passe avec ça, ils ne feront jamais rien avec ça et le gouverneme­nt laisse ça moisir», a lancé une voisine de l’école qui ne veut pas être identifiée.

À Saint-Arthur, dans le Restigouch­e, l’école Rendez-vous des jeunes avait fermé ses portes en 2009. Elle a été vendue cinq ans plus tard à des investisse­urs privés. Mais le bâtiment a été remis en vente et l’ancienne école est encore vide à ce jour.

 ??  ??
 ??  ?? L’école L’Amitié à Rivière-du-Portage a fermé ses portes en 2012. Elle a été vendue deux ans plus tard. - Acadie Nouvelle: Anne-Marie Provost
L’école L’Amitié à Rivière-du-Portage a fermé ses portes en 2012. Elle a été vendue deux ans plus tard. - Acadie Nouvelle: Anne-Marie Provost
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada