Certaines écoles parviennent à renaître
Les écoles qui connaissent une deuxième vie se comptent sur les doigts d’une main. Les défis au niveau de l’entretien peuvent être grands, mais certaines communautés arrivent à avoir des projets rassembleurs ou à trouver une utilité au bâtiment.
L’école Séjour-Jeunesse, à Pointe-Verte, n’aura pas été fermée bien longtemps. À peine quelques mois après la fin des classes et l’ancienne école bourdonne maintenant d’activités.
«Des cours de peinture se donnent les lundis et les jeudis, ainsi que des cours de taekwondo et d’aïkido. Il y a une bouquinerie qui fonctionne avec 5000 livres et il y a aussi des cours en premiers soins ainsi qu’en gardiennage d’enfants. De plus, il y aura une clinique médicale le 7 novembre», énumère Euclide Chiasson, un des fondateurs de la coopérative La Barque.
Le citoyen de Pointe-Verte a démarré un projet de centre de formation avec d’autres personnes en mars. La rapidité de la mobilisation et la qualité des appuis, venant de partout dans la région, l’ont impressionné. Selon lui, la communauté avait besoin de ce projet et il est tombé à point.
«Ce qu’on sent, c’est que les gens ont besoin de sortir de chez eux, de sortir de leur isolement, de s’engager, d’échanger et de se valoriser. Qu’on reconnaisse leurs compétences et leur savoirfaire», explique M. Chiasson.
Le District scolaire francophone du Nord-Est fournira l’argent pendant un an pour défrayer les coûts de chauffage et d’électricité. La coopérative devra ensuite se débrouiller, ce qu’elle compte faire grâce à un plan d’affaires.
LE DÉFI DE L’ENTRETIEN
Dans le cas d’une école fermée, l’entretien et les rénovations peuvent rapidement devenir un défi.
Sur l’île Miscou dans la Péninsule acadienne, l’ancienne école L’Étoile du Nord a changé de mains à quelques reprises depuis sa fermeture en 2003.
Lorsque l’apiculteur Gaëtan Noël l’a acheté avec son fils il y a quatre ans, le bâtiment était dans un triste état.
«On a acheté une carcasse, c’était vraiment tout défait. Nous avons nettoyé et nous nous sommes acharnés à l’ouvrage», raconte le copropriétaire de Pollinisation Péninsule.
Le bâtiment abrite maintenant des abeilles durant l’hiver. Du printemps jusqu’à l’automne, les ruches sont à l’extérieur sur le terrain de l’école. Des espaces sont également loués à des pêcheurs de crabes, afin d’y entreposer leurs cages, et à des gens qui veulent remiser leurs voitures.
Des rénovations à la toiture sont encore nécessaires, ce qui représente des coûts importants.
Rentabiliser est un défi chaque année, mais l’achat de l’école reste un bon investissement malgré tout, estime M. Noël.
«C’est sûr que c’est beaucoup de travail que de retaper ça pour que ce soit fonctionnel. Mais avec les années, on va finir par voir le bout», lance-t-il.
REFUSER D’ABANDONNER
Même si les défis peuvent être grands, certains feront tout leur possible pour voir un projet se réaliser.
À Saint-Léolin dans la Péninsule acadienne, le village fait des pieds et des mains depuis quelques années pour donner une deuxième vie à l’ancienne école fermée en 2012. La fermeture a laissé un vide au centre du village. Mais il est difficile de concrétiser des projets. En 2014, la création d’un foyer de soins a été évoquée, mais le projet est tombé à l’eau. Un centre de formation aux mesures d’urgence a ensuite été envisagé un an plus tard, mais l’idée a été abandonnée.
Deux entrepreneurs sont maintenant intéressés à faire quelque chose avec le bâtiment, mais le maire de Saint-Léolin, Mathieu Chayer, ne veut pas en dire plus pour l’instant.
FAIRE REVIVRE LA COMMUNAUTÉ
La fermeture d’une école est souvent un coup dur pour la vie communautaire et représente un défi pour le développement rural, souligne la professeure de sociologie à l’Université de Moncton Michelle Landry.
«Le défi est de voir comment on peut créer une vie communautaire qui attire de nouvelles familles afin d’assurer un maintien démographique», avance-t-elle.
De son côté, l’historien Maurice Basque souligne que la démolition d’écoles n’est pas un phénomène nouveau en Acadie et qu’il faudrait avoir une réflexion plus large sur la préservation des bâtiments.
Il ajoute que dans la période actuelle, la baisse démographique joue un rôle dans la capacité des communautés à faire quelque chose avec les anciennes écoles.
«Il y a une diminution des effectifs associatifs. Il y a moins de bénévoles, moins d’entrepreneurs et moins de gens qui peuvent s’en occuper. Dans une population réduite, on retrouve toujours les mêmes personnes et il y a un essoufflement du bénévolat dans les petites régions», souligne-t-il.