DE NOMBREUX PUITS À SEC
Les effets du manque de pluie depuis plus de quatre mois commencent à se faire fortement sentir dans des résidences de la Péninsule acadienne et du comté de Kent. Plusieurs puits sont à sec et les foreurs sont débordés.
Sacha Noël reçoit beaucoup plus d’appels que la normale depuis la fin de l’été concernant des puits à sec. Le foreur de la Péninsule acadienne travaille sans relâche, parfois même les fins de semaine.
«Ce sont surtout les plus petits puits forés à la main qui commencent à avoir des problèmes. Ça touche surtout les puits jusqu’à une trentaine de pieds. Mais il y en a aussi des plus profonds qui sont à sec», raconte le propriétaire de Modern Well Drilling.
Nous avons rencontré M. Noël à Paquetville alors qu’il forait le puits d’un client depuis le début de l’avant-midi, et ce, afin d’atteindre une veine d’eau plus profonde. L’homme précise que la situation touche toute la Péninsule.
«Je dirais que notre travail pour l’instant, c’est pas mal ça», explique M. Noël, qui a travaillé sur plus d’une vingtaine de puits.
À SEC DEPUIS TROIS SEMAINES
Pour certains, la situation n’est pas du tout agréable. À Dugas dans la Péninsule, Sylvie Godin est à court d’eau depuis quelques semaines.
Elle a dû se connecter sur son deuxième puits, mais l’eau n’est pas de bonne qualité.
«Je me promène avec des cruches d’eau. Je ne peux pas laver mon linge non plus ici, l’eau est jaune», raconte-t-elle.
«J’attends qu’il pleuve. Je ne vois pas ce que je peux faire d’autre. Je ne vais pas me faire creuser un troisième puits à 3000$», ajoute-t-elle.
Chez France Cormier et son conjoint à Dugas, l’eau a arrêté de couler dans la maison la semaine dernière.
«Des gens de la famille ont ouvert le puits, ils ont mesuré avec un ruban jusque dans le fond pour voir où était l’eau et c’était complètement, complètement à sec», témoigne-t-elle.
Ils ont fait creuser un autre puits sur leur terrain.
«Le puits était à sec complètement et on avait peur d’aller plus creux, on craignait d’abîmer le puits parce qu’il n’est pas neuf», explique Mme Cormier.
LE COMTÉ DE KENT TOUCHÉ
Le comté de Kent n’est pas épargné. Ron Vautour reçoit lui aussi plusieurs appels.
«Ça a commencé à la fin de juillet et ça n’a pas arrêté. On a des appels à tous les jours pour des problèmes d’eau», rapporte le propriétaire de Vautour Well Drilling & Pumps. Lui aussi travaille les fins de semaine. «Il y avait deux familles dans une résidence dans le coin de Bouctouche et je les ai fait dimanche matin. Le plombier m’avait appelé pour me dire qu’il n’y avait plus d’eau», raconte M. Vautour.
«S’il n’y a pas de pluie qui tombe d’ici Noël, il y en a d’autres qui vont manquer d’eau», prédit-il.
«ÇA COMMENCE À ÊTRE INQUIÉTANT»
L’hiver qui approche inquiète. «L’automne est fait pour remplir les réservoirs en prévision de l’hiver. En hiver, le terrain gèle et l’eau ne rentre pas dans la terre», explique René Gionet, observateur climatologique pour Environnement Canada à Bas-Caraquet.
Le manque de pluie a été bien réel dans la province depuis le début de l’été. Selon Environnement Canada, il exite un manque à gagner de 190 millimètres de pluie dans la Péninsule acadienne depuis juin. Dans le comté de Kent, le déficit de précipitation s’élève à 215 millimètres.
Pour l’instant, moins de pluie que la normale est tombée en octobre, qui s’annonce sec. L’automne est aussi plus chaud qu’à l’habitude, ce qui contribue à assécher le sol.
«Ça commence à être inquiétant. On se rend compte que les niveaux d’eau dans plusieurs ruisseaux et rivières à travers la province sont assez bas depuis quelques mois», rapporte Claude Côté, météorologue chez Environnement Canada.
Selon le spécialiste, une température très douce est prévue pour le restant du mois d’octobre. La pluie tombera davantage au sud de la province qu’au Nord.
La température sera aussi supérieure à la normale en novembre et il n’y a pas encore de prévision pour les précipitations.
LE NORD-OUEST RELATIVEMENT ÉPARGNÉ
Du côté du Nord-Ouest, la sécheresse a été moins forte que dans le reste de la province.
Un foreur de puits contacté à proximité de Grand-Sault indique recevoir un peu plus d’appels qu’à l’habitude, mais que la situation n’est pas problématique.
À Saint-Quentin, un autre foreur a rapporté à l’Acadie Nouvelle que cette année est une année comme les autres.