SOEUR ANGÈLE SAVOURE CHAQUE MOMENT
Entre ses conférences, ses projets télévisuels, ses fondations, sa chorale et ses livres, Soeur Angèle arrive à trouver l’équilibre au milieu de ce tourbillon. La célèbre religieuse et chef cuisinière québécoise vit pleinement chaque instant.
«Je suis les horaires, mais je vis pleinement chaque jour et chaque instant», a déclaré Soeur Angèle, en entrevue au Salon du livre de Dieppe.
«Les gens se demandent comment faitelle? Je ne dors pas longtemps et je prends chaque chose à la fois», a-t-elle poursuivi.
Celle qui est entrée dans les foyers francophones du pays par le biais du petit écran, il y a plus d’un demi-siècle, ne se destinait pas nécessairement au monde médiatique. Le 14 octobre 1955, Angèle Rizzardo, mieux connue sous le nom de Soeur Angèle, s’embarquait à Gênes en Italie pour émigrer au Canada. Elle est arrivée le 28 octobre. Quand elle est entrée en religion, au sein de la Congrégation Notre-Dame-du-BonConseil, c’était dans le but d’aider les immigrants, mais la vie en a décidé autrement. Elle a poursuivi plutôt une carrière en télévision et dans le monde de la cuisine. Quand on lui demande si elle a déjà songé à quitter les ordres comme d’autres religieuses de sa génération, elle répond tout simplement qu’elle n’a pas eu le temps d’y penser. Après 60 ans de vie religieuse, elle affirme qu’elle a toujours la foi.
«Si on n’a pas la foi, on ne peut pas rester. C’est quelque chose qui nous habite.»
Lors de notre rencontre, elle donnait un atelier de cuisine au Marché de Moncton en compagnie de l’animatrice Anne Godin. Certains segments ont été captés par RadioCanada dans le but de diffuser des vidéos sur le web. Plusieurs personnes ont tenu à s’entretenir avec elle après l’émission.
Soeur Angèle reçoit régulièrement des confidences émouvantes. D’un naturel désarmant et d’une grande générosité, elle ne s’enfarge pas dans les fleurs du tapis et va droit au but avec beaucoup de gentillesse. D’entrée de jeu, elle confie qu’elle est contente d’être en Acadie parce qu’elle estime que les Acadiens ressemblent un peu aux Italiens. Il lui arrive même de passer pour une Acadienne à cause de son accent.
«C’est une communauté qui est arrivée d’ailleurs qui s’est établie ici et qui a eu beaucoup de difficulté. Les Acadiens sont comme les Italiens avec une guerre. Mussolini nous a vendus et il a fallu s’adapter et c’est pour ça qu’on est parti partout.»
Débarquée à Dieppe jeudi, elle passe toute la fin de semaine au Salon du livre. Son horaire est chargé avec des conférences, des rencontres, des ateliers et des entrevues.
«C’est ma vie. C’est un genre de tourbillon, mais le tourbillon est différent à chaque place. Ici, on sent que vous êtes vraiment des personnes accueillantes et chaleureuses. Ne perdez pas ça parce que c’est un cachet d’amour et d’ouverture face à l’autre. C’est très important parce qu’on peut être avec 1000 personnes et se sentir seul alors qu’ici on se sent enveloppé par les gens.»
Ayant étudié à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec, la cuisine a toujours fait partie de sa vie.
«La cuisine c’est une façon de garder l’union dans la famille», avance la marraine de l’organisme Les fourchettes de l’espoir à Montréal qui favorise l’accès à une saine alimentation pour les plus démunis.
Soeur Angèle s’insurge contre la restauration rapide.
«Je trouve ça triste que plus on parle d’une saine alimentation, plus on a du fast-food. Soyons francs quand même, les gens ont moins d’argent, ils ont tout le temps à faire et pour se libérer, les parents donnent de l’argent et envoient leurs enfants manger au restaurant. Dans les écoles, on offre une saine alimentation, mais les enfants sortent de l’école et vont manger un hot-dog et une poutine l’autre côté de la rue.»
Selon celle-ci, la cuisine est une affaire de coeur et de passion. Son plus récent livre
Merci Mamma! est bien plus qu’un livre de recettes. C’est aussi un récit de voyage où elle retourne dans la région de son enfance, la Vénétie, pour partager son héritage culturel et culinaire. Il y a des anecdotes et quelques trucs. On peut retrouver aussi sa biographie au Salon qui figure parmi les meilleurs vendeurs. Elle donne également des conférences sur le bonheur.
«Quand j’ai eu le cancer, il y a 4 ans, j’ai eu tellement de gens qui m’ont écrit de belles choses et puis ils me demandaient si j’allais faire ceci ou cela. J’ai pris toutes les questions
des gens et j’ai donné des réponses», a ajouté la conférencière qui a publié Le bonheur d’être soi... selon Soeur Angèle.
Ce sont 100 questions sur la vie et sur des préoccupations qui causent la souffrance humaine.