Neutralité religieuse au Québec: Trudeau ouvre la porte à une contestation du fédéral
Le premier ministre Justin Trudeau a ouvert la porte, vendredi, à une éventuelle contestation de la loi québécoise sur la neutralité religieuse.
Après avoir indiqué la veille aux journalistes qui le suivaient à Roberval que ce n’était pas au gouvernement fédéral de contester la loi, M. Trudeau a vite changé son fusil d’épaule.
Il a affirmé lors d’un bref point de presse vendredi, à Alma, que son gouvernement allait «prendre ses responsabilités», étudier «attentivement» la loi et «défendre les Canadiens».
«Je sais que les gens s’attendent à ce que je défende la Charte des droits», a-t-il déclaré.
La loi 62 suscite de vives réactions partout au Canada depuis son adoption mercredi. Dans un geste plutôt inhabituel, les députés ontariens l’ont unanimement condamnée jeudi, prédisant que sa validité serait contestée devant les tribunaux, en vertu de Charte canadienne des droits et libertés.
La mesure législative prévoit notamment que tous les services publics au Québec devront être donnés et reçus à visage découvert — notamment dans les transports publics et dans les hôpitaux. La loi permet toutefois des accommodements raisonnables, accordés à la pièce.
Philippe Couillard a défendu son projet de loi en invoquant des exigences d’identification, de communication et de sécurité publique.
Le Parti québécois et la Coalition avenir Québec souhaitaient une loi plus stricte sur la laïcité de l’État, avec interdiction des signes religieux pour les agents de coercition, comme le préconisait notamment le rapport de la commission Bouchard-Taylor il y a près de dix ans.
De passage au Lac Saint-Jean cette semaine, le premier ministre Trudeau a fait valoir qu’aucun gouvernement ne devrait dire aux femmes ce qu’elles doivent ou ne doivent pas porter.