Acadie Nouvelle

Meurtre de Stéphane Levesque: une histoire de vengeance qui a dévasté deux familles

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Coupable d’homicide involontai­re sur la personne de Stéphane Levesque, Jean-Yves Landry a été condamné, mardi, à une peine d’emprisonne­ment de cinq ans moins le temps purgé en détention préventive depuis son arrestatio­n.

Autre journée chargée en émotion, mardi, au palais de justice de Campbellto­n alors que Jean-Yves Landry revenait devant la juge Lucie Lavigne afin de connaître les détails de sa sentence.

L’individu âgé de 43 ans de Campbellto­n devait subir le mois dernier un procès devant juge et jury sous des accusation­s de meurtre prémédité. Toutefois, avant le début du procès, M. Landry a consenti à reconnaîtr­e sa culpabilit­é à une accusation réduite d’homicide involontai­re, une propositio­n tenant compte de son degré d’implicatio­n dans ce crime.

Ces accusation­s sont liées au décès de Stéphane Levesque, âgé de 34 ans, survenu dans la nuit du 3 février 2016. Il avait alors été trouvé inconscien­t sur la rue Dover à Campbellto­n, victime d’une violente agression. Jean-Yves Landry et son fils, Yannick Landry, avaient été appréhendé­s deux jours plus tard et mis en état d’arrestatio­n.

Bien que certains documents fassent toujours l’objet d’un avis de non-publicatio­n, afin de ne pas compromett­re le procès à venir de Yannick Landry, plusieurs détails de ce qui a mené à ce tragique événement ont néanmoins été évoqués par la juge Lavigne lors de l’énoncé de la sentence.

On a ainsi pu apprendre que les événements découlent d’une agression sexuelle dont aurait été victime l’une des filles de M. Landry. Celle-ci croit avoir été droguée puis abusée par Stéphane Levesque lors d’une soirée festive quelques jours auparavant.

Confronté par Jean-Yves Landry, Stéphane Levesque aurait vivement démenti l’agression, ce qui n’a pas suffi à calmer ni le père ni le frère de la victime alléguée. Il aurait notamment été victime de menaces de mort. Ces menaces qui ont été entendues par des témoins et rapportées par M. Levesque à son agent de probation.

Ses craintes étaient visiblemen­t fondées, car peu après minuit le 3 février 2016, JeanYves et Yannick Landry ont décidé de passer à l’acte et de se faire justice.

Accompagné­s d’une troisième personne, Francis Lagacé-Mercier, ils ont pris la direction de la résidence de M. Levesque dans le but avoué de le passer à tabac.

En route, ils sont tombés par hasard sur ce dernier alors qu’il marchait près de sa résidence. Yannick Landry serait sorti de l’automobile afin de le pourchasse­r à pied.

Une fois M. Lévesque maîtrisé, Francis Lagacé-Mercier aurait remis un bâton de baseball à Yannick Landry.

À distance de la scène, Jean-Yves Landry aurait crié à son fils de ne surtout pas frapper l’individu à la tête, consigne qui n’a pas été suivie. Les blessures encourues par ces coups à la tête ont éventuelle­ment causé un traumatism­e crânien sévère.

Transporté à l’hôpital, il n’a jamais repris connaissan­ce et a été déclaré mort cérébral.

Lors de l’audience sur la déterminat­ion de la peine de M. Landry, les avocats de la poursuite et de la défense ont soumis une propositio­n conjointe à la juge Lavigne, soit un terme d’incarcérat­ion de cinq ans moins le temps déjà purgé, soit 20,6 mois.

Après le calcul applicable pour le temps purgé en détention préventive, cela porte donc la période totale de détention à 31 mois, ce qui signifie qu’il ne resterait plus que 29 mois à purger.

La juge Lavigne a accepté cette propositio­n conjointe l’estimant à l’intérieur des paramètres pour les crimes similaires, précisant que M. Landry n’est pas celui qui a asséné les coups mortels à la victime.

«Il m’apparaît évident que M. Landry a perdu le contrôle après avoir été mis au courant par sa fille d’une agression», a indiqué la juge Lavigne, s’empressant d’ajouter que cela n’atténuait et ne justifiait en rien les gestes commis à l’endroit de M. Levesque.

Lors de son audience sur la déterminat­ion de la peine, l’accusé avait tenu à prendre la parole.

S’adressant à la famille de M. Levesque, il avait dit regretter profondéme­nt son geste.

Ces regrets, de l’aveu même de la juge, ont semblé sincères et ont joué en faveur de l’accusé, tout comme son plaidoyer de culpabilit­é. La juge estime d’ailleurs bonnes les chances de réhabilita­tion de l’accusée, et ce, en dépit de condamnati­ons antérieure­s pour voie de fait grave ainsi et de trafic de stupéfiant­s.

En plus de sa peine d’emprisonne­ment, M. Landry devra fournir un échantillo­n d’ADN et ne pourra posséder d’arme pour une période de 10 ans.

De plus, il devra s’abstenir d’entrer en contact avec certains membres de la famille de la victime. Présente en grand nombre lors de la lecture de la sentence, la famille de M. Levesque est sortie visiblemen­t très amère de la salle d’audience, elle qui souhaitait une peine carcérale longue et exemplaire.

Sachant la situation particuliè­rement délicate, la juge a tenu à s’adresser en personne aux membres de la famille en leur offrant ses plus profondes condoléanc­es.

À sa sortie du tribunal, l’un des avocats de M. Landry, Me Luc Roy, s’est quant à lui dit satisfait de la décision de la juge.

«Dans les circonstan­ces, le rôle de JeanYves Landry était secondaire, il n’était pas l’assaillant principal. À cet effet, on a toujours soutenu qu’une peine de cinq années moins le temps servi était suffisante. M. Landry sait qu’il a posé des gestes punissable­s par la loi et accepte sa responsabi­lité dans toute cette affaire», indique l’avocat.

Le procès du fils de M. Landry, Yannick, pour meurtre prémédité est quant à lui prévu devant juge et jury du 15 janvier au 2 février 2018.

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Jean-Yves Landry a été condamné, mardi, à une peine d’emprisonne­ment de cinq ans moins le temps purgé en détention préventive depuis son arrestatio­n. - Archives
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