Une victoire «énorme» pour les travailleurs qui veulent se syndiquer
Le gouvernement provincial a déposé un projet de loi pour aider les travailleurs nouvellement syndiqués à conclure une première entente collective avec leur employeur.
Au pays, le droit des travailleurs de former un syndicat est protégé par la Charte canadienne des droits et libertés. Toutefois, le droit à une convention collective ne l’est pas.
Afin d’éviter une impasse où des travailleurs nouvellement syndiqués n’arrivent pas à s’entendre sur un contrat de travail avec leur employeur, la plupart des provinces canadiennes ont adopté des mesures pour aider et même forcer les parties à s’entendre.
Le Nouveau-Brunswick et l’Île-duPrince-Édouard font exception.
Mercredi, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Croissance démographique, Gilles LePage, a présenté des amendements à la Loi sur les relations industrielles afin de changer la situation.
«L’objectif, c’est de permettre aux travailleurs et aux employeurs de s’asseoir ensemble avant qu’une grève ou un lock-out arrive», a expliqué le ministre.
«S’ils ne peuvent pas arriver à une entente, ils auront maintenant l’occasion d’avoir un médiateur neutre. Ils pourront en faire la demande.»
Si l’une des parties refuse de négocier, ou si les négociations sont dans une impasse, le ministre pourra nommer un médiateur pour faciliter les discussions ou même un arbitre pour trancher entre les travailleurs et leur employé.
La mesure s’applique autant au secteur privé qu’aux municipalités, aux universités et aux foyers de soins.
Le milieu syndical néo-brunswickois exigeait une mesure du genre depuis près de 30 ans, selon le président de la Fédération des travailleurs et des travailleurs du Nouveau-Brunswick, Patrick Colford. «Sans le droit à une première convention collective, les travailleurs étaient vulnérables. Les employeurs aussi parce qu’il y avait beaucoup de choses laissées au hasard.»
Le gouvernement et les syndicats ont travaillé en collaboration afin d’en arriver à ce projet de loi. Fredericton à l’intention de renvoyer la législation devant un comité de l’Assemblée législative pour une période de consultation publique.
C’est à ce moment que les employeurs pourront s’exprimer sur l’initiative, a précisé Gilles LePage.
Le ministre est d’avis que les entreprises vont bénéficier de cette législation autant que les travailleurs.
«Les employeurs ont besoin d’une main-d’oeuvre qui travaille. Nous donnons un outil aux employeurs et aux employés pour travailler pour cette province et pour son économie», a-t-il dit.
Le chef du Parti vert avait lui aussi l’intention de déposer un projet de loi de ce type à l’Assemblée législative. David Coon entend maintenant étudier attentivement l’initiative du gouvernement avant de décider de l’avenir de sa propre législation.
«Ça va faire augmenter les salaires au Nouveau-Brunswick qui sont parmi les plus bas aux pays. Les gens quittent la province, pas parce qu’ils n’arrivent pas à trouver un emploi ici, mais parce qu’ils peuvent gagner un meilleur salaire ailleurs», a mentionné M. Coon.
Le Parti progressiste-conservateur n’a pas souhaité réagir à la nouvelle.
«C’est énorme. C’est un grand jour pour les travailleurs et pour les employeurs. Ça va assurer une stabilité dans la main-d’oeuvre», a-t-il commenté.