Acadie Nouvelle

DES BAMBINS ASSIMILÉS

MANQUE DE GARDERIES FRANCOPHON­ES

- simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

À Moncton, les familles francophon­es peinent à trouver des places de garderie dans leur langue. Confrontés aux listes d’attentes, beaucoup se tournent vers les garderies anglophone­s ou bilingues.

Le téléphone ne finit pas de sonner au Centre de jour L’Éveil. La garderie francophon­e accueille 45 enfants âgés de 2 à 5 ans, à l’Université de Moncton, campus de Moncton. Les parents qui souhaitent y placer leurs protégés doivent s’armer de patience: la liste d’attente comporte près de 300 noms.

«Il n’y a que de 18 à 20 places qui se libèrent chaque année. J’ai parfois deux, trois appels par jour de parents qui se cherchent une place», témoigne la directrice Julie Hachey.

Murielle Gagné-Ouellette, du service de garde Phare familial, constate elle aussi un besoin criant de services à la petite enfance en langue française à Moncton. Le manque de places oblige bien des parents à se tourner vers des garderies anglophone­s ou bilingues.

«Les services de garde sont plus nombreux en anglais, alors les parents les mettent là. Quand ils nous arrivent au préscolair­e, les enfants parlent anglais alors qu’ils viennent de familles francophon­es. Même si le français est présent à la maison, ils jouaient en anglais avec leurs camarades et continuent en arrivant à l’école. On doit faire de la francisati­on intensive.»

Dans un milieu anglodomin­ant, la tendance à l’assimilati­on peut être forte dans les garderies bilingues. Bien souvent, l’anglais domine.

«Quand j’étais étudiante, je travaillai­s dans une garderie bilingue. Toutes les conversati­ons avec les enfants se faisaient en anglais», rapporte Julie Hachey.

«Les enfants sont des éponges à cet âge-là. J’avais une petite fille qui était dans une garderie anglophone de un à deux ans parce que la maman n’avait pas le choix. Son vocabulair­e était juste en anglais parce qu’elle passait le plus gros de sa journée dans cette langue.»

Le manque de place concerne principale­ment les nourrisson­s de zéro à deux ans. En dessous de deux ans, le ratio est de trois enfants pour une éducatrice. La garderie doit également respecter une superficie de 70 pieds carrés par enfant au lieu de 35 pour les plus âgés.

La plupart des garderies n’acceptent pas d’enfants de cette tranche d’âge en raison de ces règlements imposés par la province. C’est le choix qu’a fait Nadine Cormier, propriétai­re de la garderie La Floraison. Elle juge les règles trop strictes.

«Les bébés, ce n’est pas rentable, lance Nadine Cormier. Ça ne nous permet pas d’être viables financière­ment. Je charge 175$ par semaine et si je prenais des bébés, il faudrait presque que je double le prix.»

«ON PERD DES ÉLÈVES»

Cette situation pose plusieurs difficulté­s aux écoles, reconnaît Monique Boudreau, directrice générale du District scolaire francophon­e Sud. Les petits n’ayant pas été accueillis par des garderies dans la langue de Molière accumulent généraleme­nt certains retards lors de leur entrée à l’école.

«Ils arrivent à la maternelle et ne parlent pas le français. On doit investir dans des tuteurs pour faire de la francisati­on, explique Monique Boudreau. C’est un investisse­ment monétaire, mais surtout ces élèves ne partent pas sur le même pied que les autres. Ils ont les mêmes apprentiss­ages, mais doivent en plus apprendre une nouvelle langue.»

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 ??  ?? La liste d’attente du Centre de jour L’Éveil comporte près de 300 noms, déplore la directrice Julie Hachey. - Acadie Nouvelle: Simon Delattre
La liste d’attente du Centre de jour L’Éveil comporte près de 300 noms, déplore la directrice Julie Hachey. - Acadie Nouvelle: Simon Delattre
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