Produits alimentaires: l’Halloween à l’année
Des spécialistes en santé et des coalitions qui militent pour une saine alimentation estiment que la consommation abusive et la présence souvent camouflée de sucre font en sorte que la fête de l’Halloween se déroule pendant bien plus qu’une seule journée dans l’année.
«Si l’on se fie au devant de l’emballage des produits alimentaires pour choisir, on fait souvent fausse route et on se retrouve avec des aliments-bonbons en pensant qu’il s’agit de produits intéressants», explique Corinne Voyer, directrice de la Coalition Poids.
«Le gouvernement fédéral doit encadrer le devant des emballages afin de donner l’heure juste aux consommateurs», de poursuivre la représentante de la coalition qui se consacre à la problématique du poids.
Alors que l’obésité chez les jeunes a triplé au cours des 25 dernières années et que sept hommes sur dix au Nouveau-Brunswick affichent un surplus de poids, il va sans dire que le sucre se retrouve la plupart du temps au banc des accusés.
Selon lui, le sucre est toutefois loin d’être le seul responsable du bulletin de santé plus ou moins positif des Néo-Brunswickois.
«Il y a aussi la sédentarité qui se retrouve parmi les grands accusés. Les enfants et les adultes ne bougent pas», ajoute Luc Martin, en qualifiant l’obésité de véritable fléau.
Le professeur et spécialiste des questions touchant l’obésité estime que le NouveauNouveau fait piètre figure en terme de qualité de l’alimentation.
«La consommation de malbouffe et le manque de consommation de fruits et légumes sont reliés à notre mauvaise performance dans les statistiques touchant l’obésité.»
UNE PUISSANTE INDUSTRIE
Selon Luc Martin et la Coalition Poids, les géants de l’industrie alimentaire s’activent avec vigueur afin de contrer la mise en évidence des aliments qui sont riches en sucres.
«Contrairement au sel et aux gras trans, c’est plus compliqué avec le sucre. Il y a une industrie très importante et des milliards de dollars qui sont en arrière de tout ça.»
De fait, l’entreprise Nestlé Canada s’est intéressée de près aux travaux et aux pourparlers récents initiés par Santé Canada au sujet de l’étiquetage sur le devant de l’emballage.
À l’échelle mondiale, le géant de l’industrie agroalimentaire Nestlé a enregistré un chiffre d’affaires de 27 milliards $ au premier trimestre de l’année 2017.
«En plus de l’étiquetage, il faut cibler et investir beaucoup plus dans la prévention et sensibiliser les jeunes en bas âge à la saine alimentation. Le message ne passe pas encore assez bien», croit Luc Martin.
Selon Marc Bossé, un membre du Réseau mieux-être au Nord-Ouest, il ne fait aucun doute que le sucre est omniprésent dans l’alimentation des Néo-Brunswickois et qu’il s’en consomme beaucoup trop.
«Il y a beaucoup d’adultes et d’enfants qui sont obèses, c’est en lien direct avec les habitudes de vie et la consommation de sucre et le manque d’activités physiques.»
La Coalition Poids va plus loin en qualifiant l’obésité d’épidémie qui est actuellement hors de contrôle.
Le gouvernement fédéral a adopté un nouveau règlement sur l’étiquetage nutritionnel, ce qui pourrait aider les Canadiens à mieux évaluer la quantité de sucres dans leurs aliments.
«Il y a beaucoup de produits riches en sucre qui sont consommés tous les jours. Les barres tendres constituent un bel exemple», raconte Luc Martin, qui est biologiste et professeur à la faculté des sciences de l’Université de Moncton.