La victoire des libéraux au Lac- Saint- Jean sonne le glas aux partis d’opposition
Lors de l’élection partielle du 23 octobre, les libéraux de Justin Trudeau ont remporté le Lac- SaintJean, une circonscription québécoise convoitée. Comment? De la même façon que Stephen Harper l’a remportée il y a dix ans: un grand nombre de votants ont
On peut presque résumer la partielle de Lac-Saint- Jean comme une mise en scène ratée pour les nouveaux chefs des partis d’opposition. Mais en fait, les faiblesses de l’opposition étaient déjà en place lors la dernière soirée électorale.
Lac-Saint-Jean était auparavant un bastion du Bloc québécois ( BQ). Lucien Bouchard l’a conservé pendant l’entièreté de sa carrière fédérale. Il s’est ensuite présenté aux élections provinciales sous la bannière du Parti québécois dans cette même région.
Si le BQ devait revenir en force sur l’échiquier fédéral, Lac-Saint-Jean serait, en principe, une des premières circonscriptions à remporter.
Mais le 23 octobre, le BQ – malgré l’appui de l’imposante organisation du Parti québécois sur le terrain de même qu’un candidat viable – a reçu moins d’un vote sur quatre, une mince amélioration de son dernier résultat de 18%.
Les conservateurs et les néo-démocrates n’auraient pas pu demander un meilleur moment pour cette élection partielle. Les libéraux se sont créé des ennuis tout au long de la campagne, non seulement sur la Colline du Parlement, mais ailleurs également.
On pense notamment au tollé découlant de la réforme fiscale touchant les propriétaires de PME, à la controverse causée par le ministre des Finances Bill Morneau quant aux actifs de son entreprise familiale et à l’échec flagrant de Mélanie Joly à
concernant son entente avec Netflix. Tous ces dossiers ont fourni de la chaire à canon aux partis d’opposition.
Les sondages démontrent que les Québécois se sentent généralement inquiets quant à la légalisation imminente de la marijuana.
Les conservateurs ont grandement essayé de tirer avantage de ces préoccupations.
Quand le nouveau chef néo-démocrate Jagmeet Singh s’y est rendu, il a martelé que le NPD serait toujours prêt à jouer selon les règles de référendum fixées par le Québec.
Justin Trudeau était de passage au LacSaint-Jean au lendemain de l’adoption par l’Assemblée nationale de la loi controversée sur le visage découvert. Pendant son séjour, on l’a bombardé de questions au sujet du projet de loi 62. En fin de compte, il n’a pas fermé la porte à une contestation possible.
Évidemment, les électeurs n’en ont pas voulu aux libéraux de cette confrontation. Jusqu’à maintenant, Trudeau ne s’est pas fait de tort dans sa province natale en se positionnant à contre-courant des sondages sur la question.
En 2015, son opposition à l’interdiction du port du niqab lors des cérémonies de citoyenneté (proposée par les conservateurs) ne l’a pas empêché de gagner la ma- jorité des sièges au Québec.
Bien que la question de laïcité imposée influence les résultats dans les sondages, on ne voit pas cette influence au bureau de scrutin.
Petite parenthèse: le 24 octobre, la ministre de la Justice Stéphanie Vallée a retiré beaucoup de ses paroles au sujet de forcer les particuliers qui reçoivent ou offrent un service public d’enlever tout ce qui couvre en partie ou entièrement le visage (des lunettes de soleil aux voiles musulmans). Sa dernière interprétation de son propre projet de loi voudrait que l’on ait seulement à découvrir son visage à des fins d’identification – au moins dans le cas de transport public ou de bibliothèques locales.
C’est en raison d’un vote divisé au Québec que le Bloc et les conservateurs menés par Harper ont acquis un plus grand nombre de sièges en 2015.
Le NPD est en déclin depuis sa percée importante de 2011. Cette chute s’est accélérée après que le parti ait évincé Thomas Mulcair.
Jagmeet Singh, lui, peut se consoler du fait qu’aucun de ses concurrents à la chefferie du NPD n’aurait mieux fait que lui le 23 octobre.
Andrew Scheer a perdu Lac-Saint-Jean, mais les conservateurs devraient plutôt s’intéresser à la piètre performance du NPD. L’appui à celui-ci a chuté de 28% à 12%.
Si nous soustrayons quelques points de pourcentage du NPD dans les circonscriptions québécoises, soudainement, les libéraux ont accès à 20 sièges de plus en 2019. Si ça devient une réalité, les trois autres partis n’auront que des miettes à se partager dans la Belle Province.