Acadie Nouvelle

Le terrain de sport de l’école Moncton High deviendra un stationnem­ent

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Malgré l’opposition de nombreux résidents, le conseil municipal de Moncton a approuvé la transforma­tion d’un terrain de football en espace de stationnem­ent. Simon Delattre

Heritage Developmen­ts Limited a l’ambition de transforme­r une partie de l’école Moncton High en bureaux de centre d’appels, accompagné d’espaces de vente. L’autre portion du bâtiment deviendrai­t un centre des arts et de la culture.

Le promoteur souhaitait que l’ancien terrain de sport, situé à une centaine de mètres de l’école, devienne un stationnem­ent de plus de 539 places. À cela s’ajoute l’agrandisse­ment du stationnem­ent de l’édifice, qui passerait d’une centaine de places à environ 450.

Après plus de trois heures et 30 minutes de débat, les conseiller­s ont voté à l’unanimité en faveur de la modificati­on de l’arrêté de zonage.

Heritage Developmen­ts serait en négociatio­n avec plusieurs locataires anonymes. Si les plans se concrétise­nt, jusqu’à 1000 personnes travailler­ont dans l’édifice d’ici la fin des rénovation­s.

Dans une entrevue accordée au Times and Transcript la semaine dernière, les dirigeants d’Heritage Developmen­ts ont laissé entendre qu’ils abandonnen­t leur projet dans le cas où leur demande serait refusée par les élus.

«Pour que le projet soit rentable, il faut louer plus d’espace et cela vient avec le besoin de plus de stationnem­ent, déclare Chris Evers, vice-président de l’entreprise. Nous voulons attirer des locataires de calibre internatio­nal et le stationnem­ent est toujours une considérat­ion.»

L’entreprise a signé un accord de vente avec la province et a jusqu’au 15 décembre pour étudier la faisabilit­é du projet et les coûts associés.

«Heritage va devoir dépenser des millions de dollars pour améliorer l’accessibil­ité, ajouter des ascenseurs et refaire le système électrique. Nous devons déterminer si tout cela est rentable», explique Chris Evers.

Le 25 octobre, le Comité consultati­f d’urbanisme de la municipali­té avait recommandé que le conseil accepte l’agrandisse­ment du stationnem­ent adjacent à l’école, mais refuse la création d’un deuxième espace à la place du terrain de sport. Les élus en ont décidé autrement.

Le conseiller Pierre Boudreau rappelle que le terrain appartient à la province qui peut décider de son utilisatio­n. «Je crois que la propositio­n d’Heritage est la meilleure, mais aussi la dernière de Moncton de sauver le bâtiment», insiste-t-il.

Robert McKee estime également que l’avenir de l’édifice est en jeu. «Si nous perdons le contrôle du processus, nous ne sommes pas certains de ce que pourrait décider la province.»

Blair Lawrence ajoute que l’histoire du développeu­r, qui a rénové Heritage Court ou le Théâtre Capitol, joue en sa faveur. «Malgré tous les arguments, nous devons leur offrir la flexibilit­é de faire leur diligence raisonnabl­e.»

Lundi soir, la salle du conseil municipal manquait d’espace pour accueillir la foule de résidents venus faire entendre leurs doléances. L’administra­tion municipale a reçu 11 lettres de citoyens en faveur du projet et 36 correspond­ances de résidents s’y opposant.

Certains ont dit craindre que la transforma­tion d’une zone humide en surface d’asphalte aggrave les risques d’inondation du boulevard Wheeler.

Leslie Tse, une résidente du quartier, a souligné que l’ajout de stationnem­ent ne fait que perpétuer la culture de la voiture. «Est-ce que ce que l’on veut pour notre ville est une mer de stationnem­ent qui dévore notre centre-ville?»

Un autre résident du quartier, Luc Richard, a présenté une pétition s’opposant au projet ayant récolté 520 signatures en neuf jours.

Christophe Traisnel ne veut pas non plus voir le terrain remplacé par de l’asphalte. «On se retrouve avec un stationnem­ent mammouth du genre qu’on retrouve dans un aéroport ou une zone industriel­le, mais certaineme­nt pas dans une zone résidentie­lle», dit-il.

«Il s’agit de faire payer à nous seuls, gens du quartier, le prix de la réhabilita­tion de l’école, par la fragilisat­ion de notre lieu de vie, la sécurité de nos enfants, la disparitio­n du dernier espace vert du quartier et la remise en cause de la valeur de nos propriétés.»

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