Le Parti québécois est le responsable de son propre malheur
Le Parti québécois est une des principales forces politiques au Québec depuis cinq décennies. Mais l’année prochaine, son 50e anniversaire sera peut-être marqué par la fin de son influence.
Lors des prochaines élections provinciales l’an prochain, le PQ pourrait se voir relégué au même rôle insignifiant que joue son cousin fédéral, le Bloc québécois, à la Chambre des communes depuis 2011.
À moins d’un an de l’élection, il est de moins en moins probable que le principal parti souverainiste du Québec accède au pouvoir. L’écart de l’appui entre le PQ (en troisième place) et ses deux rivaux principaux s’élargit. Et son avance sur Québec solidaire en quatrième place se réduit.
Un sondage effectué par Léger Marketing, publié par Le Devoir il y a deux semaines, place l’appui du PQ à 20%, soit neuf points de moins que les libéraux et quatorze points de moins que la Coalition avenir Québec, maintenant à la tête.
Si ces chiffres se confirment, le chef JeanFrançois Lisée mènera ce parti autrefois dominant à une défaite historique.
Bien que les résultats du sondage semblent catastrophiques, ils n’ont pas surpris la majorité des observateurs. En fait, c’est la chute des libéraux en deuxième place qui a plutôt attiré leur attention. Depuis des mois, de plus en plus de partisans du PQ donnent leur appui à la CAQ. Le PQ est certainement l’auteur de son propre malheur.
Lisée espérait changer le sort de son parti en mettant tout plan de référendum du parti en veilleuse au moins jusqu’en 2022. Mais la retraite stratégique du PQ du front souverainiste a eu l’effet contraire.
Étant donné que ce parti met les freins sur le mouvement d’indépendance, ses partisans n’hésitent pas à donner leur appui à un autre parti qui pourrait remplacer les libéraux du premier ministre Philippe Couillard.
Les stratèges du PQ espéraient que l’affrontement en Espagne sur l’indépendance de la Catalogne ranimerait leur propre cause. À une époque, la réaction du reste du Canada au projet de loi 62 – la nouvelle loi québécoise exigeant d’offrir et de recevoir des services municipaux et provinciaux au visage découvert – aurait généré de l’appui pour la souveraineté et pour son porte-étendard. Jusqu’à maintenant, aucune de ces deux affaires ne s’est traduite en appui pour le PQ.
Le chef de la CAQ, François Legault, a déjà fini en troisième place lors d’un vote après avoir figuré en première place dans les sondages. À la suite du congrès de fondation de son parti en 2011, il jouissait d’une avance considérable, mais n’a pas réussi à la traduire en votes.
Mais à cette époque, Legault – initié aux politiques sous la bannière souverainiste – venait de tourner le dos au PQ. De nombreux électeurs se méfiaient alors de sa conversion au fédéralisme. Et grand nombre de souverainistes croyaient qu’il avait trahi la cause.
Au cours des six dernières années, on a vu une évolution dans les politiques québécoises qui ne se limite pas à l’affrontement entre les fédéralistes et les souverainistes – surtout sur la scène fédérale.
Legault a également modifié certaines des politiques les plus controversées de son parti. On n’entend plus la CAQ jouer avec l’idée d’un système de soins de santé à deux vitesses. Aujourd’hui, le parti se concentre plutôt sur l’économie.
On ressent l’impact du PQ à l’extérieur des frontières du Québec depuis sa fondation en 1968, et non seulement en raison de la menace que présente le parti à l’unité nationale.
Le premier gouvernement à interdire les sociétés de financer les partis politiques a été celui du PQ sous René Lévesque. Les partis fédéraux et certaines provinces ont maintenant adopté des variations de cette règle.
Certains souverainistes éminents, comme les anciens premiers ministres Jacques Parizeau et Bernard Landry, ont appuyé le libre-échange entre le Canada et les ÉtatsUnis dès le début. Sans l’appui du Québec, l’accord de libre-échange de 1988 de Brian Mulroney n’aurait pas survécu à l’élection fédérale de cette année-là.
Sous Lucien Bouchard, le parti a lancé un système public de service de garde sans équivalent dans le reste du pays, voire dans le reste de l’Amérique du Nord.
La souveraineté n’est plus populaire auprès des jeunes Québécois. Le nationalisme extrême promu par les baby-boomers qui défendent les intérêts du PQ par défaut n’est plus conforme à une société québécoise de plus en plus diversifiée. Toutefois, ça fait longtemps depuis que le PQ a présenté aux Québécois des politiques ambitieuses et progressistes dignes d’un mandat à la tête du gouvernement.