LES LIBÉRAUX BOUDENT KEVIN ARSENEAU
Le comité d’approbation du Parti libéral du Nouveau-Brunswick s’oppose à la candidature de Kevin Arseneau dans Kent-Nord. Les prises de position du fermier de Rogerville ne cadraient pas avec l’idéologie du parti au pouvoir.
«Vos opinions personnelles ainsi que vos prises de position publiques ne concordent pas idéologiquement avec la ligne d’action législative, la plateforme et les valeurs du Parti libéral provincial», peut-on lire dans la lettre signée par Victor Boudreau.
Kevin Arseneau avait annoncé sa candidature à l’investiture libérale de Kent-Nord en septembre, juste après avoir présenté sa démission au poste de président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick.
«Le comité est également d’avis que les gestes que vous avez posés dans le passé ne satisfont pas aux critères de conduite attendus de la part d’un candidat de parti», poursuit Victor Boudreau.
En avril 2015, Kevin Arseneau, alors membre de l’Union nationale des fermiers, avait été expulsé de l’Assemblée législative pour s’être adressé publiquement aux députés lors du rejet d’un projet de loi du Parti vert sur l’alimentation locale.
Le comité juge que le fermier et activiste de Rogersville n’est pas un «candidat convenable» et rappelle que ce dernier avait brigué l’investiture du Parti vert dans Restigouche-Chaleur en vue des élections de 2014, avant de se désister.
La lettre datée du 9 novembre liste une série de commentaires publics émis par M. Arseneau exprimant son opposition aux politiques du gouvernement Gallant. Le 11 novembre 2016, il avait notamment qualifié la politique agricole provinciale de «néolibérale» et «industrielle»,
«En tenant compte des exemples ci-dessus, et d’autres faits examinés, il est difficile de déterminer si vous êtes un authentique libéral», écrit Victor Boudreau.
«ILS ONT PEUR DU CHANGEMENT»
Kevin Arseneau se dit déçu, mais pas complètement surpris de la décision. «C’est clair que je n’étais pas un candidat orthodoxe», lance-t-il. «Quand j’ai lu la lettre, je me suis dit: ils ont peur du changement.»
L’agriculteur dénonce une culture politique «malade et renfermée». Il estime que cet épisode montre le manque de pluralisme des idées au Nouveau-Brunswick et l’incapacité des partis à représenter les citoyens.
«C’est désolant de voir cette fermeture-là, je n’ai même pas eu la chance de parler avec quelqu’un du parti. Ça en dit beaucoup sur la santé de notre démocratie», dit-il.
«Il y a une culture d’intimidation et de menace en politique au Nouveau-Brunswick. Dans ma démarche, j’avais dit que je ne me laisserais pas menacer. Si on m’avait demandé de prendre une position à l’encontre de celle de mes concitoyens à coups de menaces, je ne l’aurais pas fait.»
Kevin Arseneau n’entend pas faire appel, mais ne ferme pas la porte à une candidature indépendante ou sous la bannière d’un autre parti. «L’envie de représenter les gens de la circonscription est bien vivante», lâche-t-il.