Acadie Nouvelle

Le casse-cou de Bédec

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Leur propriétai­re connaîtra la joie d’être père pour la première fois. Plutôt que de voyager à travers le monde en quête de sensations fortes et de vitesse dans des buttes glacées, le nouveau papa en vivra de tout aussi fortes - mais bien différente­s - en tenant dans ses bras réconforta­nts cette petite merveille. Déjà, on se demande une chose: naîtra-t-elle avec des patins dans les pieds?

Après 10 ans à encaisser les chocs des bosses et des virages abrupts, Bruno Richard met sa carrière de crasheur en veilleuse. Pour combien de temps? Peut-être seulement quelques mois. Peut-être une année. Peutêtre pour toujours. Allez donc savoir…

À la suite d’une belle carrière au hockey, Richard a osé quitter les sentiers battus pour en défricher de nouveaux dans la province. Ça prenait du courage et assurément une petite dose de folie. Personne avant lui ne pouvait dire chez nous ce que ça pouvait bien manger en hiver, des compétitio­ns de Red Bull Crashed Ice. C’était de l’inconnu.

Aujourd’hui, on le sait: ça mange de la glace. Beaucoup de glace. Et encore plus de l’adrénaline.

Un jour, lorsque quelqu’un décidera d’écrire un livre sur l’histoire du sport en Acadie, il devra absolument réserver un chapitre au sympathiqu­e casse-cou de Bédec. Parce qu’il le mérite bien.

Car cet athlète aux cuisses grosses comme des jambons (cette remarque de votre humble serviteur l’avait fait bien rire et avait rapidement fait le tour du circuit) aura porté à bout de bras, pendant des années, ce sport de haute voltige. Et pas seulement en tant que compétiteu­r féroce qui n’attendait que le signal de départ au haut de la colline pour s’élancer à toute vitesse contre trois adversaire­s tout aussi rusés et rapides que lui.

Certes, comment oublier sa 26e position au classement mondial en 2011. Ou sa 14e place au Red Bull Crashed Ice dans le VieuxQuébe­c l’année suivante. Et que dire de son 13e rang aux Pays-Bas en 2013, alors qu’il avait même éliminé le champion Cameron Naasz avant la finale. Des exploits en soi. Mais on se souviendra surtout de Bruno comme celui qui a osé amener ce sport un peu fou au Nouveau-Brunswick. La Course XTreme de Bathurst a été un incroyable succès sur piste et n’eût été des effets impitoyabl­es de la météo, on verrait encore des

Cet hiver, les patins de Bruno Richard resteront accrochés dans l’entrée de sa maison. Après tant d’années à user leurs lames sur les pentes abruptes du circuit de Red Bull Crashed Ice, ils prendront un repos bien mérité.

descendeur­s de calibre mondial s’élancer sur la butte du Collège communauta­ire de Bathurst cet hiver.

Cette épreuve, même si elle n’existe plus, a fait des petits. Memramcook tentera sa chance cet hiver. À Atholville, les patins à neige gagnent en popularité, au point où nous verrons en mars une deuxième descente de calibre mondial.

Sans oublier que plusieurs athlètes du Nouveau-Brunswick ont choisi de suivre ses traces de lames, le plus bel espoir étant Samuel Nadeau d’Atholville, qui portera à son tour le flambeau sur les circuits de la Coupe Riders et du Red Bull Crashed Ice cet hiver.

Bruno Richard remisera ses patins et les lames usées se couvriront probableme­nt d’un peu de rouille, mais son héritage est encore bien vivant. Juste pour ça, il mérite notre plus grand respect. Il en a fait bien plus que ce que le client en demandait. Et si jamais il ne devait plus jamais disputer une autre descente, il pourra dormir tranquille.

Ou du moins, essayer, avec sa petite fille dans les bras…

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Bruno Richard - Archives
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