UNE ÉTUDIANTE AU PARCOURS ATYPIQUE
Les étudiants issus de l’immersion inscrits à l’Université de Moncton peuvent compter sur un bon coup de pouce d’Isabelle Bujold et de son équipe du Groupe-pont.
Chaque automne, ils sont en moyenne deux douzaines à faire le saut des programmes d’immersion du NouveauBrunswick à l’Université de Moncton.
Pour éviter de faire le saut sans parachute, la majorité d’entre eux choisissent de se joindre au Groupe-pont, créé il y a plusieurs années par l’institution.
«Quand ils arrivent ici, on s’occupe vraiment de bien les encadrer, surtout dans leur première année», explique la responsable de ce programme, Isabelle Bujold.
Les membres du Groupe-pont suivent notamment des cours de français spéciaux. Dans des classes regroupant au plus 25 d’entre eux, ils reçoivent un enseignement taillé sur mesure.
«Les cours sont construits pour eux. On voit quand même les mêmes cours. À la fin, ils ont l’équivalent, ils ont vu la même matière que les francophones. Mais on l’enseigne vraiment pour eux.»
Ces cours –qu’ils suivent de façon intensive, à raison de deux par session au cours de la première année du baccalauréat – visent à outiller les étudiants et à combler quelques lacunes.
«Règle générale, quand les étudiants sortent des écoles d’immersion, ils parlent très bien le français. Ils comprennent tout, il n’y a pas de problème. Mais à l’écrit, il y a souvent de grandes lacunes parce que l’accent n’est pas mis sur l’écrit à l’école.»
Comme l’expérience vécue par ces étudiants est particulière et qu’ils peuvent avoir besoin d’en jaser avec des gens qui sont passés par là, des étudiants-mentors font partie de l’équipe du Groupe-pont.
«Ils vont les appeler à quelques reprises juste pour vérifier comment ça va, pour voir s’ils ont des questions. Parce que souvent, quand tu parles à quelqu’un qui a vécu la même chose que toi, tu vas pouvoir mieux être compris. Il y aussi un tuteur qui vient dans le local deux fois par semaine pour offrir de l’aide en français.»
Les premières semaines sont les plus éprouvantes pour ces étudiants, confie-telle. Ils doivent apprendre à décoder ce que disent les francophones, qui ont souvent un débit plus rapide et un accent avec lequel ils ne sont pas familiers. Mais les choses se placent habituellement avant la fin de la première session.
«Pendant les trois premières semaines, c’est là où ils doivent s’adapter et entendre les accents. Au bout de trois semaines, ils vont souvent me dire “hé, j’ai rêvé en français pour la première fois de ma vie!” Quand ils rêvent en français, il y a un déclic.»
Ce n’est pas tout. Isabelle Bujold et ses collègues mettent vraiment le paquet et offrent à leurs protégés l’occasion de leur demander un coup de main avec leurs travaux jusqu’à la fin de leurs études de premier cycle.
«Chaque fois qu’ils remettent un travail écrit, ils peuvent me l’envoyer à moi ou à ma collègue. Nous faisons une lecture du travail. On le corrige, mais on ne le change pas. On met les commentaires. Ils reprennent leur travail, le repassent avec nos commentaires et ils le remettent.»
Certains membres du Groupe-pont font effectivement appel à leurs services du début à la fin de leur baccalauréat. Isabelle Bujold peut alors voir leur progression. Et les résultats sont impressionnants, selon elle.
«En lisant ce qu’ils m’envoient au début et ce qu’ils m’envoient à la fin, tu croirais qu’il s’agit de deux personnes différentes. Parce que le progrès est là. À la fin, évidemment il n’y a pas autant de choses à corriger qu’en première année. Donc ça fonctionne.»