MANIF EN VUE AU DIOCÈSE DE BATHURST
LE STYLE DE MGR JODOIN NE FAIT PAS L’UNANIMITÉ
Une manifestation pacifique aura lieu devant la résidence de l’évêque de Bathurst, dimanche, pour protester contre certaines de ses décisions. Dans le même temps, le père Ferguson encourage les paroissiens à ne pas se laisser emporter.
Les paroissiens ne digèrent pas le départ forcé du prêtre David Ferguson, qui oeuvrait à l’église anglaise Sainte-Famille de Bathurst, de même que le changement de garde au sanctuaire de Sainte-Annedu-Bocage, à Caraquet. Le dossier des rénovations à l’église de Bas-Caraquet a également fait l’objet de tensions entre l’évêque, Daniel Jodoin, et les paroissiens.
C’est pour toutes ces raisons que des croyants de la Péninsule acadienne et de la région Chaleur ont décidé de se rassembler devant l’évêché.
«C’est pacifique. On va prier, ou chanter et même avoir des moments de silence. C’est pour toutes les causes. SainteAnne du Bocage, Bas-Caraquet, le père Ferguson, etc. Pas question de faire du grabuge là. On va prier et chanter pour obtenir des grâces dans ces épreuves», a expliqué une des organisatrices, Claire Arseneau.
Sur le tract en vue du rassemblement, il est demandé: «Avons nous [le] bon berger?», en référence à l’évêque Daniel Jodoin. La réponse est sans équivoque: «NON!».
Toujours sur cet avis, Mgr Jodoin est accusé de ne pas être transparent, d’être un dictateur et de déformer la vérité.
«Nous ne sommes pas écoutés. L’évêque impose ses volontés et nous ne pouvons pas accepter cela. Nous avons toujours eu une bonne collaboration avec l’ancien évêque, des partages. Ça n’existe plus», a déclaré Roberta Dugas, ancienne responsable du patrimoine au sanctuaire.
La mise à l’écart du père Ferguson, pour des raisons de santé selon le diocèse, semble avoir été la goutte de trop.
«Nous voulons prier pour le mieux dans le diocèse, avec tout ce qui s’y passe», a exprimé Betty Bouma, la coprésidente du comité paroissial de Sainte-Famille.
Une page, Sauvons père Ferguson, a été créée sur Facebook, il y a un peu plus d’une semaine. Elle comptait 427 membres mardi matin.
Les critiques sont vives sur la manière dont l’évêque administre le diocèse. Des internautes ne se gênent pas pour écrire qu’il devrait retourner au Québec. D’autres menacent de ne plus assister aux messes.
Est-ce ces commentaires qui ont poussé le père Ferguson à sortir de son silence? Dans une déclaration publiée dimanche, Jour du Seigneur, il dit, d’entrée de jeu, qu’il est bien.
«Je suis à discerner quelle voie prendre pour mon bien-être personnel et pour le bien-être de tous ceux et celles qui sont touchés par les défis variés que présentent les circonstances que nous vivons actuellement», peut-on lire.
David Ferguson remercie les gens pour leurs témoignages et leur soutien, tout en les invitant à faire preuve de modération dans leurs propos.
«À vous qui «postez» sur Facebook, soyez toujours charitable et plein d’amour dans vos paroles. Car une fois que les mots sont écrits, on ne peut plus les reprendre. Ne nous laissons pas emporter. Ne tombons pas dans une culture de mépris et de commérages. Soyons des témoins du Christ.»
Quelques jours plus tôt, le père Gérald Croteau, qui officie à l’église SainteFamille, s’est porté à la défense de Mgr Jodoin, sur les réseaux sociaux.
«Il semble que l’évêque a été jugé par des ouï-dire, de fausses informations ou quelques fragments d’informations. C’est dommage que des commentaires haineux soient propagés par des gens de bonne foi. C’est à cause de cette haine répandue et augmentée... qu’ensuite une personne dérangée prend une arme à feu et veut résoudre le problème. Il semble que nous devons retourner à la charité qui est d’aimer comme Dieu aime. S’il-vous-plaît, ne vous livrez pas à cela. Cela ne fera aucun bien au père Ferguson, ni à vous ni à l’évêque.»
Gregory Pitre, un citoyen de Bathurst âgé de 68 ans, est accusé d’avoir menacé l’évêque, il y a une douzaine de jours. Il subit une évaluation psychiatrique et reviendra en cour le 4 décembre.
«Je veux que le père Ferguson retourne dans son église pour que la paix règne dans la paroisse. Il faut qu’on arrête de le traiter comme un malade», résume Nicole Pitre, la directrice de la chorale.