LE NPD MISE SUR LES FRANCOPHONES
Selon la nouvelle chef Jennifer McKenzie, il s’agit de la région qui offre le plus grand potentiel pour son parti
À l’approche des élections provinciales de 2018, le Nouveau Parti démocratique du Nouveau-Brunswick mise sur un retour aux sources et sur le nord de la province pour réaliser une percée à Fredericton, déclare la nouvelle chef du NPD du N.-B., Jennifer McKenzie, à l’occasion d’une rencontre éditoriale avec l’Acadie Nouvelle.
Élue à la tête du NPD du N.-B. cet été, Jennifer McKenzie, résidente de Saint-Martins, dans la région de la baie de Fundy, espère envoyer des députés néo-démocrates à Fredericton. Pour y arriver, elle entend ramener la formation politique vers ses racines à la gauche.
Elle est notamment en faveur d’une hausse du salaire minimum à 15$ de l’heure. Dans le passé, elle a aussi parlé de l’importance de mettre en place des services de garde universels, une pension de retraite pour tous.
Elle s’oppose à la privatisation de services publics.
Le parti politique cible le nord de la province.
Il s’est livré à une comparaison des résultats de l’élection provinciale de 2014 et de l’élection fédérale de 2015 par boîte de scrutin. L’analyse a permis de déterminer que les gains les plus considérables pourraient être réalisés dans le nord de la province. Deux circonscriptions sont particulièrement ciblées, mais Mme McKenzie refuse de les nommer pour l’instant.
Bien qu’il n’ait pas gagné son élection, Ray Godin a réussi à récolter 29,12% des voix dans Restigouche-Chaleur en 2014. Mathieu Chayer a obtenu des résultats respectables dans Caraquet en obtenant 19,02% du vote.
Au niveau fédéral, Yvon Godin a été le député d’Acadie-Bathurst pendant 18 ans, de 1997 à 2015.
«L’avenir du NPD passe par le nord du Nouveau-Brunswick. La société est plus à gauche et les libéraux n’ont pas les réponses aux problèmes auxquels font face les gens du Nord.»
Le NPD est absent de l’Assemblée législative à Fredericton depuis 12 ans.
Elizabeth Weir, ancienne chef du parti, a représenté des circonscriptions de la région de Saint-Jean, de 1991 à 2005, jusqu’à sa retraite.
DÉFENDRE LA DUALITÉ LINGUISTIQUE
L’ingénieure de formation reconnaît toutefois qu’il lui reste beaucoup de travail à faire pour marquer des points auprès des francophones du Nord.
Son prédécesseur, Dominic Cardy, a suscité la controverse lorsqu’il a mis en doute la nécessité d’avoir des autobus scolaires séparés sur une base linguistique. Il a aussi critiqué la commissaire aux langues officielles du Nouveau-Brunswick, Katherine d’Entremont.
Mme McKenzie s’engage à être une ardente défenderesse de la dualité linguistique. Elle a suivi des cours de français intensifs ce printemps à Shippagan et elle doit y retourner cet hiver.
Ses efforts portent leurs fruits. La presque totalité de la rencontre éditoriale avec l’Acadie Nouvelle s’est déroulée en français.
«Je crois que les deux langues officielles nous apportent de la richesse. C’est un avantage, pas un défaut. C’est important pour nous de célébrer les choses qui nous rendent uniques. Pour moi, c’est (le bilinguisme) une ressource que nous n’utilisons pas à son plein potentiel. (…) Je comprends complètement pourquoi ils veulent avoir des autobus séparés pour les anglophones et francophones. C’est difficile à maintenir la langue française quand il y a des enfants qui parlent l’anglais dans le même autobus.»
LA SANTÉ, UN ENJEU MAJEUR, CROIT-ELLE
Jennifer McKenzie s’oppose farouchement au transfert du Programme extramural et de Télé-Soins à Médavie, un organisme privé à but non lucratif.
«Notre parti a fondé le système de santé publique au Canada. On est complètement contre la privatisation. L’intérêt privé n’est pas la même chose que l’intérêt public. On a vu ce que ç’a donné avec Ambulance NB sous la gestion de Medavie. Ça ne marche pas pour les gens du Nouveau-Brunswick.»
Selon elle, les gens en milieu rural, les aînés et les personnes à faible revenu seront les plus touchés par cette décision.
«Il est important de maintenir nos institutions publiques. Le meilleur service en santé est un service public.»
Mme McKenzie est persuadée que cette question continuera de hanter le premier ministre Brian Gallant jusqu’à la prochaine élection.
«Que ce soit dans le Nord ou dans le Sud, tous les gens à qui j’ai parlé sont opposés à la privatisation de notre système de santé. C’est le plus grand enjeu en ce moment pour les gens du Nouveau-Brunswick.»
«Il faut convaincre les gens du Nouveau-Brunswick qu’ils partagent les mêmes valeurs que le NPD.»