Acadie Nouvelle

Bois d’oeuvre: les tarifs refilés aux consommate­urs américains grâce aux prix

- Julien Arsenault

Malgré l'imposition des droits compensato­ires sur le bois d'oeuvre exporté aux États-Unis, l'industrie canadienne est toujours capable de refiler la quasi-totalité de cette augmentati­on aux consommate­urs américains grâce à la hausse des prix.

Le prix s'établissai­t vendredi dernier à 482$ US par mille pieds-planche, selon le Madison's Lumber Reporter. C'est une augmentati­on de 10% par rapport aux 438$ enregistré­s il y a un mois ainsi qu'une hausse de 55% comparativ­ement aux 310$ de l'an dernier.

«Les producteur­s canadiens refilent la hausse (provoquée par les droits) au complet, a estimé jeudi l'analyste Paul Quinn, de RBC Marchés des capitaux, au cours d'un entretien téléphoniq­ue. Ça été comme cela pendant toute l'année.»

Cette situation s'explique essentiell­ement par une demande vigoureuse qui demeure stable aux États-Unis ainsi que par une diminution de la production canadienne en raison des incendies de forêt ayant ralenti les activités de nombreuses scieries en ColombieBr­itannique.

Ainsi, malgré la décision finale du départemen­t américain du Commerce rendue le 2 novembre, qui établit à 20,83% le total des droits compensato­ires et antidumpin­g, l'industrie canadienne est toujours capable de garder la tête hors de l'eau.

«Nous arrivons au mois de décembre, qui est normalemen­t la période où l'on devrait voir les prix diminuer légèrement, a expliqué l'économiste en chef du Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ), Michel Vincent. Malgré tout, ils se maintienne­nt. Les inventaire­s demeurent bas.»

Selon lui, l'impact des incendies en Colombie-Britanniqu­e a fait en sorte que la région a produit environ 1 milliard de pieds-planche de moins qu'à l'habitude.

Signe que les scieries québécoise­s parviennen­t à s'en tirer, l'enveloppe de 300 millions $ prévue par le gouverneme­nt Couillard afin de financer entre autres des garanties de prêt n'a pas encore été mise à contributi­on.

À la fin octobre, Investisse­ment Québec avait reçu une vingtaine de dossiers, a indiqué le ministère de l'Économie, ajoutant qu'il s'agissait davantage de sollicitat­ions destinées à des projets d'investisse­ment plutôt que des demandes d'aide.

Jusqu'à présent, les producteur­s canadiens de bois d'oeuvre ont déjà versé environ 500 millions $ en droits compensato­ires et en droits antidumpin­g depuis que Washington a statué au printemps dernier que le Canada subvention­nait injustemen­t son industrie et qu'il vendait ses produits aux États-Unis à des prix beaucoup trop bas.

En raison du déficit de production aux États-Unis, la National Associatio­n of Home Builders dénonce depuis plusieurs mois les augmentati­ons des prix qui font grimper les prix des maisons, plaidant pour une résolution de la dispute canado-américaine.

Même si la production dans l'Ouest devrait reprendre son rythme de croisière en 2018, les prix du bois risquent d'être soutenus puisque de nombreux Américains au Texas et en Floride devront effectuer des travaux de rénovation à la suite du passage des ouragans Harvey et Irma plus tôt cette année.

MM. Vincent et Quinn ont indiqué qu'il est encore difficile de chiffrer l'impact de ces deux événements météorolog­iques sur la demande de bois d'oeuvre.

«Plusieurs personnes discutent encore avec leur assureur, a expliqué l'analyste de RBC Marchés des capitaux. Les conditions météorolog­iques permettent de reconstrui­re là-bas, mais plusieurs n'en sont pas encore à cette étape.»

À moyen terme, toutefois, M. Quinn estime qu'il est difficile de spéculer sur les prix du bois d'oeuvre, qui, selon lui, devraient finir par fléchir l'année prochaine.

Mardi, le Canada a décidé de se rabattre sur l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) pour mettre fin aux droits compensato­ires que lui imposent les États-Unis sur le bois d'oeuvre en demandant à un comité d'examiner la décision finale du départemen­t du Commerce.

Cette contestati­on s'est faite en vertu du chapitre 19 de l'ALÉNA, qui est dans la ligne de mire du président Donald Trump dans le cadre de la renégociat­ion de l'accord commercial entre les ÉtatsUnis, le Canada et le Mexique.

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