Acadie Nouvelle

Jean-Pierre Morin ou la machine à faire de l’art

- Sylvie Mousseau sylvie.mousseau@acadienouv­elle.com @SylvieMous­seau1

Quand Jean-Pierre Morin regarde ses dessins, il ne peut s’empêcher de les imaginer en mouvement. Conjuguant les arts visuels, la musique et le cinéma, l’artiste de Moncton travaille à de multiples projets qui bousculent parfois l’ordre établi.

Rares sont les cinéastes d’animation en Acadie. Après Anne-Marie Sirois, peu d’artistes ont choisi cette voie. Jean-Pierre Morin, alias Jeep Jones, a fait des études à Montréal dans ce domaine et s’y consacre depuis le début des années 2000. Depuis 2006, l’artiste de Moncton s’est donné comme défi de présenter un film d’animation toutes les années au Festival internatio­nal du cinéma francophon­e en Acadie. Cette fois, il propose une oeuvre de trois minutes sur une chanson de son groupe Syntax Error, $1:25.

Jean-Pierre Morin admet que le cinéma d’animation est une denrée plutôt rare en Acadie.

D’abord, le Studio Acadie de l’ONF a perdu son volet animation depuis plusieurs années. De plus, la formation universita­ire dans ce domaine est pratiqueme­nt inexistant­e. Le cinéma d’animation est aussi souvent perçu comme un médium destiné exclusivem­ent aux enfants. Le cinéaste admet que le cinéma d’animation est un drôle de médium qui se situe à mi-chemin entre le côté abstrait des arts visuels et l’aspect linéaire et plus encadré du cinéma.

«C’est un peu entre la prose et la poésie. On a souvent des attentes quand on voit un film avec un début, un milieu et une fin, mais les animateurs ont plutôt un tempéramen­t d’artiste dans leur façon de voir le monde», a-t-il fait valoir.

En 17 ans, Jeep Jones a réalisé une trentaine de films. Artiste visuel, musicien, chanteur et cinéaste, celui qui ne manque pas d’imaginatio­n se considère un peu comme une machine à faire de l’art. Quand il obtient une bourse du conseil des arts, il se lance à fond de train dans la production artistique: films, peintures, albums de musique.

«Pour moi, avoir une subvention c’est un don important. Je vais faire le plus d’art que je peux pendant que j’ai la liberté de le faire. J’essaie de survivre pour que je puisse faire de l’art. Si je ne fais pas de l’art, je ne me sens pas trop bien.»

Pour son plus récent film $1:25, il raconte que la chanson lui a inspiré rapidement des images. Il a réalisé ce film en deux semaines. C’est assez rudimentai­re comme style d’animation. Il compare son approche à celle du peintre Jackson Pollock qui lançait de la peinture sur ses toiles. Jean-Pierre combine l’ordinateur et le dessin à la main pour créer ses films, lui permettant ainsi d’être davantage dans l’immédiat et la spontanéit­é.

«C’est une chose de faire le dessin, mais aussitôt que je vois ces dessins je ne peux pas m’empêcher d’imaginer qu’est-ce qui arriverait si c’était en vie. C’est un peu le syndrome de Pinocchio ou comme animateur je me sens comme Geppetto. Le trip est d’amener quelque chose en vie et comme artiste visuel c’est super intéressan­t.»

VOYAGE PSYCHÉDÉLI­QUE

Jean-Pierre Morin rêvait depuis longtemps de produire un film d’animation avec l’Office national du film du Canada. C’est maintenant chose faite. Il a entamé un projet d’animation avec l’ONF. De concert avec le producteur du studio de la francophon­ie canadienne – Acadie, Jac Gautreau, il travaille à ce projet depuis plusieurs mois. C’est un projet inspiré de son livre à colorier pour adulte Dédrimeur; un superhéros créé par l’artiste. Travailler avec l’ONF lui permet de pousser encore plus loin l’art de l’animation.

«C’est dans les films les plus longs que j’ai faits. Je m’inspire beaucoup de Norman McLaren et de ses films où il utilisait la musique jazz. On ne savait pas si c’était un film inspiré de la musique ou de la musique inspirée du visuel.»

Son film met en scène un superhéros qui voyage de toile en toile, à travers une dizaine de tableaux animés. «C’est un voyage psychédéli­que.»

Il envisage de terminer son film pour le présenter au Festival internatio­nal du film d’animation d’Annecy en France en août prochain.

Le FICFA propose une douzaine de films d’animation dans sa programmat­ion régulière. Le film de Jeep Jones est présenté ce vendredi à 19h au Cinéplex à Dieppe.

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– Acadie Nouvelle: Sylvie Mousseau Jean-Pierre «Jeep Jones» Morin imagine plusieurs de ses projets artistique­s au guidon de sa bicyclette.
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