VITALITÉ SONNE L’ALARME
Le Réseau de santé Vitalité est déçu de voir le gouvernement emprunter la voie législative afin de s’arroger le droit de s’entendre avec Medavie pour la gestion du Programme extra-mural.
Il fait explicitement référence au projet de loi 5, actuellement en cours d’adoption, qui vise à modifier la Loi sur les régies régionales de la santé.
Soumis à l’Assemblée législative le 25 octobre, ce projet de loi a franchi l’étape de la deuxième lecture le 8 novembre, avant d’être renvoyé devant le Comité permanent de la politique économique où il a été débattu la semaine dernière. Il pourrait être adopté définitivement dès la reprise des travaux à l’Assemblée législative, soit le 5 décembre.
«Nous avons toujours pensé et soutenu que le ministre n’avait pas – selon la législation en vigueur – le droit de signer une entente avec un autre parti pour la livraison des services extra-muraux. Et là, ce que l’on voit, c’est qu’il va s’approprier ce pouvoir et qu’il le fait sans bruit, en catimini, sans en informer la population ni notre conseil d’administration», se désole Gilles Lanteigne, président-directeur général du Réseau de santé Vitalité.
S’il croyait qu’une législation était nécessaire, est-ce si surprenant de voir le gouvernement emprunter cette voie, lui qui ne semble pas vouloir reculer jusqu’à présent?
«En fait, on ne s’y attendait pas vraiment. Depuis le début, tout semble improvisé dans ce dossier. Le changement à Medavie doit s’opérer le 1er janvier et on est rendu à la fin novembre. Et de plus, ce changement n’a jamais figuré dans les discussions que nous avons eues avec le ministère plus tôt cet été», explique M. Lanteigne.
Il est d’avis que ce projet de loi constitue un dangereux précédent pour la capacité de Vitalité de gérer les soins de santé. Il voit ce projet comme une porte ouverte à un effritement graduel des services. Ce que l’on craint surtout, c’est la définition dite très large des services extra-muraux, une définition qui inclut une multitude de services, nommément l’ergothérapie, la physiothérapie et l’inhalothérapie.
UNE BRÈCHE IMPORTANTE
Ce qui fait particulièrement grincer des dents M. Lanteigne, c’est une allusion que l’on retrouve dans la version proposée de la loi, comme quoi toute personne qui aura conclu une entente avec le ministre de la Santé sera en mesure de fournir des soins de santé. Selon M. Lanteigne, il s’agit d’une brèche importante.
«La définition des services extra-muraux est excessivement floue. Beaucoup de services que nous offrons actuellement entrent dorénavant dans cette définition, de sorte que cela pourrait ouvrir la porte à des ententes similaires avec d’autres pourvoyeurs. On a l’impression d’assister à un morcellement de notre gestion des soins de santé et l’impression que le ministre s’est donné beaucoup de pouvoirs. Pour cela, le conseil d’administration est très inquiet, très préoccupé», dit M. Lanteigne.
Le conseil d’administration demande par ailleurs toujours une rencontre avec le ministre de la Santé, Benoit Bourque, ainsi qu’avec son chef, Brian Gallant.
«Nous n’avons rencontré M. Bourque qu’à une reprise depuis sa nomination et c’était une rencontre déjà planifiée avec l’ancien ministre. Nous n’avons donc pas eu l’occasion de lui expliquer notre position», soutient-il.
PAS DE CHANGEMENT
Questionné sur le sujet, le premier ministre Brian Gallant s’est voulu rassurant quant au projet de loi et sa définition.
«Nous n’avons aucun plan pour faire quoi que ce soit d’autre», a répondu M. Gallant, précisant que seul le programme extra-mural était visé.
Il en a de plus profité pour réitérer que l’apport de Medavie se fera dans l’intérêt des patients.
«Ce n’est que la gestion du programme qui sera fait par Medavie et les soins à domiciles vont rester là. Avec ce changement, nous croyons que nous pourrons augmenter le nombre de visites à domicile et diminuer les listes d’attentes. Si on ne voit pas d’amélioration, nous allons prendre des mesures pour régler la situation», a-t-il indiqué.