DERRIÈRE LES MUSCLES
Trois adeptes du culturisme parlent de l’envers de la médaille
Le culturisme fascine autant qu’il révulse. Quelles sont les motivations de ces sportifs qui le pratiquent? Comment vivent-ils la rigueur qu’il suppose? Combien leur coûte-t-il? Trois passionnés qui se sont récemment illustrés au championnat provincial révèlent l’envers de leur imposante musculature.
Jessica Basque, son chum Berthier Robichaud et leur ami Thierry Gautreau ont le souci de leur silhouette. Ils aiment la façonner à coup d’exercices avec haltères. Plus qu’une saine habitude, c’est devenu leur style de vie.
Mieux, «ça fait partie de moi, c’est mon identité», confie Berthier Robichaud, un solide gaillard aux muscles saillants sous son chandail rose à manches courtes. Tous les trois s’entraînent de cinq à six fois par semaine au Gym Palestra, à Tracadie.
Jessica et Berthier en sont les propriétaires. Le couple a fait de sa passion son quotidien professionnel. Avec d’autres adhérents, le trio s’est motivé, en début d’année, pour participer au Championnat provincial de culturisme (bodybuilding en anglais). La compétition s’est déroulée le 4 novembre, à Fredericton.
«En tout, nous étions six. C’était inspirant de faire ça à plusieurs. On se comprenait», raconte Jessica Basque.
Chacun a bien performé, tous ont terminé dans les trois premiers de leur catégorie. Thierry Gautreau, par exemple, a remporté la première place chez les poids légers. Le presque trentenaire en est fier, mais il en veut plus.
«Je me donne de un à deux ans pour compétitionner chez les poids moyens. Pour ça, il va falloir que je revoie ma nutrition et que je travaille plus certaines parties du corps, comme le dos.»
Ce superviseur logistique à Shippagan aimerait se qualifier pour un championnat national, histoire de vivre l’expérience.
«Mais c’est d’un autre niveau. Il y a de trois à quatre fois plus de compétiteurs qu’au provincial. Ça fait de trois à quatre fois moins de chances de gagner», calcule-t-il.
Afin de connaître l’ivresse de défiler sur scène, les culturistes ne se cantonnent pas à leurs séances au gym. Ils surveillent leur alimentation au gramme près, mangent de six à sept fois par jour et s’accordent de longues nuits de sommeil réparateur de huit à neuf heures.
«C’est très exigeant. On me demande souvent pourquoi je fais ça. J’ai la chance d’avoir une blonde qui s’entraîne elle aussi. Elle se montre compréhensive», souligne Thierry Gautreau.
En plus de leur accaparer une large partie de leur temps, leur activité de prédilection leur coûte cher.
«Au bas mot, on parle de 20 000$ par année, révèle Berthier Robichaud. La nutrition, c’est ce qui est le plus dispendieux.»
«Pour les femmes, c’est moitié moins. On mange moins. Mais à côté de ça, pour les compétitions, on peut trouver des bikinis à 1000$», précise Jessica Basque.
Les trois compères s’adjoignent les services d’un entraîneur personnel.
«C’est rassurant. Il nous guide, suit notre évolution et ajuste notre diète au cas où. En plus, c’est quelqu’un de neutre qui nous donne un avis objectif sur ce qui va et sur ce qui ne va pas», explique la jeune femme.
Les conseils du mentor ont un prix qui alourdit la facture annuelle. Être musclé, ça se mérite.
Certaines personnes extérieures à cet univers le perçoivent comme futile et superficiel. Dans leur tête, les culturistes ne sont que des écervelés accros à la gonflette.
«L’image du bodybuilding change», a l’impression Berthier Robichaud.
Qu’importe ce que les gens pensent, lui et ses acolytes éprouvent la satisfaction d’appartenir à une classe à part de la population. Les gros bras et les cuisses galbées ne sont pas la norme. Le trio sait que leur silhouette avantageuse n’est que temporaire. La quarantaine est synonyme d’atrophie musculaire.
«Ça nous laisse une bonne dizaine d’années pour en profiter. Et puis, fait dans de bonnes proportions comme on le fait, cet entretien physique est un investissement pour notre santé», souligne Thierry Gautreau.