Acadie Nouvelle

Une autre sorte d’exode

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Avez-vous l’habitude de lire le journal avec votre café, à votre bureau ou au retour à la maison? Si c’est le cas, vos choix sont maintenant très limités en Atlantique.

Tout a commencé par le National Post, qui n’a de «national» que le nom et qui décida, il y a des années déjà, de ne servir que les centres les plus peuplés du pays, cessant toute livraison à l’Est de Montréal. Puis le Globe & Mail décida, il y a cinq ans environ, de ne plus servir Terre-Neuve-et-Labrador. Toutes celles et ceux qui connaissen­t mon attachemen­t au Globe du samedi et à ses mots-croisés savent comme j’en ai été affectée. Lors de mon dernier passage à l’Île-du-Prince-Édouard, on m’a prévenu que c’était sans doute la dernière fois que j’avais le plaisir de prendre le journal, d’en séparer toutes les sections, réservant les mots-croisés et le sudoku pour la fin, comme on garde un bon vin.

En fait, à compter du 1er décembre, le Globe & Mail ne sera plus vendu où que ce soit en Atlantique. On en est là! Toute une partie du pays n’aura plus accès aux nouvelles du pays et du monde, aux éditoriaux et aux divers articles du Globe, à moins de prendre un abonnement sur le web.

C’est une question de profit, bien entendu. Tous les journaux, y compris celui par lequel je vous parle, favorisent l’abonnement numérique, beaucoup plus rentable, mais cela ne devrait pas empêcher un équilibre entre le virtuel et le réel pour garder une présence tangible dans les régions du pays.

En Atlantique, il reste donc deux journaux indépendan­ts – l’Acadie Nouvelle et le Chronicle Herald de Halifax qui a eu la bonne idée d’acheter les journaux provinciau­x, tel le Guardian à l’Île-du-Prince-Édouard et le Telegram à Terre-Neuve. Nous avons donc cette chance d’être encore bien servis par des journaux libres de pensée.

Mais c’est bien triste pour notre pays de voir des régions, comme l’Atlantique, réduites à n’entendre que leur propre voix, leurs propres sons de cloche et privées des moyens de se faire entendre dans le reste du Canada. Un peu comme si, à Toronto et à Ottawa on s’en fichait pas mal de ce qu’on vit ou de ce qu’on a à dire.

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