AFFAIRE VIENNEAU: LE CORONER ENQUÊTERA
Depuis vendredi matin, le coroner en chef, Gregory Forestell, a le devoir de diligenter une enquête sur la mort de Michel Vienneau. Le gouvernement le lui ordonne. La démarche constitue une lueur d’espoir pour l’entourage de la victime qui, trois ans après le drame, a perdu foi en la justice et veut savoir ce qui s’est passé.
«J’ai téléphoné à mes parents ce matin (vendredi matin, NDLR) pour leur dire ce que cela signifiait. Ils sont âgés. Ils ne comprennent pas tout. Ma mère m’a dit de ne pas lâcher. Des fois, elle est triste. Des fois, elle est plus positive. Là, elle m’a dit de ne pas lâcher.»
Nicolas Vienneau attend beaucoup des conclusions de cette nouvelle procédure.
«Si l’enquête du coroner aboutit à de nouvelles accusations et si on apprend le nom de l’informateur anonyme à cause de qui tout ça est arrivé, alors elle aura servi à quelque chose. Sinon, ça ne sera qu’une perte de temps.»
En début d’année prochaine, cela fera trois ans que son frère, Michel, a été abattu dans le cadre d’une intervention policière, à la gare de Bathurst. Lui et sa compagne de l’époque, Annick Basque, revenaient d’un court voyage à Montréal.
«On a tué Michel d’une façon folle et ce crime reste impuni. Je ne comprends pas», clame-t-il.
Le déroulé des faits de ce lundi 12 janvier 2015 a été maintes fois retracé: dans les médias, dans les dossiers des enquêteurs. Il a été évoqué lors de deux audiences publiques: l’une en Cour provinciale, l’autre devant la Cour du Banc de la Reine.
Elles se sont conclues sur le même jugement: l’abandon des accusations déposées contre les deux policiers municipaux mis en cause. De quoi laisser un goût d’inachevé et des questions sans réponse à Nicolas Vienneau et à ses proches.
«On a entendu tellement de versions différentes. Aujourd’hui, on ne sait pas pourquoi mon frère est mort. On veut la vérité. Ça ne nous rendra pas Michel, mais ça nous apaiserait.»
Lever le voile sur cette sombre histoire, tel est le mandat que le procureur général, Serge Rousselle, et le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Denis Landry, viennent de confier au coroner en chef.
Fredericton prévient cependant: «C’est une procédure judiciaire officielle qui permet la présentation publique de toute preuve relative à un décès. Le coroner ne cherche pas à trouver le responsable ni à attribuer le blâme à la suite d’un décès. Le rapport d’enquête détermine l’identité de la personne décédée et clarifie les faits et les circonstances entourant le décès.»
Durant ses investigations, le coroner a la possibilité d’émettre des recommandations afin d’éviter que des événements de même nature se reproduisent. Pour l’heure, le nom du coroner responsable de ce dossier n’a pas été révélé.
«La date de l’enquête sera annoncée une fois qu’elle sera confirmée», précise le gouvernement, par voie de communiqué.
Cette nouvelle survient alors que le bureau des poursuites publiques a annoncé, lundi, que la révision judiciaire de cette affaire, étudiée en Cour du Banc de la Reine le mois dernier, ne sera pas portée en appel. «Un sérieux coup dur», pour le camp du défunt.
C’est ce qui a motivé le cabinet du procureur général et le ministère de la Justice et de la Sécurité publique à saisir le coroner en chef.
«Tant que ce dossier était devant les tribunaux, il nous était impossible d’intervenir de quelque manière que ce soit. Nous avons estimé qu’il était à propos de clarifier les faits et les circonstances entourant le décès de Michel Vienneau», déclare Serge Rousselle.
Les proches de Michel Vienneau n’excluent pas leurs autres voies de recours. Présentement, ils élaborent une pétition qu’ils aimeraient adresser à la Chambre des communes, à Ottawa.
«On n’a plus confiance dans la justice de notre province, alors on va se tourner vers le gouvernement fédéral», confie Nicolas Vienneau.