Acadie Nouvelle

AU GRAND ÉCRAN: JUNIOR MAJEUR, PLUS QUE DU HOCKEY

Junior Majeur, la plus récente production à traiter de notre sport national, n’est ni un grand film, ni un grand film de hockey. L’oeuvre a toutefois le mérite de nous transporte­r sur des sentiers plus ou moins battus, surtout lorsqu’elle s’éloigne de la

- patrice.cote@acadienouv­elle.com

Junior Majeur se déroule cinq ans après les événements du plus ou moins bien accueilli Les Pee-Wee: L’hiver qui a changé ma vie (2012). Janeau Trudel (Antoine Olivier Pilon) et Joey Boulet (Rémi Goulet) sont maintenant coéquipier­s chez les Saguenéens de Chicoutimi, dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec.

Les deux adolescent­s sont de très beaux espoirs en prévision du repêchage de la Ligue nationale de hockey. Leur manque de maturité joue toutefois contre eux.

Pour ne rien arranger, après une soirée bien arrosée, Janeau prend le volant. Avec Joey comme passager, il perd le contrôle de son véhicule et échoue dans un banc de neige.

Plus de peur que de mal, mais à l’arrivée des policiers, Janeau raconte que c’est Joey - qui avait trop abusé de la bouteille pour se souvenir de quoi que ce soit - qui conduisait.

Malmenée par l’opinion publique, la direction des Saguenéens choisit d’échanger Joey aux Huskies de Rouyn-Noranda.

En Abitibi, Joey se prend un peu en main et les résultats sur la patinoire ne se font pas attendre. De son côté, Janeau vit mal avec sa conscience et ses performanc­es s’en ressentent. Il décide donc d’avouer qu’il a menti et que Joey n’a rien à se reprocher.

Libéré d’un poids, Janeau retrouvera ses moyens et guidera de justesse les Saguenéens en séries, pendant que Joey, meurtri, se consolera avec sa bonne amie la bouteille.

Au premier tour éliminatoi­re, les Sags de Janeau croisent le fer avec les Huskies de Joey. Une série dont l’enjeu sera beaucoup plus grand que le hockey pour les deux jeunes hommes.

SUBTIL... MAIS SÉTÉROTYPÉ

Junior Majeur est un drôle d’animal. À quelques reprises lors de mon visionneme­nt, j’ai indiqué «cliché» dans mon cahier de notes. Pourtant, l’oeuvre d’Éric Tessier arrive quand même à nous surprendre...

La réalité, c’est que pour Tessier et les scénariste­s, la bataille de l’originalit­é était perdue d’avance. Non seulement le hockey a-t-il été le point central de plus de 25 films depuis 40 ans, mais la très grande majorité des intrigues liées à notre sport national ont été abordées dans la dizaine de saisons de Lance et Compte.

Ceci sans compter que, chaque jour, le public est inondé d’informatio­ns concernant les diverses ligues de hockey de la planète.

Bref, pour raconter une histoire originale, il faut pratiqueme­nt faire jouer des extra-terrestres!

On retrouve donc beaucoup de clichés dans le film: le hockeyeur vedette à l’ego démesuré, les deux amis qui convoitent la même fille, le joueur torturé qui se prend en main, le papa qui se mêle trop des affaires de son fils, les méchants journalist­es... et je vous épargne les 20 dernières minutes, sirupeuses et prévisible­s à l’excès.

Mais entre un début et une fin convenus, Tessier nous offre un beau petit drame universel dans lequel les frontières du bien et du mal sont plus ou moins bien définies.

Tellement qu’à certains moments, on ne sait plus trop à quel personnage s’identifier, ni auquel des deux jeunes joueurs ont souhaite le meilleur coup du sort.

En ce sens, le film est une belle réussite.

SUR LA GLACE

Un autre des défis d’un film ayant pour thème le hockey est de produire des scènes d’action qui soient crédibles.

Évidemment, les technologi­es ont évolué depuis Slap Shot (1977) et Youngblood (1986), ce qui facilite le travaille des cinéastes.

Reste qu’il est extrêmemen­t difficile de transforme­r des comédiens en joueurs de hockey (parlez-en à Russell Crowe, un NéoZélanda­is qui, même s’il ne savait pas patiner, tenait le rôle titre dans Mystery, Alaska...).

À ce titre, Junior Majeur fait beaucoup mieux que Les Pee-Wee: L’hiver qui a changé ma vie. Les images sur glace ne sont toutefois pas du calibre de Miracle, champion en la matière depuis maintenant 13 ans.

Les scènes qui se déroulent en Russie (en tout début de film) sont particuliè­rement bien tournées. Il est clair que le budget pour ce segment était imposant.

Si j’ai une critique à faire, c’est que plusieurs séquences ne sont tout simplement pas réalistes. Janeau et Joey ont beau être habiles, on les voit beaucoup trop souvent déjouer tous leurs adversaire­s avec une facilité et une élégance dignes d’une vidéo faisant la promotion du talent de manieur de bâton de Connor McDavid. Dans la réalité, un patineur qui serait aussi

show off avec la rondelle se retrouvera­it rapidement les deux lames en l’air...

ROBITAILLE CONVAINCAN­T

Le comédien Patrice Robitaille est un mordu de hockey et il en fait la preuve dans Junior Majeur alors qu’il incarne l’entraîneur des Huskies.

J’ai côtoyé ma part de pilotes à titre de joueur et de journalist­e et je peux vous dire qu’il est parfaiteme­nt dans le ton. Chapeau!

Un autre qui m’a impression­né est le jeune Rémi Goulet.

J’étais loin d’être convaincu de ses capacités en début de film, quand son interpréta­tion du joueur arrogant a des airs de caricature­s.

Les choses se replacent toutefois par la suite, quand il commence à prendre sa vie en main. Il nous offre un beau portrait d’un ado qui, malgré ses défauts, est prêt à tout pour arriver à ses fins. On peut d’ailleurs dire la même chose de

Junior Majeur en général. Oui, le film a ses lacunes, mais on sent que ses artisans (devant et derrière la caméra) étaient déterminés à produire davantage qu’un film de hockey générique. Et ils peuvent dire mission accomplie.

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- Gracieuset­é Janeau Trudel (Antoine Olivier Pilon), vedette des Saguenéens.
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