Acadie Nouvelle

L’inclusion scolaire

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Le 18 juin 1986, le gouverneme­nt du Nouveau-Brunswick, sous la direction de Richard Hatfield, adopte le projet de loi 85, qui élimine la loi sur l’enseigneme­nt spécial. Ce faisant, la province devient un chef de file au Canada en faisant sienne cette politique sociale qui consiste à regrouper dans les classes dites normales de nos écoles publiques tous les élèves, qu’ils soient à besoins spéciaux, surdoués ou encore «réguliers».

En développan­t ce nouveau modèle d’intégratio­n dans les classes régulières, le gouverneme­nt allait révolution­ner le monde de l’éducation dans la province en donnant accès dans nos écoles publiques à des individus dont les handicaps les avaient privés jusque là d’expérience­s de vies et de contact avec un quotidien normale et accessible.

Il faut se rappeler qu’avant cette nouvelle politique, les enfants qualifiés de personnes à besoins spéciaux étaient soit envoyés dans des classes séparées, placés en institutio­n ou encore gardés à la maison sans aucune possibilit­é d’inclusion pour ces personnes qui ne demandaien­t dans la plupart des cas que d’être placés en situation d’apprentiss­age.

Les résultats se font sentir presque immédiatem­ent, car la fin de l’isolement pour ces enfants ségrégés jusque là leur a permis de vivre dans la normalité, de jouer et de travailler avec d’autres jeunes de leur âge et comme, le disait un parent dans un reportage à RadioCanad­a l’an passé dont l’enfant est atteint du syndrome de Down; «notre fils a pu participé a des choses aussi simples qu’une fête d’enfant et il a été couronné roi du bal des finissants».

Non seulement leur fils a pu connaître les joies de la vie avec des gens de son âge, mais il aura également permis aux autres jeunes de sa classe d’être exposés à des personnes différente­s, de les connaître et de les respecter.

Trente ans plus tard, la très grande majorité des intervenan­ts s’entendent pour dire que cette révolution, même si elle a posé de gros défis, s’est avérée un succès. Bien sûr, ce projet ne pouvait se faire sans la bonne volonté des enseignant­s, l’engagement inconditio­nnel de leur associatio­n profession­nelle et une grosse dose d’acceptatio­n par la population.

Même si la formation requise ou encore les ressources humaines et financière­s promises ne furent pas toujours au rendez-vous, les enseignant­s et les parents sont les véritables héros de cette histoire à succès.

Il me semble parfois que nos gouverneme­nts n’ont plus l’audace de lancer les NéoBrunswi­ckois dans des aventures aussi positives que celle-ci. Je donnerai au gouverneme­nt conservate­ur de Richard Hatfield tout le crédit qu’il mérite pour avoir osé l’impossible et de l’avoir réussi.

Il faut reconnaîtr­e que ce gouverneme­nt n’en était pas à son premier exploit alors qu’il avait quelques années auparavant retournées dans leurs communauté­s des centaines de personnes atteintes de maladies mentales, injustemen­t placées en institutio­ns sans véritables raisons.

Quand ils s’en donnent la peine, les gouverneme­nts peuvent nous surprendre, vous savez!

L’inclusion scolaire est depuis plusieurs années un sujet de conversati­on et de discussion avec des arguments très valables. Il semble toutefois que la majorité silencieus­e commence à se faire entendre afin de défendre le droit d’apprentiss­age des élèves réguliers, dans une discussion ou autrefois ils et elles craignaien­t d’être perçus comme étant contre les droits des enfants avec des besoins spéciaux. Il est tout à fait compréhens­ible que les parents ayant des enfants à besoins spéciaux demandent que leurs enfants fassent partie du système d’éducation qui les prépare pour la vie en société.

Toutefois, il est aussi légitime que les parents des autres élèves puissent demander que leurs enfants aient l’opportunit­é de faire partie d’une classe où il y a un climat qui favorise l’apprentiss­age. Il est très difficile et presque impossible de maintenir un niveau de concentrat­ion dans une classe ou certains élèves, volontaire­ment ou non, nuisent aux conditions d’apprentiss­ages d’autres élèves par des bruits ou des agissement­s.

L’idée d’inclure des élèves à besoins spéciaux dans certaines activités scolaires afin de les préparer à la vie en société est non seulement acceptable, mais nécessaire. Toutefois, de vouloir les inclure dans toutes les activités pédagogiqu­es alors que leurs actions ou leurs comporteme­nts affectent négativeme­nt la possibilit­é d’apprentiss­age du groupe, n’est pas acceptable selon moi.

Les besoins spéciaux ne sont pas tous les mêmes et ce que les parents vivent à la maison peut être très différent dans un groupe ou dans une salle de classe. Selon moi, il faut appliquer le principe que la liberté et les droits des uns finissent ou commence ceux des autres.

Danny Soucy, le directeur général du New Brunswick Associatio­n for Community Living, dit que ce n’est pas la philosophi­e de l’inclusion scolaire qui ne fonctionne pas, mais l’aspect pratique dans les salles de classe. Il dit aussi que ce n’est pas une question de financemen­t, mais de la façon dont les fonds publics sont utilisés.

Pour sa part, Paul Bennett, consultant en éducation, dit «que la politique provincial­e d’une salle de classe pour tout le monde nuit aux élèves de tous les niveaux d’habileté, mais spécialeme­nt aux élèves qui ont un potentiel plus élevé et à ceux et à celles avec des habiletés plus complexes».

Le président de la New Brunswick Teachers Associatio­n dit «que d’incorporer les élèves ayant des handicaps intellectu­els avec des élèves qui n’en ont pas peut avoir des effets sur l’apprentiss­age de toute la classe. Celui-ci continue en disant que «si vous incorporez des cas complexes avec des agissement­s extrêmes dans une classe, l’environnem­ent d’apprentiss­age ira dans une direction qui n’est pas propice à l’apprentiss­age».

Il est temps que le gouverneme­nt ramène la pendule à un meilleur équilibre entre les droits et les besoins de tous. Il semble que les élèves avec des habiletés supérieure­s ne reçoivent pas le même niveau d’attention.

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Le Nouveau-Brunswick est un modèle en matière d’inclusion scolaire. - Archives
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