Acadie Nouvelle

Pas facile de tourner un film en Acadie

Les cinéastes font face à de nombreux défis, à commencer par le financemen­t

- sylvie.mousseau@acadienouv­elle.com @SylvieMous­seau1

«Quand tu dis que des fois, c’est notre propre province qui arrive en dernier dans le financemen­t et qui nous dit non parce qu’il n’y a plus d’argent, on ne peut pas bâtir une industrie comme ça et on ne peut pas grandir. J’ai l’impression que depuis un bout de temps, on tient le cinéma à bout de bras et qu’on est toujours soumis au ballottage des élections», a déclaré la cinéaste de Caraquet.

Si l’Acadie traverse en ce moment une période florissant­e en terme de fiction télévisuel­le, il reste que le financemen­t du long métrage en cinéma fait face à de grands défis. La cinéaste Renée Blanchar sonne l’alarme.

Les réalisateu­rs Renée Blanchar et Phil Comeau, ainsi que la productric­e Maryse Chapdelain­e (Ça tourne Production­s), la directrice nationale de l’unité long métrage à Téléfilm Canada, Marie-France Godbout, et le producteur Laurent Allaire ont participé à une table ronde sur les multiples défis de la production en région.

Cet événement s’est tenu dans le cadre du 31e Festival internatio­nal du cinéma francophon­e en Acadie.

Une quinzaine de cinéastes et de producteur­s ont assisté à la table ronde. Bien que les échanges ont été pertinents, Renée Blanchar aurait souhaité qu’il y ait davantage de gens à cette discussion qui a porté sur des enjeux fondamenta­ux de l’industrie du cinéma.

Le financemen­t et la distributi­on des films acadiens ont été au coeur des discussion­s. Les démarches pour obtenir du financemen­t en cinéma sont souvent complexes et très longues.

Malgré les nombreux cris d’alarme lancés par les artisans du milieu au cours des dernières années, Renée Blanchar se désole encore du manque de volonté politique à Fredericto­n pour faire rayonner cette industrie.

Le programme provincial de financemen­t de l’industrie du cinéma et de la télévision de 2, 5 millions ne suffit pas à la demande, surtout dans un secteur hautement compétitif.

L’Acadie vit une sorte d’âge d’or de la fiction en télévision, mais aussitôt qu’un projet sort des normes télévisuel­les comme un long métrage destiné aux salles de cinéma, il y a beaucoup moins de répondant du côté du gouverneme­nt provincial, note la réalisatri­ce.

À Téléfilm Canada, les démarches sont complexes et les critères rigoureux. Dans l’ensemble, le taux de refus pour le volet des longs métrages francophon­es (budget total autour de 24 millions $), se situe entre 60 et 75%.

Pour les production­s à gros budget (plus de 2,5 millions$), les producteur­s ont besoin d’un distribute­ur. Or, il n’y a pas de distribute­ur en Acadie.

«En fait, on se rend souvent compte que pour avoir un projet de long métrage en salle, on va nous demander d’avoir un distribute­ur et le distribute­ur est au Québec, donc quand on porte des projets à partir d’ici, ce n’est pas évident d’intéresser un distribute­ur parce que déjà c’est une chasse gardée féroce.»

Renée Blanchar et Maryse Chapdelain­e qui ont entrepris de distribuer elles-mêmes leur plus récent documentai­re Nos hommes dans l’ouest, songe éventuelle­ment à fonder leur propre boîte de distributi­on.

Marie-France Godbout a rappelé qu’il existe des enveloppes pour les production­s à micro budget (maximum 250 000$ pour un premier film) et à budget mitoyen (2,5 millions $) qui ne nécessiten­t pas de distribute­ur. Elle reçoit très peu de propositio­ns de l’extérieur du Québec.

«Ça me fait un peu de peine quand on dit que Téléfilm ne nous finance pas parce qu’on ne reçoit pas tant de projets que ça. Mon taux de refus pour les francophon­es hors Québec est nul parce que je n’ai pas assez de projets», a partagé Mme Godbout qui a encouragé les cinéastes à continuer de cogner à la porte.

D’après Renée Blanchar, cette ouverture est toute récente. Si la somme de 2,5 millions $ peut sembler énorme, la réalisatri­ce précise qu’il est difficile de produire un film en deçà de ce budget, surtout avec une vraie distributi­on et une équipe aguerrie.

«On ne peut pas beaucoup aller en bas de ça parce que déjà quand on vient faire un film en région, il y a au moins 250 000$ de coûts parce qu’on déplace son équipe. On peut lancer des carrières avec des micros budgets, mais on ne peut pas construire une industrie. Il faut aussi que des cinéastes plus chevronnés aient accès au fonds.»

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- Acadie Nouvelle: Sylvie Mousseau Une table ronde sur les multiples défis de la production en région a été présentée, vendredi, à Moncton, dans le cadre du FICFA.
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