Un parallèle Aigles Bleus-Canadiens
Ça peut paraître bizarre, mais nous pouvons établir un certain parallèle entre l’équipe masculine de hockey des Aigles Bleus de l’Université de Moncton et… le Canadien de Montréal.
Bon, ne vous étouffez pas avec votre café ce matin! Je m’explique. On parle de deux équipes qui connaissent présentement des saisons difficiles, qui peinent à marquer des buts (quoique les Aigles en ont marqué huit mercredi) et qui en accordent beaucoup.
Deux formations qui sont déjà en mode survie - et ce même si la campagne 20172018 n’est vieille que de moins de deux mois - si elles veulent espérer participer aux séries éliminatoires au printemps.
Deux clubs qui, par le passé, ont eu du mal à entourer leur joyau - les jumeaux Saulnier dans le cas du Bleu et Or et le gardien Carey Price pour le Tricolore - d’éléments d’assez bonne qualité susceptibles de les amener jusqu’au championnat.
Deux clubs qui, la plupart du temps, s’écrasent devant l’adversité et dont les soubresauts sont davantage l’exception que la règle.
Deux organisations qui semblent parfois dépassées par les événements qui se déroulent sur la patinoire. En voulez-vous d’autres? Cependant, il y a une grosse différence entre les Aigles Bleus et le Canadien: alors que les premiers ont pris le taureau par les cornes et ont choisi de changer la recette de la soupe, l’autre semble s’empêtrer dans un éternel tourbillon de mauvaises décisions, de déclarations loufoques (la défensive devait être meilleure que celle de l’an dernier, a juré le DG Marc Bergevin) et de performances désolantes.
Si j’avais un p’tit deux à mettre sur laquelle des deux formations risquent de goûter aux grands honneurs avant l’autre, mes yeux se tourneraient vers Moncton. ***** Certes, le Bleu et Or n’a pas souvent savouré la victoire cette saison - deux, chaque fois contre les Panthers de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard - et plusieurs de leurs 11 défaites l’ont été par des écarts considérables de buts.
Mais au moins, on sent que les choses sont en train de changer.
Depuis huit mois, les gestes ont été nombreux: le congédiement de Serge Bourgeois au terme de la saison 2016-2017, l’embauche de Jean-François Damphousse à titre de directeur des opérations hockey, la création d’un comité de relance avec à sa tête l’ancien premier ministre Camille Thériault, l’engagement de Judes Vallée à titre d’entraîneur-chef et des efforts accrus de recrutement qui commencent à rapporter des dividendes.
L’acquisition récente du gardien étoile des Foreurs de Val-d’Or, Étienne Montpetit, en est une belle preuve.
Bien entendu, il y a encore beaucoup d’eau qui va couler sous les ponts avant de le voir porter le chandail du Bleu et Or la saison prochaine - Montpetit peut toujours décider d’aller jouer en Europe ou accepter un contrat professionnel en Amérique du Nord -, mais cette prise de choix démontre à quel point Damphousse est déterminé à sortir les Oiseaux du marasme dans lequel leurs plumes sont embourbées depuis plusieurs années.
Bref, le ciel bleu commence à apparaître à travers de gros nuages gris. ***** Peut-on en dire autant du Canadien de Montréal?
D’abord, il faudrait que l’organisation finisse par accepter que cette équipe est en totale déroute. Entre vous et moi, ça risque d’arriver… quand les poules auront des dents!
Comme le mentionnait le psychologue sportif Sylvain Guimond cette semaine à une émission d’analyse sportive, le Canadien est encore très loin d’avoir amorcé la première des neuf étapes du changement, qui est la résignation. Sans ce premier pas, impossible de suivre avec les autres: ne plus y croire, le découragement, l’abandon du plan, les pistes de solution, le changement de plan, l’engagement et l’exécution.
Avant les matchs de vendredi soir, le Canadien se retrouvait à quatre points des Red Wings de Detroit et du troisième rang donnant accès aux séries dans la division Atlantique. C’est somme toute assez peu quand on considère que cette équipe peut déjouer les pronostics qui jouent contre elle et se lancer dans une série de victoires si Carey Price redevient le Carey Price que la direction montréalaise souhaite et que les autres organisations du circuit Bettman craignent.
Mais plusieurs analystes sont déjà en mode panique à Montréal: le plan de Marc Bergevin est un échec, le style de l’entraîneur-chef Claude Julien est plate à mourir, le sauveur Jonathan Drouin n’est que l’ombre du joueur électrisant qu’il était à Tampa Bay, la blessure de Price est (re)devenue le romansavon numéro un des tribunes téléphoniques sportives, on échangerait tout le monde dont le capitaine…
Sans oublier TVA Sports qui doit s’arracher les cheveux à l’idée de voir ses cotes d’écoute dégringoler à compter d’avril. ***** Nous avons longtemps reproché à l’organisation des Aigles Bleus de faire du surplace ou de se contenter de (très) peu. Cependant, on a fini par admettre qu’il y avait un problème. Encore mieux, on s’est attelé à le résoudre.
Les victoires ne seront probablement pas très nombreuses cette saison dans le camp du Bleu et Or. Malgré tout, les joueurs ont le sentiment de participer au début de la relance d’un programme de hockey universitaire masculin qui a compris qu’il devait franchir une à une les étapes qui vont le mener vers le succès, à commencer par la première.
Malheureusement, une autre organisation - qui se remplit sans honte les poches à même les porte-monnaie des amateurs de plus en plus frustrés qu’on leur propose un produit aussi peu pétillant que la bière qu’ils paient à un coût exorbitant - ne paraît pas avoir compris le message, au point qu’elle va probablement encore végéter pendant quelques années.
De plus en plus de partisans acceptent l’idée que le Tricolore devrait passer par un processus de reconstruction qui pourrait prendre quelques années. Il est parfois préférable de faire tout de suite un pas en arrière pour en faire après deux vers l’avant, non?
Vous savez, il y a pire que de ne pas réussir. C’est de ne pas essayer.