MESSAGE D’UNE PASSAGÈRE DU TITANIC?
Une famille de Dieppe pense avoir découvert une bouteille à la mer vieille de... 105 ans. À l’intérieur, le message d’une adolescente passagère du Titanic disparue lors du naufrage.
Nacera Bellila, son mari El Hadi Cherfouh, et leurs enfants ne s’attendaient pas à une telle découverte lors d’une randonnée dans la baie de Fundy, le 16 juin. Une bouteille de verre, cachée en partie par le sable et les algues, a attiré le regard de Nacera alors qu’elle explorait le rivage des rochers Hopewell à marée montante.
Dans le contenant rectangulaire d’environ 15 centimètres et scellé à la cire rouge se trouvaient deux petits rouleaux de papier, affirme le couple de Dieppe.
«On l’a ouverte trois jours plus tard, on ne réalisait pas vraiment l’importance de la trouvaille», raconte El Hadi Cherfouh.
Une fois la cire détachée, impossible de récupérer le message.
«On voulait retirer les deux rouleaux de papier, mais ça s’arrachait quand on tirait avec une épingle. Mon garçon a donné un coup et la bouteille s’est entièrement brisée, le verre était effrité.»
La famille sort alors des débris une lettre signée par Mathilde Lefebvre, une Française âgée de 13 ans qui figure parmi les quelque 1500 disparus du Titanic.
«Je jette cette bouteille à la mer au milieu de l’Atlantique. Nous devons arriver à New York dans quelques jours. Si quelqu’un la trouve, prévenez la famille Lefebvre à Liévin.»
La lettre est datée du 13 avril 1912 soit peu de temps avant la catastrophe. Pour rappel, le célèbre paquebot a sombré dans la nuit du 14 au 15 avril 1912.
Si la pièce est authentique, il s’agirait du second plus vieux message dans une bouteille à la mer jamais retrouvé. Le record mondial est un message d’un biologiste marin envoyé fin 1906 dans une bouteille et découvert sur une plage allemande début 2015, soit plus de 108 ans plus tard.
UN DESTIN TRAGIQUE
Mathilde Lefebvre a grandi dans une famille de mineurs de Liévin, dans la région du Pas-de-Calais en France. En 1910, son père Franck s’exile aux États-Unis dans l’espoir de faire fortune.
Au printemps 1912, il semble avoir économisé suffisamment pour faire venir toute sa famille de l’autre côté de l’Atlantique. Mathilde, sa mère Marie Daumont, ses deux soeurs Jeanne (8 ans), Ida (3 ans) et son frère Henri (5 ans) embarquent à bord du Titanic le 10 avril pour la première traversée du paquebot.
Mathilde et sa famille sont logées en 3e classe, dans la partie arrière du navire. Mais le rêve américain tourne vite au cauchemar.
Dans la nuit du 14 au 15 avril 1912 le Titanic sombrait au large de Terre-Neuve causant la mort d’environ 1500 personnes. Il est probable que, comme les trois quarts des passagers de 3e classe, Mathilde et les siens n’aient jamais atteint le pont des embarcations où se trouvaient les canots de sauvetage.
À l’annonce du naufrage, Franck Lefebvre s’est précipité dans les bureaux de la White Star Line pour y découvrir avec horreur qu’aucun membre de sa famille ne figurait sur la liste des rescapés. Leurs corps n’ont jamais été retrouvés.
En s’adressant à la Croix-Rouge pour bénéficier du fonds d’aide aux familles des victimes, Franck est interpellé par les autorités américaines qui l’accusent d’être entré illégalement aux États-Unis. Il sera renvoyé en France où il reprendra sa vie de mineur.
«C’est beaucoup d’émotion de tenir entre ses mains le message d’une fille innocente qui croyait rejoindre son père et une vie meilleure, souffle El Hadi Cherfouh. Nous sommes maintenant liés à cette histoire dramatique.»
Ancien chercheur en géologie, El Hadi Cherfouh a lui-même quitté l’Algérie pour offrir un autre avenir à ses enfants.