Acadie Nouvelle

LA RÉVOLUTION EST COMMENCÉE

- Simon Delattre simon.delattre@acadienouv­elle.com

Face aux difficulté­s des usines de transforma­tion à embaucher assez d’employés pour traverser la saison des pêches, le recours aux robots devient de plus en plus séduisant.

Le problème n’est pas nouveau. Les transforma­teurs n’arrivent plus à attirer de jeunes travailleu­rs et la main-d’oeuvre se fait vieillissa­nte: la moyenne d’âge des travailleu­rs avoisine les 55 ans.

Ce constat a pesé fortement dans le choix des Pêcheries Belle Île de Lamèque d’installer un robot conçu dans la Péninsule acadienne.

«À un moment donné, s’il n’y a plus d’employés, s’il n’y a plus d’expertise, il va falloir se transforme­r. Dans les 10 prochaines années, il y aura énormément de développem­ent en robotique», affirme Yoland Chiasson, directeur des finances et de la qualité.

«Il n’y a pas lieu de faire rentrer des robots ici pour supprimer des emplois. Il s’agit de pallier une main-d’oeuvre de plus en plus absente.»

Roch Chiasson est directeur des ventes de Cube Automation, une entreprise de Tracadie spécialisé­e dans l’automatisa­tion de la production des produits de la mer. Bon nombre de ses clients disent chercher des solutions pour remplacer les babyboomer­s partis à la retraite.

«Il y a des propriétai­res qui paniquent dans certaines régions, soit ils robotisent leurs usines, soit ils déménagent. C’est plus compliqué que des entreprene­urs qui veulent fait toujours plus de profits. Si tu ne le fais pas, tu ne seras plus compétitif et tu risques de fermer. Si tu le fais, il y aura moins d’emplois par unité produite.»

Aux pêcheries Westmorlan­d, à Cap Pelé, on se prépare activement au virage de la robotique. La direction de l’entreprise spécialisé­e dans les produits de homard a visité plusieurs usines de transforma­tion de poulet et de saumon où l’automatisa­tion prend une plus grande place.

«On a commencé à avoir des discussion­s avec des constructe­urs de robotique pour voir quelles sont les possibilit­és. Je ne crois pas que c’est pour demain, ça prendra de cinq à 10 ans», affirme Nathanaël Richard, directeur des affaires corporativ­es.

L’HOMME REMPLACÉ PAR LA MACHINE?

Sur la question des emplois, Nathanaël Richard se veut rassurant.

«Je ne crois pas qu’on parle de pertes d’emplois majeures, mais c’est un secteur qui compte déjà sur des travailleu­rs internatio­naux temporaire­s pour arriver à faire fonctionne­r les usines. Toutes les usines continuent d’avoir des difficulté­s à avoir assez de monde pendant les saisons de surproduct­ion.»

M. Richard est persuadé que les transforma­tions technologi­ques se traduiront par des emplois mieux rémunérés et de meilleures conditions de travail.

«On va faire le même volume avec moins de monde. Et ces gens vont voir leur travail évoluer. Ça va demander des compétence­s différente­s du travail de manutentio­n et on aura de plus en plus besoin d’opérateurs de machines. Il y aura plus de demande pour des personnes capables de faire la maintenanc­e et l’entretien des équipement­s.»

Les créateurs de robots constatent que leur activité soulève parfois les passions et les inquiétude­s.

«C’est un sujet chaud. On a des usines qui risquent de fermer en région par manque d’employés, mais quand on parle d’automatisa­tion, les gens ont peur qu’on coupe des jobs et qu’on se retrouve avec des villages fantômes. Les industriel­s sont pris avec ça», note Roch Chiasson.

L’entreprene­ur reconnaît que la robotisati­on se traduira par des besoins en maind’oeuvre moins importants, mais pense qu’elle ouvrira la voie à de nouveaux métiers et des emplois plus qualifiés.

«Les compétence­s des technicien­s doivent être à un autre niveau. Mes clients commencent à organiser des formations en robotique. Ces emplois sont plus attirants pour un jeune qui revient de la ville», dit-il.

«Je souhaite que ça crée des emplois plus techniques, plus intéressan­ts, et que ça incitera des jeunes à revenir en région.»

Si les possibilit­és de robotisati­on sont immenses, certaines compétence­s ne pourront pas être remplacées de sitôt, souligne d’ailleurs Yoland Chiasson. «Il y aura toujours un bon bassin d’employés. La transforma­tion de fruits de mer demande une certaine dextérité que seul un humain peut avoir.»

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 ??  ?? Les transforma­teurs n’arrivent plus à attirer de jeunes travailleu­rs et la maind’oeuvre se fait vieillissa­nte, c’est pourquoi des entreprise­s, comme cette usine de St. Lawrence à Terre-Neuve-et-Labrador, utilisent des robots. - Gracieuset­é
Les transforma­teurs n’arrivent plus à attirer de jeunes travailleu­rs et la maind’oeuvre se fait vieillissa­nte, c’est pourquoi des entreprise­s, comme cette usine de St. Lawrence à Terre-Neuve-et-Labrador, utilisent des robots. - Gracieuset­é
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Nathanaël Richard porte de grands espoirs dans la robotisati­on du secteur. - Archives
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Roch Chiasson croit que la robotisati­on transforme­ra la nature du travail plus qu’elle ne détruira d’emplois. - Archives

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