Acadie Nouvelle

La robotisati­on est en marche dans le monde des pêches

- simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

La révolution des robots a commencé dans les usines de transforma­tion. Les entreprise­s s’équipent déjà de machines capables de déplacer des cartons, de trier les huîtres ou de découper des crabes.

Un robot appelé Igloo a fait son apparition dans l’usine des Pêcheries Belle Île, sur l’île Lamèque. La machine prend la forme d’un bras articulé capable d’entreposer les stocks de crabes transformé­s.

Elle saisit les boîtes pour les placer sur des palettes dans une pièce réfrigérée. Ses capteurs lui permettent de s’adapter à la taille des cartons.

Il s’agit du premier robot commercial­isé pour les besoins des usines de transforma­tion de fruits de mer. Cube Automation, une entreprise de Tracadie, a développé ce qu’elle présente comme une solution à la pénurie de main-d’oeuvre dans le secteur.

L’investisse­ment ravit Yoland Chiasson, directeur des finances et de la qualité des Pêcheries Belle Île.

«Le robot est exact, il ne fait pas d’erreur, alors qu’un être humain peut mettre la boîte au mauvais endroit après 12 heures de travail.»

Deux technicien­s suffisent désormais à superviser une tâche qui mobilisait jusque-là six personnes. Le robot exécute un travail qui était dur et usant pour les employés, poursuit M. Chiasson.

«Ce sont des tâches exigeantes physiqueme­nt. Ce n’est pas évident de trouver des personnes pour ça. Un robot peut soulever des boîtes pendant 12 heures. Il y a aussi tout l’aspect santé et sécurité, ça nous permet de réduire les risques de blessure.»

La direction de l’usine envisage d’automatise­r davantage de tâches pénibles et répétitive­s au cours des prochaines années.

«Il pourrait y avoir des robots impliqués dans l’emballage, la mise en boîte et même la transforma­tion du poisson.»

Ce n’est pas le seul transforma­teur pour lequel travaille Cube Automation. Certaines usines pourraient bénéficier du nouveau Fonds des pêches de l’Atlantique, qui prévoit 400 millions $ sur sept ans pour le développem­ent de nouvelles technologi­es dans les secteurs de la pêche, de l’aquacultur­e et de la transforma­tion.

Roch Chiasson, directeur des ventes de l’entreprise de Tracadie, croit que le recours aux robots va se généralise­r dans l’industrie dans la prochaine décennie.

«Il y a encore quelques années, il y avait plein de brevets sur les robots. Quelques géants comme GM ou ABB avaient la mainmise sur l’industrie. Aujourd’hui, on a plus de robots spécialisé­s développés par des petites entreprise­s, c’est devenu plus accessible.»

Les outils de programmat­ion se sont simplifiés et le prix de la technologi­e a chuté considérab­lement. Selon Roch Chiasson, l’industrie de la transforma­tion y trouve un moyen de répondre à une réglementa­tion toujours plus sévère.

«Les nouvelles normes de santé et de sécurité au travail font en sorte que soulever des boîtes pesantes au-dessus des épaules devient de moins en moins permis. Il y a aussi des nouvelles normes de sécurité alimentair­e qui font que les produits doivent être mis dans les congélateu­rs rapidement. Les usines à poisson ressemblen­t de plus en plus à des salles d’opération.»

Le robot développé par l’entreprise de Tracadie a aussi l’avantage d’assurer la traçabilit­é des produits et d’alléger la paperasse.

«La bureaucrat­ie qui vient avec les normes de sécurité alimentair­e est une lourdeur pour les manufactur­iers. Il faut noter de quel pêcheur vient le produit, les températur­es de cuisson, dans quelle boîte, où c’est envoyé... Notre robot réduit l’ouvrage de 70%.»

D’autres industries s’apprêtent à faire le pas de l’automatisa­tion. La Maison Beausoleil de Néguac se prépare à lancer une unité robotique destinée au tri des huîtres.

Le projet devrait se concrétise­r à la fin mars, précise le directeur général Amédée Savoie.

«Les robots vont sélectionn­er les huîtres par longueur et par grosseur puis les mettre en boîte. On va toujours avoir besoin de monde, mais du monde mieux payé et mieux formé», explique l’ostréicult­eur.

La demande d’huîtres du Nouveau Brunswick, prisées par les consommate­urs chinois, ne cesse d’augmenter. Le personnel peine à répondre à la charge de travail lors de la saison automnale.

«On a beaucoup de demandes. Parfois ,on ne peut pas performer alors que les employés donnent leur maximum. Les employés sont de plus en plus rares et ça prend de la technologi­e. Si l’industrie ne fait rien, on va avoir des problèmes d’ici 10 ans», lance Amédée Savoie.

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Le robot Igloo déplace les boîtes de crabe en fonction de leurs dimensions. - Gracieuset­é
 ??  ?? Le robot découpeur de crabe est muni d’une lame rotative qui sectionne les pattes du crustacé. - Gracieuset­é
Le robot découpeur de crabe est muni d’une lame rotative qui sectionne les pattes du crustacé. - Gracieuset­é
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