Acadie Nouvelle

LGBTQ2: Trudeau présente ses excuses avec «honte, tristesse et profond regret»

- Mélanie Marquis

Les tribunes de la Chambre des communes étaient bondées, mardi, pour entendre Justin Trudeau présenter avec «honte, tristesse et profond regret», au nom du gouverneme­nt fédéral, des excuses officielle­s aux Canadiens de la communauté LGTBQ2.

«C'est avec honte, tristesse et un profond regret pour les choses que nous avons faites que je suis ici devant vous et que je dis: nous avons eu tort», a lâché le premier ministre après avoir énuméré une série de gestes préjudicia­bles posés par le gouverneme­nt pendant des décennies.

Le gouverneme­nt a eu «tort». Tort d'avoir «forcé à vivre à l'écart», «rendu invisibles» et «humilié» ses citoyens des communauté­s lesbienne, gaie, bisexuelle, transgenre­s, queer et bi-spirituell­e (LGTBQ2). Tort d'avoir mené une «chasse aux sorcières» contre ses employés, s'est-il désolé.

«L'appareil gouverneme­ntal, l'armée et la GRC a espionné ses propres gens» pour détecter chez eux «tout ce qui pouvait ressembler à un comporteme­nt homosexuel (...)», croyant que cette «faiblesse de caractère» pouvait être exploitée à mauvais escient par des nations ennemies, a-t-il rappelé.

«Vous n'étiez pas de mauvais soldats, marins et pilotes. Vous n'étiez pas des prédateurs. Et vous n'étiez pas des criminels», a martelé le premier ministre Trudeau sous le regard de certains individus, qui, dans les gradins, ont souffert de cette traque.

«Vous avez servi votre pays avec intégrité. (...) Vous êtes des profession­nels. Vous êtes des patriotes. Et par-dessus tout, vous êtes innocents. Et pour toutes vos souffrance­s, vous méritez que justice soit rendue, et vous méritez la paix», a-t-il insisté.

«Le fait que vous ayez subi de si mauvais traitement­s est notre honte collective», a regretté le premier ministre, qui avait emmené ses enfants Xavier et Ella-Grace au parlement pour assister aux excuses historique­s qu'il a faites mardi.

«J'ai espoir qu'en parlant de ces injustices, en promettant qu'elles ne se reproduiro­nt plus jamais et en agissant pour corriger ces erreurs, nous pourrons commencer à guérir ensemble», a-t-il fait valoir dans une allocution au cours de laquelle il a prononcé 12 fois le mot «sorry».

PROJET DE LOI ET DÉDOMMAGEM­ENT

Les excuses formulées par Justin Trudeau sont assorties d'un dédommagem­ent financier et d'un projet de loi qui permettrai­t aux Canadiens punis jadis pour des relations homosexuel­les consensuel­les d'effacer toute trace de ces condamnati­ons.

Le projet de loi C-66 «sur la radiation de condamnati­ons constituan­t des injustices historique­s» prévoit la destructio­n de tous les documents liés à ces «crimes» de grossière indécence ou de sodomie, pour lesquels les homosexuel­s ont été accusés pendant des décennies.

En vertu de cette mesure législativ­e déposée mardi matin par le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, la radiation pourrait être demandée par un citoyen ayant déjà été condamné, ou même par un proche si cette victime est décédée.

Le gouverneme­nt autorisera­it la Commission des libération­s conditionn­elles du Canada à ordonner, ou à rejeter, une demande de radiation d'une condamnati­on.

Par ailleurs, le gouverneme­nt fédéral a annoncé mardi qu'il verserait plus de 100 millions $ pour dédommager les militaires et les fonctionna­ires dont la carrière a été perturbée ou a pris fin en raison de leur orientatio­n sexuelle.

Des employés fédéraux qui avaient fait l'objet d'enquêtes et qui avaient été sanctionné­s, voire congédiés, dans le cadre de cette «purge antigaie» dans l'appareil gouverneme­ntal ont intenté une action collective, mais une entente de principe est intervenue vendredi dernier.

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Justin Trudeau

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