Douze écrivains posent un regard sur leurs communautés
En tournée dans six villes du NouveauBrunswick, 12 écrivains issus de milieux différents jettent un regard sur leurs communautés. À la fois engagés, poétiques ou encore introspectifs, les récits visent à ouvrir un dialogue entre les cultures et les régions.
«On peut écrire au Nouveau-Brunswick sans vivre nécessairement à Moncton. C’est un peu l’idée qui est derrière toute mon écriture, de redonner un peu une voix aux régions. Un projet comme ça qui prend des auteurs de toutes les régions et qui les amènent dans toutes les régions, ça allait de soi d’y participer», a exprimé Sébastien Bérubé qui a publié deux recueils aux Éditions Perce-Neige.
Le poète d’Edmundston fait partie des 12 écrivains sélectionnés pour ce vaste échange littéraire conçu par la revue Ancrages. La tournée littéraire
qui s’étend jusqu’au 9 décembre, rassemble des auteurs acadiens, anglophones, micmacs et wolastoqiyik. Chaque écrivain a écrit un texte d’environ 1500 mots autour du thème de la communauté et du quotidien.
«Au départ, je pensais que ça allait tomber un peu dans l’idée qu’on s’aime tous, qu’on va tous vivre ensemble. Ç’a n’a pas été du tout là. C’est parti dans toutes les directions», a déclaré M. Bérubé.
Des récits poétiques, introspectifs, revendicateurs et touchants font partie de la collection. Reconnu pour sa plume engagée, le poète du Madawaska a écrit un texte qui s’intitule La même année.
«C’est un texte qui s’inspire du fait qu’avant de vouloir parler de communauté saine, il y a beaucoup de choses à régler et que c’est en réglant ces choses-là, qu’on peut aspirer au principe de communauté», a expliqué l’auteur qui est aussi agent de développement culturel et communautaire du volet Première nation au district scolaire francophone du Nord-Ouest.
Selon Sébastien Bérubé, cette tournée permet aux écrivains de côtoyer d’autres auteurs qu’ils n’ont pas toujours la chance de rencontrer en raison des distances et de la différence de la langue. Cette tournée leur permet de confronter leurs réalités respectives.
«On se rend compte souvent que les réalités sont assez les mêmes qu’on soit un écrivain anglophone, francophone ou autochtone. Pour le public, ça leur amène un autre type d’écriture.»
Les textes sont lus dans la langue d’origine et ils sont accompagnés de surtitres en français ou en anglais pour faciliter la compréhension. Au printemps, les textes seront publiés dans la revue Ancrages (revue de format numérique) en français, en anglais et possiblement dans les langues des auteurs autochtones invités.
La chargée de projet pour la revue Ancrages et traductrice littéraire Sonya Malaborza souligne la qualité des textes qui émanent de divers horizons. Elle cite en exemple le texte de Paul Bossé qui offre un poème magnifique empreint de nostalgie où il parle de son origine, ou encore celui de Shelby Beaatz Sappier (Tobique/ Fredericton) qui abordent les problèmes qu’il a vécus dans sa communauté.
«On a travaillé avec Philip André Collette qui nous a aidés à faire un enchaînement pour qu’il y ait un lien logique de texte en texte avec des moments de réflexion et plus poétiques», a-t-elle partagé.
Les concepteurs de cette tournée cherchent à faire connaître au public des auteurs de diverses régions.
«En se déplaçant pour aller voir Paul Bossé, le public de Moncton va découvrir en même temps des auteurs des autres communautés.»
La tournée qui a débuté à Bathurst et à Rexton s’arrêtera à Moncton (1er décembre), à Saint-Jean (2 décembre), à Edmundston (8 décembre) et à Fredericton (9 décembre). Beth Powning (Makhamville), Brigitte Lavallée (Petit-Rocher), Elizabeth Blanchard (Grand-Barachois), Gerard Collins (Sussex), Lee Thompson (Moncton), Muhammad Al-Digeil (Fredericton), Phyllis Grant (Première nation Pabineau), Raymond Sewell (Première nation Pabineau/Halifax) et Sheedy Petit Jean (Haïti/Moncton) sont les autres auteurs invités de cette tournée. Chaque auteur a travaillé avec un traducteur, dont Éric Dow (du groupe Cy), Herménégilde Chiasson, Joan Elder et Sonya Malaborza.