C’est aux hommes d’agir pour enrayer la violence des hommes
Monsieur le premier ministre Brian Gallant, le 6 décembre marque le 28e anniversaire du massacre de 14 femmes à Montréal, une date que nous continuons de commémorer dans la tristesse et l’horreur. Le vendredi 8 décembre marquera le 40e anniversaire de la création du Conseil consultatif sur la condition de la femme au NouveauBrunswick.
Depuis le début de votre mandat, la Province du Nouveau-Brunswick a mis sur pied des initiatives, stratégies et législations en vue de diminuer et d’éliminer la violence dans les relations intimes. Nous avons choisi de saisir l’occasion de cet anniversaire pour vous demander d’exercer un leadership de premier plan en la matière parce que, comme premier ministre et ministre de l’Égalité des femmes, vous êtes dans une position unique pour le faire.
La deuxième vague du féminisme, commencée dans les années 1950, a fait prendre conscience aux femmes que si elles voulaient devenir de vraies partenaires égales dans la société civile, elles auraient besoin de s’avancer, de s’organiser, de s’exprimer et de demander le respect et l’égalité. Nous avons fait un bon bout de chemin. Mais en ce qui a trait au problème envahissant de la violence faite aux femmes et aux enfants, nous nous retrouvons devant un mur de brique. Nous n’arrivons pas à l’arrêter ni même à la diminuer. Nous avons ouvert des refuges et des centres d’accueil pour les victimes de violence familiale et d’agressions sexuelles; nous avons développé des protocoles; entrepris de faire de l’éducation publique; nous avons encouragé les responsables de l’application des lois et le système judiciaire à s’engager et à devenir plus conscients des dynamiques de la violence et nous avons appuyé la création d’une grande base de données et de connaissances pertinentes et utiles par la recherche académique et communautaire.
Nous allons continuer cet engagement envers les victimes comme il se doit, mais il est évident que concentrer tous nos efforts sur les victimes ne va pas à la source du problème. La racine du problème, c’est que ce sont des hommes qui sont les plus grands responsables de la violence, que ce soit envers les femmes et les enfants; envers les autres hommes; ou envers la communauté LGBTQ.
En tant que femmes, nous ne pouvons pas dire aux hommes qui ils sont; comment ils devraient percevoir leur propre masculinité; comment ils peuvent adapter leurs comportements pour montrer du respect à leurs partenaires, à leurs enfants, à leurs étudiants et étudiantes, à leurs employées et à leurs collègues de travail. Avant tout, ils doivent accepter que leur compréhension du monde ne puisse passer outre au droit à la sécurité personnelle et aux sensibilités des femmes ou «de l’autre». Pour y arriver, il est impératif que des hommes de bonne volonté, animés de compassion et d’un désir de paix sociale, s’avancent et exercent un leadership sur la question; qu’ils dénoncent des comportements inappropriés; et qu’ils inspirent et encouragent d’autres hommes désireux d’être des agents de changement pour leurs êtres chers et leurs communautés.
Monsieur le premier ministre, vous êtes en mesure de mener ce mouvement. Vous pouvez le mettre en marche. Nous vous supplions de parler haut et fort. Considérez à quel point vous pouvez aider à démarrer ce mouvement et à le faire grandir. Que ce soit en créant un groupe de travail, un comité ou une commission, l’objectif c’est que l’exercice mène à de l’action sérieuse.
Ce groupe doit être largement composé d’hommes qui ne sont pas des élus du gouvernement, qui sont engagés à l’objectif de réduire la violence envers les femmes et qui représentent les milieux des affaires et universitaires, du service civil et des professions. Nous savons que ces hommes existent. Vous pouvez leur donner l’occasion d’effectuer un changement positif.