Moncton, capitale de la restauration
Il fait bon magasiner dans le Grand Moncton. On le sait. Ces jours-ci, des milliers de gens viennent de partout pour y faire leurs emplettes du temps des Fêtes. De plus en plus, la région se démarque aussi grâce à ses restaurants, mais elle est encore loi
Des restaurants du Grand Moncton, comme le Tide & Boar, ont reçu des distinctions nationales. Des endroits où se mettre quelque chose sous la dent sont également de plus en plus nombreux. Rien de scientifique comme observation, mais on dirait qu’un nouveau restaurant ou un nouveau pub ouvre chaque mois.
Une simple recherche dans les Pages jaunes offre plus de 230 choix de restaurants dans la région, incluant les cafés et les grandes chaînes de restauration rapide.
Comment s’y retrouver? Où manger? Quels sont les meilleurs établissements? Dans un marché aussi compétitif, comment font les restaurateurs pour survivre? L’Acadie Nouvelle est allée à la rencontre de chefs, de restaurateurs et de nos lecteurs pour répondre à ces questions.
Dennis The Prescott est un chef. L’auteur du livre de cuisine Eat Delicious originaire de Riverview est un globetrotteur souvent invité sur les plateaux de télévision pour partager ses recettes. Il est aussi une vedette des médias sociaux, avec plus de 400 000 abonnés sur Instagram.
Après avoir vécu quelques années à Nashville, il est de retour dans le Grand Moncton. Il constate aujourd’hui un tournant dans le domaine de la restauration dans la région, et ce, grâce à l’originalité de certains chefs.
«Pour un temps, le secteur de la restauration à Moncton avait de la difficulté, mais depuis quelques années, il y a des chefs à Moncton qui font des choses vraiment excitantes. Des restaurants comme Les brumes du coude, Little Louis et Tide & Boar font de la nourriture de qualité et servent de bons breuvages. Chaque fois que vous visitez ces endroits, vous allez avoir un bon repas dans une bonne atmosphère et, encore plus importants, vous savez que vous encouragez des pêcheurs locaux, des fermiers locaux et des propriétaires de restaurants locaux», confie le chef.
Même si d’énormes progrès ont été faits ces dernières années, Moncton est encore loin d’une destination culinaire. C’est le constat que fait le chef Emmanuel Charretier, ancienne propriétaire de l’Idyle, un restaurant de haute gastronomie prisé de Dieppe, et maintenant enseignant en art culinaire au NBCC de Moncton.
«On trouve de la bonne bouffe, mais de là à dire que des gens vont se déplacer à Moncton uniquement pour la bouffe… Je ne crois pas que nous sommes rendus là encore, malheureusement. J’aimerais vraiment dire oui, mais… On a fait de grands pas. On s’améliore, mais nous ne sommes pas encore une destination culinaire. Je ne le crois pas, même si les choses progressent dans le bon sens», analyse M. Charretier.
Michel Savoie, chef au restaurant Les brumes du coude, est du même avis.
Les restaurateurs choisissent souvent la facilité, selon lui, plutôt que l’innovation. Trop souvent, les fruits de mer qui font la renommée de la région sont «travestis par la graisse de friture».
LES GENS SORTENT MANGER
S’il reste encore du travail à faire pour que la métropole du Nouveau-Brunswick soit reconnue comme une destination culinaire, les citadins connaissent les bons endroits où manger et ils y vont souvent.
«Les gens à Moncton sortent manger. On a habité Fredericton pendant quatre ans et certains mardis ou mercredis soir, il n’y avait personne dans les restaurants. Mais à Moncton, les gens sortent manger les dimanches, les lundis, les mardis. Parfois, on a va au restaurant lors de nos journées de congé, le dimanche ou le lundi soir, ce n’est pas complet, mais il y a de l’achalandage. Les gens de Moncton sortent souvent et pas seulement la fin de semaine», note André Léger, copropriétaire du restaurant Manuka.
Si beaucoup des restaurants de la région portent le nom d’un ancien défenseur des Maple Leafs de Toronto ou sont ornés d’une arche dorée, certains clients osent davantage. Ils sortent des sentiers battus. On le remarque par la multiplication des restaurants asiatiques et végétariens.
«C’est le Grand Moncton qui est à féliciter pour ça. Les gens sont ouverts d’esprit et demandent des choses de qualité et des choses différentes. Merci à la population de nous permettre de lui offrir ce qui nous tient à coeur et d’avoir l’ouverture d’esprit de sortir des grandes chaînes pour essayer des choses non conventionnelles», avance Marc Thériault, propriétaire du Calactus, un restaurant végétarien.
«C’est dommage parce que l’image qu’on pourrait donner aux touristes comme destination, elle est un peu faussée par notre mode alimentaire qui est traditionnel et très plate. Ça n’a pas changé. Il y a plus de 220 restaurants dans le Grand Moncton et il y en a 180 qui sont classés comme des restaurants-minute (fastfood). C’est énorme!», indique M. Savoie.