ASSURANCE-EMPLOI: DES TRAVAILLEURS MÉCONTENTS
Un nombre grandissant de travailleurs saisonniers de la Péninsule acadienne sont en colère et réclament l’intervention du gouvernement à la suite de changements dans l’assurance-emploi, causés par la baisse du taux de chômage. Plusieurs perdront de l’argent cette année.
L’ambiance était à couteaux tirés, dimanche, à Inkerman, alors que quelques centaines de travailleurs saisonniers s’étaient rassemblés sur l’invitation du député fédéral d’Acadie-Bathurst, Serge Cormier.
À l’ordre du jour, le fameux trou noir de l’assurance-emploi. Des travailleurs saisonniers risquent de se retrouver sans salaire et sans prestation de chômage cet hiver avant de pouvoir recommencer à travailler.
Le taux de chômage a diminué dans la région économique du Restigouche-Albert, ce qui rend plus difficile pour les travailleurs de se qualifier à l’assurance-emploi: il leur faut plus d’heures pour avoir des prestations.
Certains en ont arraché, dont Marjorie Carroll, qui a travaillé sur la boule d’eau à Lamèque et qui soutient que des travailleurs anglophones sont venus terminer le travail à leur place.
«J’ai perdu des semaines de travail et je les ai gagnées dans les couronnes de Noël. Je finissais parfois à 3h ou 4h du matin pour arriver. Je sortais du garage et j’avais mal aux poignets, je braillais», lance-t-elle.
Autre tuile qui tombe sur la tête des travailleurs saisonniers: le diviseur qui calcule les revenus est passé de 14 à 16 semaines, ce qui fait perdre quelques centaines de dollars par mois aux travailleurs.
«Il n’y avait presque pas d’ouvrage, le produit n’était pas là», affirme Réginald Basque, qui travaille dans les usines de transformation de produits de la mer.
«Je reste tout seul et j’ai tout à payer dans mon appartement à Shippagan. J’ai 400 dollars de moins par mois», dit-il.
LE DÉPUTÉ SERGE CORMIER MALMENÉ
C’est le député Serge Cormier qui a pris l’initiative d’organiser l’assemblée.
«Depuis septembre, j’ai eu énormément d’appels à mon bureau», explique-t-il.
Le député a été malmené à plusieurs reprises par des participants émotifs et en colère lors de l’assemblée et il s’est régulièrement fait couper la parole.
Serge Cormier se dit très sensible aux enjeux entourant l’assurance-emploi et il était parfois émotif lorsqu’il a répondu aux questions des journalistes.
«Que ça aille bien ou mal dans la région, c’est mon rôle en tant que député de défendre ces gens-là. Pas juste prendre des photos quand il y a des bonnes nouvelles. Aujourd’hui j’ai été mis sur le grill par toutes ces personnes-là et ça ne me dérange pas. Je suis capable de prendre ça, c’est eux qui vivent cette situation terrible», souligne Serge Cormier.
Et que peut-il faire pour les travailleurs qui risquent de se retrouver sans revenus dans quelques mois?
«Je peux vous dire que j’ai l’oreille du ministre qui s’occupe de l’assurance-emploi, d’autres ministres aussi qui sont affectés par ça et des députés. J’ai aussi soulevé cette question avec le premier ministre à deux reprises et je vais la soulever dès mon arrivée à Ottawa de nouveau pour qu’on trouve une solution», promet le député libéral.
Serge Cormier rappelle que le gouvernement Trudeau a mis fin à la réforme du gouvernement Harper, qui forçait les travailleurs à accepter des emplois moins bien payés ou à l’extérieur de leur région.
«Si la réforme Harper était en place aujourd’hui, ces gens-là seraient doublement en difficulté», affirme le député.
Des membres du Comité d’action assurance-emploi, mis sur pied lors de la réforme de l’assurance-emploi du précédent gouvernement Harper, étaient également sur place à l’assemblée, armés d’une pétition.
«L’assurance-emploi, c’est quelque chose qu’on paie avec notre employeur. Cet argent-là, ça nous appartient, on a le droit de l’avoir», martèle Fernand Thibodeau, membre du comité.
Des représentants du comité ont rencontré Serge Cormier le 30 septembre. M. Thibodeau attend de voir si les choses bougeront. Il envisage organiser une manifestation.
«Je remercie M. Cormier pour la réunion aujourd’hui, mais je pense que nous n’avons pas besoin d’être ici parce que cet argent-là nous appartient. Si rien n’est fait, c’est sûr que nous allons faire une manifestation respectable», promet-il.