LES ÉTUDIANTS «TRÈS INQUIETS»
Les étudiants de l’Université de Moncton se prépare à une hausse majeure de leurs droits de scolarité. L’institution acadienne a modifié ses principes directeurs, pour faire passer sa volonté de garder les droits de scolarité «au minimum» à celle de s’assurer qu’ils soient «compétitifs».
Pour le président de la Fédération des étudiantes et étudiants du Campus universitaire de Moncton (FÉÉCUM), l’intention est claire comme de l’eau de roche.
La haute administration universitaire met la table pour une augmentation des droits de scolarité pour 2018-2019, estime Tristian Gaudet.
La modification des principes directeurs a été adoptée au conseil des gouverneurs, tenu samedi, à Moncton.
Voilà qui vient mettre la FÉÉCUM sur haute alerte. La dernière augmentation importante des droits de scolarité remonte à 2013. Les administrateurs avaient majoré la facture des étudiants internationaux de 999$ et celle des étudiants canadiens de 149$. La hausse sera-t-elle aussi forte cette fois-ci? «À ce point-ci, on ne sait pas encore à quoi s’attendre, mais nous sommes très inquiets», explique Tristian Gaudet.
Il souligne que la FÉÉCUM n’a pas été consultée par l’administration universitaire, lors de l’élaboration de ses nouveaux principes directeurs.
Le jeune élu croit que l’Université de Moncton veut resserrer l’écart avec les universités anglophones de la province. Les droits de scolarité de l’institution acadienne sont bien en deçà de ceux des autres universités néo-brunswickoises en ce qui concerne les étudiants canadiens. Alors qu’il en coûte 5830$ à l’Université de Moncton au premier cycle, la facture passe à 7995$ pour Mount Allison (Sackville) et à 6625$ pour l’Université du Nouveau-Brunswick (Fredericton).
Aux dires du jeune élu, les dirigeants de l’Université de Moncton s’appuieraient sur les programmes d’allègement des droits de scolarité du gouvernement provincial pour justifier leur manoeuvre.
Depuis avril 2016, les étudiants néobrunswickois dont le revenu familial annuel ne dépasse pas 60 000$ peuvent dire adieu aux droits de scolarité. Cette aide financière majeure s’adresse à l’une des quatre universités publiques ou l’un des deux collèges communautaires de la province.
Penser que ces mesures demeureront en place advenant un changement de gouvernement est un non-sens, estime le président de la FÉÉCUM.
«C’est un argument que l’on a souvent entendu dans les discussions sur les droits de scolarité. Le maintien de ces programmes n’est pas garanti, advenant un changement de gouvernement à Fredericton. S’ils disparaissent, les étudiants seront dans une situation extrêmement difficile.»
L’endettement étudiant au premier cycle (baccalauréat) dans la province se situe à près de 35 000$ par étudiant.
Tristian Gaudet aimerait que l’Université de Moncton réalise des économies en effectuant des compressions au niveau de ses cadres et autres dirigeants, plutôt que de toujours refiler la facture de l’austérité aux étudiants.
M. Gaudet souhaiterait également voir le gouvernement provincial étendre son aide financière aux étudiants internationaux; un moyen efficace pour attirer une maind’oeuvre qualifiée, dit-il.
Le président de la FÉÉCUM a tenté à nombreuses reprises de joindre le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Croissance démographique pour lui faire part de ses préoccupations, mais Gilles LePage n’a retourné aucun appel ni courriel jusqu’à présent.
Tristian Gaudet garde espoir. Il en va de l’avenir de la province, dit-il.
«Nous, c’est très clair, on milite pour la gratuité scolaire parce qu’on croit que l’éducation est un droit et non un privilège. Nous savons aussi que l’avenir de notre province passe d’abord par l’éducation. On va combattre toute augmentation des droits de scolarité.»
L’Acadie Nouvelle a sollicité une réaction de l’Université de Moncton, afin de mieux comprendre la motivation derrière la modification à ses principes directeurs, mais notre demande est demeurée lettre morte.
Le vice-recteur à l’administration et aux ressources humaines a refusé de confirmer à Radio-Canada si une hausse aurait bel et bien lieu en avril.
Edgar Robichaud a indiqué que les discussions auront lieu à ce moment.