Une plainte est déposée contre Me Swinwood: la tension monte parmi les expropriés de Kouchibouguac
Une plainte a été déposée contre Michael Swinwood, l’avocat de Jackie Vautour et du groupe de familles expropriées de Kouchibouguac qui revendique des droits métis sur les terres du parc national. L’avocat répond qu’il n’a rien à se reprocher et que des agents du gouvernement sont derrière la dissension.
La tension monte parmi les expropriés de Kouchibouguac depuis que le groupe Ensemble pour la justice a demandé 500$ additionnels par famille afin de poursuivre les démarches légales.
Les administrateurs de l’organisme ont récemment lancé une deuxième ronde de financement afin de payer pour les services de Michael Swinwood jusqu’à la fin de 2018. Il y a deux ans, ils avaient ramassé 140 000$ en demandant 1000$ de chaque famille.
Afin de s’assurer que tous paient leur juste part dans la nouvelle campagne, ils ont affirmé que le nom des familles qui ne paient pas le 500$ sera enlevé de l’avis de poursuite.
La nouvelle n’a pas été bien reçue de tous. L’Acadie Nouvelle a confirmé qu’au moins une personne a déposé une plainte contre Me Swinwood devant le Barreau du Haut-Canada, en Ontario. Un individu, qui a donné 1000$ à Ensemble pour la justice il y a deux ans, critique notamment le fait qu’il n’a pas pu obtenir un état de compte de l’argent ramassé.
Chantal Petitpas, femme originaire de Saint-Louis-de-Kent et petite-fille d’un couple exproprié de Kouchibouguac, milite sur les réseaux sociaux pour que les gens de Kent-Nord arrêtent de donner de l’argent à Me Swinwood.
«Le monde veut savoir où leur argent va. Le monde par chez nous n’est pas riche», mentionne celle qui n’a pas participé personnellement à la campagne de financement d’Ensemble pour la justice.
«On veut savoir si l’argent qu’on a donné va vraiment pour défendre notre cas, ou si ça va pour le cas à Jackie (devant la Cour suprême du Canada). Ce n’est pas pour ça qu’on avait donné l’argent pour commencer.»
Edmond Vautour, fils de Jackie Vautour et porte-parole d’Ensemble pour la justice, affirme que les informations demandées ont été présentées lors de réunions des membres du groupe. Il affirme que les personnes ayant des doutes sont celles qui ne participent jamais aux réunions et qui sont donc mal informées.
Il a fait savoir que, lors d’une de ces réunions, le dossier des expropriés devant la Cour du Banc de la Reine du NouveauBrunswick et celui de Jackie Vautour devant la Cour suprême ont été fusionnés. Les fonds Ensemble pour la justice financent donc les deux causes.
«Il y a une réunion où on en avait parlé. Michael a dit qu’il allait jumeler les deux causes. Le monde était d’accord avec ça. Le monde est au courant qu’il travaille sur les deux causes.»
Selon M. Vautour, une décision pour son père devant la Cour suprême du Canada ferait pencher la balance du côté des familles expropriées devant la Cour du Banc de la Reine du Nouveau-Brunswick. Voilà pourquoi ils ont intérêt à la supporter financièrement.
«Moi, je ne suis pas là pour me faire aimer. Je suis là pour faire avancer une cause et pour la gagner. C’est une grosse cause qui peut rapporter gros. Et si tu as la cause à coeur, tu vas continuer. J’ai déjà près de 70 familles qui continuent et je vais en avoir d’autres.» «QUELQUE CHOSE À CACHER»
Me Swinwood et Edmond Vautour croient que la controverse est provoquée par des agents du gouvernement.
Bien qu’ils n’ont aucune preuve, ils avancent que des fonctionnaires ont fait des promesses à une ou deux personnes afin qu’ils corrompent leurs concitoyens.
«Pourquoi le monde est-il contre moi? Parce qu’il y en a qui sont achetés par le gouvernement. Ils travaillent pour le gouvernement. C’est un jeu contre moi. Je ne peux pas dire quelle personne dirige l’affaire, mais je l’ai vu avant», affirme Me Swinwood, avocat de Sages sans frontières.
«C’est leur manière de m’éloigner: enlève Swinwood et il n’y aura pas de cause.»
Il affirme qu’il a déjà fait face à une situation semblable en 2010. À l’époque, il menait une lutte pour les droits métis de Jackie Vautour financée par l’Alliance Premier Peuple de la Côte Est, un groupe métis basé à Lamèque. Le groupe a payé pour les premières démarches de Me Swinwood, mais il a refusé de lui donner plus d’argent afin de continuer après la première année. Me Swinwood affirme que le chef de l’alliance, Domitien Paulin, a déposé une plainte contre lui devant le Barreau du Haut-Canada.
«Ç’a duré pour un an et sa plainte a été rejetée.»
Maurice Robichaud suit les réunions d’Ensemble pour la justice depuis le début. Il partage la théorie de Me Swinwood et de M. Vautour. Il mentionne que des opposants ont fait du porte-à-porte afin de décourager les gens de supporter son groupe.
«Pourquoi prendrais-tu ton temps personnel pour faire du porte-à-porte? As-tu quelque chose à cacher, ou as-tu quelque chose à gagner? Est-ce de l’argent ou une position avec le gouvernement?»
Chantal Petitpas réfute l’allégation. Elle assure qu’elle n’a pas été achetée par le gouvernement, mais qu’elle agit parce qu’elle croit que c’est la bonne chose à faire.
«Ma motivation, c’est que je viens de Saint-Louis-de-Kent, et mes grands-parents viennent du parc. Je connais l’histoire et je connais les gens. J’ai l’impression qu’on profite d’eux. Plus je lis et plus ça semble suspect. C’est un sujet qui me tient à coeur.»