Acadie Nouvelle

La Société médicale s’acoquine avec les libéraux et Medavie

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La Société médicale du NouveauBru­nswick n'aime pas les réunions publiques que tient la Coalition pour les droits des aînés et des résidents des foyers de soins et l'Associatio­n francophon­e des aînés du Nouveau-Brunswick. C'est son directeur général, Anthony Knight, qui l'a dit à l'émission le 30 novembre.

Il met en doute la valeur de ces rencontres où les participan­ts opposent faroucheme­nt la privatisat­ion du Programme extra-mural. Ils n'acceptent pas le démantèlem­ent du système de soins de santé. Il en faut du cran pour vouloir faire taire tout discours contraire au sien. Aussi bien adopter la devise de la Reine «Honi soit qui mal y pense». Knight ajoutait: «(…) il y a beaucoup de groupes qui ont parfois des motivation­s très contestabl­es.»

Si le directeur général de la Société médicale s'en était tenu aux arguments mis de l'avant par les membres du conseil d'administra­tion du groupe pour défendre le point de vue des médecins, ce serait une chose. Mais qu'il mette en doute la tenue de réunions publiques pour informer le public des conséquenc­es néfastes que pourrait occasionne­r la privatisat­ion du Programme extra-mural, c'est autre chose. Faut-il conclure que la liberté d'expression est dorénavant réservée aux membres de la profession médicale? Franchemen­t!

Parlons-en des arguments de la Société médicale. Ils sont les mêmes que ceux que colporte le gouverneme­nt depuis toujours. Le ministre Bourque a dit à la rencontre de Moncton que la décision de privatiser le Programme extra-mural ne reposait sur aucun rapport d'expert. Une députée nous a dit à la réunion de Dieppe que les statistiqu­es et les données qu'elle mettait de l'avant venaient des hautes instances de Medavie. Ils chantent tous en choeur un même refrain, y compris la Société médicale. Là où ils étaient deux à occuper un même lit, le gouverneme­nt de Brian Gallant et Medavie, vient d'en ajouter un autre, la Société médicale du Nouveau-Brunswick. Espérons qu'ils ne soient pas trop à l'étroit et que ce ne soit pas trop encombrant.

Félicitati­ons aux médecins de la Régie de santé Vitalité qui contestent une décision prise sans consultati­on. J'admire les gens qui se tiennent debout, fièrement droit.

Les arguments de la Société médicale: la privatisat­ion du Programme extra-mural dans les mains du secteur privé va libérer des lits d'hôpitaux. Faux. Ces lits – 25% d'entre eux – sont occupés par des aînés qui attendent un placement en foyer de soins. Cela n'a rien à voir avec les services de l'hôpital extra-mural.

Toujours selon Anthony Knight, le système actuel est défaillant, alors pourquoi ne pas le changer. Vit-il sur une autre planète? Les ministres Boudreau, Bourque et Harris sont tous d'accord pour dire que l'extra-mural fonctionne très bien et qu'il s'agit du joyau du système de santé. Mais, quand même, il faut aller vers le secteur privé où il en coûtera plus cher à opérer. Comprenne qui peut!

La Société médicale croit que l'intégratio­n des trois systèmes aura ses avantages. Peut-être, mais à condition d'être administré sous une gestion publique comme l'exige la Loi canadienne sur la santé. Le service ambulancie­r géré par Medavie n'est pas tout à fait un succès retentissa­nt. Encore cette semaine, il a fallu qu'un juge sermonne l'entreprise. Elle ne remplit pas les obligation­s de la Charte des droits et libertés et la Loi sur les langues officielle­s. Imaginons pour un instant qu'il en soit de même pour le Programme extra-mural. Faut-il se battre éternellem­ent pour que nos droits soient respectés?

Les Acadiens ont un certain nombre d'institutio­ns qui constituen­t des éléments d'appui à la langue et à la culture. Sans cet apport, c'est l'effritemen­t de ces deux valeurs importante­s. Les libéraux, gouverneme­nt à majorité francophon­e, se plaisent à démanteler une de ces institutio­ns. Avant la centralisa­tion du secteur de la santé vers la capitale, tous ces centres hospitalie­rs appartenai­ent aux Acadiens et aux francophon­es. Le transfert n'a jamais voulu dire une renonciati­on au contrôle de ces institutio­ns.

Toute privatisat­ion de services des soins de santé constitue un démembreme­nt des régies de la santé là où doivent être gérées toutes les facettes du système. La privatisat­ion est un affront à nos institutio­ns. On ne peut le permettre.

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