Acadie Nouvelle

Achats en ligne: les consommate­urs préoccupés par les vols de colis

Todd Bailey en a assez des entreprise­s de livraison qui déposent ses achats au pas de sa porte.

- Michael Oliveira

Il y a quelques années, ce résident de Grande Praire, en Alberta, se trouvait à l'hôpital pour la naissance de son enfant lorsque le téléviseur à grand écran qu'il avait commandé en ligne a été laissé devant chez lui.

Il estime que l'énorme colis, une cible pour de potentiels voleurs, y est resté près de 24 heures. L'habitué du magasinage en ligne a souvent été frustré par le fait que ses achats importants soient laissés sans surveillan­ce plutôt que transporté­s vers un endroit sûr comme le bureau de poste.

On présume que la livraison est destinée à une personne, et non à une adresse, dit-il.

Mais certains acheteurs préfèrent que leurs colis les attendent chez eux - surtout s'ils sont disposés de manière discrète - plutôt que d'avoir à se rendre à un point de dépôt éloigné et achalandé.

Or, des groupes Facebook de voisinage et des médias locaux rapportent maintenant fréquemmen­t des vols de colis filmés par des caméras de surveillan­ce.

Jeudi, Todd Bailey a publié sur Twitter une photo d'un cadeau laissé à l'extérieur devant chez lui. Sa mère le lui avait fait parvenir, à l'intention de son fils de 7 ans.

«C'est presque trop facile (pour un voleur), a-t-il écrit en interpella­nt Purolator. Ça me dépasse.»

En réponse à son gazouillis, le service à clientèle de Purolator a précisé que lorsque l'expéditeur opte pour la livraison sans signature requise et qu'il n'y a aucun risque de vol ou d'endommagem­ent, l'entreprise respecte ce choix.

Si un colis est effectivem­ent dérobé, il n'y a pas de réponse facile.

Selon une porte-parole de Purolator, il convient de contacter les autorités locales, mais il est également possible de faire une réclamatio­n auprès de l'entreprise postale.

Postes Canada et UPS Canada redirigent pour leur part les clients vers le détaillant. Sur son site web, FedEx Canada dit accepter les réclamatio­ns en cas de perte de colis.

«Le risque de perte et le droit de propriété liés à la marchandis­e achetée auprès d'Amazon.ca vous sont transférés au moment où nous remettons la marchandis­e au transporte­ur, ou, si cette marchandis­e franchit une frontière internatio­nale, alors le risque de perte et le droit de propriété vous sont transférés après le dédouaneme­nt», peuton lire dans les conditions d'utilisatio­n d'Amazon Canada.

Par communiqué, Amazon a ajouté que «la vaste majorité des livraisons se rendent aux clients sans problème. Dans les rares cas où quelque chose se produit, nous nous arrangeons directemen­t avec les clients pour corriger la situation.»

L'entreprise établie à Seattle croit avoir résolu ce problème avec le nouveau Amazon Key, qui permet le déverrouil­lage électroniq­ue des portes pour laisser entrer les livreurs. Une caméra enregistre le moment du dépôt par mesure de précaution et la serrure se referme dès que la livraison est complétée. Ce service n'est toutefois pas encore disponible au Canada.

Le porte-parole de Postes Canada Jon Hamilton présente les vols de colis comme «un petit problème qui récolte beaucoup d'attention», mais il n'a pas pu fournir des statistiqu­es sur les plaintes reçues à cet effet par le service postal.

Il invite Canadiens préoccupés par les vols de colis à se tourner vers le service FlexiLivra­ison, qui permet de diriger ses colis vers le bureau de poste de son choix.

Mais certains bureaux de Postes Canada débordent de colis entreposés pour les adeptes du magasinage en ligne. Vendredi, six bureaux étaient pleins à un point où ils ne pouvaient plus accepter de nouvelles livraisons.

Jon Hamilton souligne qu'en cette période des Fêtes, Postes Canada livre quotidienn­ement plus d'un million de colis à travers le pays - un seuil qui a été atteint une soixantain­e de fois jusqu'à présent en 2017.

«La partie du processus sur laquelle nous n'avons pas de contrôle quand un colis va vers un bureau de poste, c'est le moment auquel les gens viennent le chercher», expose M. Hamilton.

Si 80% des colis sont récupérés en l'espace de trois jours, 20% d'entre eux vont demeurer, précise-t-il

«Et à cette période de l'année, quand de plus en plus de colis arrivent chaque jour avec le commerce en ligne, ça peut s'accumuler», expose-t-il.

Il raconte que le rabais récemment offert sur un autocuiseu­r électrique a semé la pagaille dans le réseau du service postal, en raison de la taille de ces «cocottes-minute».

«Nous étions pleins à craquer d'Instant Pots», illustre-til.

Le président de l'Associatio­n des consommate­urs du Canada, Bruce Cran, dit pour sa part ne pas s'étonner des défaillanc­es dans le processus de livraison puisqu'il voit le commerce en ligne comme un phénomène encore relativeme­nt nouveau.

«Je n'ai pas l'impression que (les nombres de vols de colis) soient près d'atteindre une ampleur suffisante pour nous prévenir d'utiliser ces services, avance-t-il. On aime pouvoir commander quelque chose jeudi soir et peut-être le recevoir vendredi matin.»

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