Acadie Nouvelle

Richard Wagner sera le prochain juge en chef

- Mélanie Marquis La Presse canadienne

Le plus haut tribunal au pays sera dirigé par un juge du Québec. À la grande satisfacti­on du gouverneme­nt québécois, Justin Trudeau a arrêté son choix sur Richard Wagner pour le poste de juge en chef de la Cour suprême du Canada.

«C'est un honneur de nommer l'honorable Richard Wagner», a déclaré dans un communiqué le premier ministre, disant sa «confiance absolue en sa capacité de diriger» une «institutio­n respectée qui perpétue une longue tradition d'indépendan­ce judiciaire et d'excellence».

La ministre fédérale de la Justice, Jody Wilson-Raybould, s'est réjouie en point de presse de la sélection de ce juriste «connu pour sa collégiali­té, pour sa capacité à s'entendre avec les gens», ce qui est «particuliè­rement important quand on parle du plus haut tribunal au pays».

Elle s'est dite convaincue que le juge âgé de 60 ans, qui pourrait être aux commandes de la Cour suprême pour une quinzaine d'années, saurait remplir «les énormes chaussures» de sa prédécesse­ure, Beverley McLaclhin, mais qu'il saurait «tracer son propre chemin».

La ministre n'a pas voulu spécifier à quel point l'enjeu de l'alternance entre un juge issu de la common law et un juge issu du droit civil avait penché dans la balance. Elle a simplement dit que c'était «certaineme­nt quelque chose que le premier ministre (avait) pris en considérat­ion».

À ses côtés, le député Marc Miller ne s'est pas non plus étendu sur la question de la «soidisant alternance» et argué que Justin Trudeau avait opté pour la «tradition d'excellence» en misant sur le magistrat québécois, à qui le premier ministre a appris la nouvelle lundi soir au téléphone.

Il a refusé de dire si des pressions avaient été exercées par la députation québécoise au caucus. Plusieurs députés du Québec, dont M. Miller, avaient fait valoir la semaine dernière que l'alternance n'était pas contraigna­nte, et qu'auparavant, c'était l'ancienneté qui primait.

En revanche, deux ministres québécois, François-Philippe Champagne et Mélanie Joly, disaient souhaiter que leur chef désigne l'un des trois magistrats du Québec. D'autres députés étaient dans le même camp, dont Denis Paradis, qui s'est montré très heureux du choix de Justin Trudeau.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, à une exception près, le siège a été confié en alternance à des juges du Québec, issus de la tradition du droit civil, et des juges d'autres provinces, issus de la tradition de la common law.

QUÉBEC RAVI

La nomination de Richard Wagner a très vite été saluée par le gouverneme­nt du Québec qui avait, tout comme le Barreau du Québec, exhorté le premier ministre canadien à nommer l'un des trois magistrats de la province.

«Comme vous savez, le droit civil, c'est une des façons par laquelle le Québec se distingue au Canada, donc on accueille favorablem­ent cette nomination-là, bien sûr», a réagi le premier ministre Philippe Couillard depuis Toronto.

Sa ministre de la Justice a abondé dans le même sens. «C'est une excellente nomination. Je suis très heureuse de voir le juge Wagner accéder au titre de juge en chef. C'est un très beau message quant au respect de la tradition civiliste du Québec», a souligné Stéphanie Vallée.

Elle s'est félicitée que les représenta­tions du gouverneme­nt québécois aient porté leurs fruits et mené à la sélection de ce juriste qu'elle a décrit à La Presse canadienne comme un homme d'une «grande profondeur» qui «comprend bien la réalité de la société québécoise».

Le Barreau du Québec, qui avait aussi exhorté le premier ministre à respecter la coutume d'alternance, a aussi exprimé sa satisfacti­on. Sur Twitter, le bâtonnier Paul-Mathieu Grondin a applaudi mardi la désignatio­n de ce «juriste d'une grande compétence» issu du droit civil.

FÉLICITATI­ONS DE MCLACHLIN

Celle dont le départ à la retraite a offert l'occasion à Justin Trudeau de devenir le premier premier ministre depuis Jean Chrétien à nommer un juge en chef a salué la sélection de ce «brillant juriste» d'une «grande intégrité».

«Je félicite le juge Wagner pour sa nomination à ce poste important, à la fois exigeant et stimulant. Je suis convaincue qu'il dirigera la Cour avec sagesse et compétence», a déclaré le juge en chef sortante Beverley McLachlin dans un communiqué transmis par la Cour.

La magistrate britanno-colombienn­e accrochera sa toge vendredi, après avoir passé près de 18 ans aux commandes du plus haut tribunal au pays – un record que ne peut aspirer à fracasser son successeur, l'âge de la retraite obligatoir­e étant fixé à 75 ans.

Le juge Richard Wagner reprendra officielle­ment le flambeau vendredi. Il sera assermenté lundi par la gouverneur­e générale Julie Payette lors d'une cérémonie qui se tiendra à Rideau Hall.

La ministre Wilson-Raybould s'est dite convaincue que le magistrat nommé par Stephen Harper saurait conduire aussi habilement les destinées de la Cour suprême que sa prédécesse­ure, qui laisse cependant «de grosses chaussures à remplir».

Né à Montréal le 2 avril 1957, Richard Wagner a fait ses études de droit à l'Université d'Ottawa. Avant d'accéder au banc du plus haut tribunal au pays, en octobre 2012, il avait été juge à la Cour supérieure du Québec et à la Cour d'appel du Québec.

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Richard Wagner, en 2015. − La Presse canadienne: Adrian Wyld

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