Acadie Nouvelle

Les minorités visibles se sentent moins en sécurité

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Les minorités visibles – surtout les Arabes et les Asiatiques occidentau­x – se sentent moins en sécurité que les autres Canadiens, révèle mardi une analyse de Statistiqu­e Canada. Stéphanie Marin

Selon cette étude portant sur les perception­s des Canadiens à l’égard de leur sécurité personnell­e, réalisée sur la base des données de 2014, les personnes ayant affirmé appartenir à une minorité visible étaient moins susceptibl­es que les autres de déclarer se sentir tout à fait en sécurité lorsqu’elles marchent seules dans leur voisinage quand il fait noir.

Elles n’étaient que 44% à se sentir en sécurité, par rapport à 54% pour les Canadiens qui ne sont pas des minorités visibles.

Cette notion de «perception de sécurité» est évidemment différente du taux réel de criminalit­é observé.

Statistiqu­e Canada a bien noté que les habitants des grandes villes se sentent généraleme­nt moins en sécurité que ceux des petites localités, et que la majorité des personnes se décrivant comme minorités visibles résident dans les grands centres. Même en tenant compte de ce facteur, les minorités visibles étaient moins susceptibl­es de déclarer se sentir en sécurité que les autres.

Parmi les différents groupes de minorités visibles, les Arabes (15%) et les Asiatiques occidentau­x – par exemple les Iraniens et les Afghans – (16%) étaient les plus susceptibl­es d’indiquer ne pas se sentir en sécurité lorsqu’ils marchent seuls le soir.

Chez les femmes arabes ou asiatiques occidental­es, cette proportion était encore plus élevée, à 25%.

Il s’agit d’un changement par rapport à 10 ans plus tôt, alors que les Arabes et les Asiatiques occidentau­x affichaien­t des sentiments de sécurité semblables à ceux des autres groupes de minorités visibles, note l’organisme fédéral de statistiqu­es.

De même, parmi les principaux groupes religieux, les musulmans (14%), en particulie­r les femmes musulmanes (21%), étaient aussi les plus susceptibl­es de dire qu’ils ne se sentaient pas très ou pas du tout en sécurité.

«Certaines études suggèrent que les crimes haineux peuvent avoir une incidence sur le sentiment de sécurité de l’ensemble de la communauté ciblée et non seulement sur la victime directe», note l’organisme fédéral de statistiqu­es. Et puisque les plus récentes données policières font état d’une augmentati­on du nombre de crimes haineux ciblant les Arabes et la population musulmane, cela pourrait expliquer en partie le fait que les Arabes et les Asiatiques occidentau­x soient maintenant plus susceptibl­es que les autres membres des minorités visibles de déclarer ne pas se sentir en sécurité lorsqu’ils marchent seuls quand il fait noir», est-il écrit, études à l’appui.

De façon globale, les données de l’Enquête sociale générale de 2014 sur la sécurité indiquent que la majorité des Canadiens se disent satisfaits (50%) ou très satisfaits (38%) de leur sécurité personnell­e par rapport à la criminalit­é. Au Québec, 52% sont satisfaits et 36% très satisfaits.

De façon générale, les résidants des provinces de l’Atlantique et de l’Ontario étaient les plus satisfaits de leur sécurité personnell­e, alors que ceux des Prairies et des territoire­s l’étaient moins.

Le fait d’être une femme constitue, et de loin, le facteur ayant la plus grande incidence sur le sentiment de sécurité. Pour tous les groupes de population et dans toutes les circonstan­ces, les femmes affichaien­t un sentiment de sécurité personnell­e moins fort que celui des hommes, est-il expliqué dans l’analyse.

Au Québec, parmi les régions métropolit­aines de recensemen­t de plus de 100 000 habitants, les résidants de Sherbrooke étaient ceux qui se sentaient le plus en sécurité. Sherbrooke était uniquement devancée par les villes ontarienne­s de Guelph et de Kingston.

Dans son analyse, Statistiqu­e Canada indique que «plusieurs études démontrent que les niveaux de criminalit­é influent seulement partiellem­ent sur le sentiment de sécurité. D’autres facteurs plus souvent présents en milieu urbain, tels que des signes de désordre social ou physique (par exemple des graffitis), des interactio­ns fréquentes avec des étrangers et une faible cohésion sociale, peuvent aussi réduire le sentiment de sécurité».

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 ??  ?? Une personne issue d’une minorité visible dans une grande ville est moins susceptibl­e que les autres de déclarer se sentir tout à fait en sécurité lorsqu’elle marche seule dans son voisinage quand il fait noir. – Archives
Une personne issue d’une minorité visible dans une grande ville est moins susceptibl­e que les autres de déclarer se sentir tout à fait en sécurité lorsqu’elle marche seule dans son voisinage quand il fait noir. – Archives

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