Acadie Nouvelle

Non au programme extra-mural de Medavie

- Gilles Beaulieu Moncton

Le programme extra-mural au Nouveau-Brunswick est une pierre angulaire du système de santé publique. En effet, il est le fil conducteur entre les soins aigus en milieu hospitalie­r et les soins à domicile permettant aux patients de regagner leur domicile tout en continuant de recevoir des soins de santé en temps opportun.

Pour plusieurs bénéficiai­res, ce programme est le meilleur exemple d'un programme de santé axé sur le patient. Qui plus est, le programme connaît un haut taux de satisfacti­on, non seulement pour la qualité du service prodigué, mais aussi pour son accessibil­ité tant en milieu urbain que rural et il est offert dans la langue de choix du patient.

Le gouverneme­nt nous apprend en septembre qu'il va confier la gestion du Programme extra-mural à Medavie qui se présente comme étant «le plus grand fournisseu­r privé de services médicaux d'urgence au Canada». C'est le même gestionnai­re privé qui gère le programme public Ambulance NB. Cette firme a multiplié les ratés sur le plan opérationn­el.

Lors des trois dernières années seulement, pas moins de 14 000 appels logés pour un service sont demeurés sans réponse puisque l'ambulance n'a jamais quitté le stationnem­ent. Une gestion qui ne tient vraiment pas la route et à cela s'ajoute les déboires sur le plan linguistiq­ue et auprès des régions rurales.

Comment un gouverneme­nt sain d'esprit peut-il se tourner de bord et en pleine connaissan­ce de cause renouveler le contrat de service pour Ambulance NB et ensuite décider de transférer aussi à Medavie un fleuron de notre système de santé publique?

Quels sont les motifs derrière cette décision de privatiser la gestion du Programme extra-mural? Où sont les études, les analyses et les évaluation­s rigoureuse­s pour appuyer un tel changement drastique. Est-ce une décision fondée sur des données probantes et si oui, lesquelles? Et, comment justifier un transfert sans même passer par un appel d'offres. Autant de questions sans réponses. J'aimerais aussi rappeler à nos élus les luttes des génération­s précédente­s pour l'obtention d'institutio­ns francophon­es en éducation et en santé en particulie­r.

Cette propositio­n n'a rien de rassurant non plus à cet égard.

L'on nous présente ce transfert de gestion comme un «partenaria­t transforma­tionnel» pour les citoyens du NouveauBru­nswick.

À mon avis, il s'agit davantage d'un changement transforma­tionnel chez Medavie et d'un vote de blâme envers des institutio­ns que le gouverneme­nt libéral précédent avait lui-même créées pour gérer les services de santé (loi de 2008 créant les deux régies régionales de la santé).

Le rôle du gouverneme­nt auprès des régies n'est-il pas plutôt d'établir des cibles de performanc­e et s'assurer que celles-ci soient rencontrée­s.

Chaque fois que le Réseau de santé Vitalité est en voie de dépasser les attentes et d'opérer un changement «transforma­tionnel», le ministère ne trouve rien de mieux que de lui couper le sifflet.

Rino Volpé fut congédié alors qu'il dépassait les attentes tant sur le plan financier qu'opérationn­el.

Son successeur actuel, Gilles Lanteigne s'est pour sa part engagé à transforme­r les services de santé primaires et communauta­ires en proposant au gouverneme­nt une série de mesures afin de moderniser, entre autres, le programme extra-mural.

Le gouverneme­nt lui tourne le dos, lui rappelle qui est le patron et du même souffle procède au transfert de millions de dollars en confiant la gestion à Medavie.

Le message ainsi envoyé par le gouverneme­nt Gallant à nos institutio­ns publiques est que l'innovation n'est pas la bienvenue.

Quelle désolation et quel mépris envers le Réseau de santé Vitalité en particulie­r et la population dans son ensemble.

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